Dialogue : Tshisekedi tourne le dos à Kabila

Mercredi 2 décembre 2015 - 13:17

Les dernières déclarations de Félix Tshisekedi, enterrent les espoirs de voir l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) participer aux discussions politiques convoquées par le chef de l’Etat. Il faudra donc à Kabila ou à Tshisekedi de faire des concessions sur leurs préalables pour espérer revoir la première force politique de l’opposition dans le navire.

 

« Là où on l’attendait, il [Kabila] n’a rien dit sur son sort. Nous savons qu’en 2016, il y a une alternance qui doit se faire conformément à la Constitution. Plus grave, il prend une dérive dangereuse en parlant d’un mode de scrutin qu’il faut refaire ou en invoquant de manière subtile le recensement. Nous disons non à tout cela », a déclaré Feux Tshisekedi, secrétaire national de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) chargé des relations extérieures devant la presse à l’aéroport de N’djili le 30 novembre. Tshisekedi fils rentrait au pays après quatre jours passés au Luanda, capitale angolaise, où il a représenté le parti à une rencontre du Conseil de l’International socialiste.

 

Dans son adresse à la nation, le 28 novembre, le président de la République avait fait mention de quelques points qui constitueront l’ordre du jour de ce dialogue. Il s’agit notamment de la possibilité d’envisager, un mode de scrutin peu couteux, du recensement des Congolais vivant à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. En outre, le vœu de l’UDPS sur la médiation internationale n’a pas été exaucé, le chef de l’Etat préférant parler d’une mission de bons offices en cas de divergence, majeure lors du dialogue. Si dans son ordonnance convoquant le dialogue rendu public le 30 novembre sur les antennes de la télévision nationale (RTNC), Joseph Kabila a évoqué, en introduction, l’Accord-cadre d’Addis-Abeba et la Résolution 2098 des Nations-Unies (documents internationaux qui justifie la tenue du dialogue, selon l’UDPS), il a toutefois rejeté une médiation internationale et a confirmé une médiation congolo-congolaise composée de l’Opposition et de la Majorité.

 

Avec cela, le parti d’Etienne Tshisekedi s ‘est senti, floué d’autant plus que rien, qui soit contenu dans sa feuille de route pour le dialogue, n’a été retenu comme ordre du jour du dialogue. Réagissant hier, 1er décembre, sur Radio Okapi, Félix Tshisekedi est allé encore plus loin en déclarant que «l’UDPS ne participera pas au dialogue politique “made in Kabila” ».

Pour lui et son parti, Kabila fait partie du problème t ne peut donc pas convoquer le dialogue. Une initiative qui, selon lui, revient au secrétaire général des Nations unies. Il accuse Joseph Kabila, de vouloir organiser un dialogue à sa manière et de tenter de modifier le système électoral.

« Il fallait laisser à la communauté internationale, au Secrétaire général de l’ONU de designer un facilitateur », a déclaré le fils du Sphinx. Et d’ajouter : « L’UDPS participera au dialogue qui ne se placera sous l’égide de la communauté internationale, donc un dialogue à la sauce Kabila ne nous intéresse pas.»

« Et il [Joseph Kabila] le sait très bien déjà, parce que nous avons eu deux rounds des pré-discussions avant le dialogue. Donc, il sait très bien que ce dialogue doit se tenir de manière concertée. Il faut que nous nous entendions à la fois sur la date, le lieu et les thèmes, etc. Or, nous voyons qu’il est en train de diriger tout seul les choses, en essayant d’imposer sa vision. Et ça nous disons non », a tranché ce cadre du parti.

 

Cette marche arrière de l’UDPS est un coup dur pour le pouvoir en place qui, face au boycott d’autres grands partis de l’opposition membres de la Dynamique et du G7, comptait énormément sur la présence du parti d’Etienne Tshisekedi pour légitimer ce dialogue. Maintenant, la grande équation reste à savoir si qui, entre Kabila et Tshisekedi, mettra de l’eau dans le vin.

 

Par Ktz