Ladislas Ntaganzwa, recherché par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) pour génocide, a été remis dimanche 20 mars matin par le gouvernement congolais, au Comité de suivi des tribunaux pénaux internationaux des Nations unies. D’après le porte-parole du Gouvernement, Lambert Mende, il appartient à présent à cette instance de le juger dans un lieu où elle jugera nécessaire. En décidant d’extrader ce présumé génocidaire, selon lui, la RDC répond au mandat lancé contre lui par le Conseil de sécurité et remplit en même temps ses engagements en tant que membre de l’Onu.
«Ladislas Ntaganzwa a été remis ce matin par le gouvernement congolais au mécanisme de la justice internationale, mis en œuvre par le Conseil de sécurité [de l’Onu], qui a envoyé un mandat à la République démocratique du Congo…», a confirmé Lambert Mende à Radio Okapi.
M. Ntaganzwa a embarqué à Kinshasa dans un avion onusien pour une destination non divulguée. Il appartient à ce mécanisme onusien de déterminer sa destination.
«La suite, c’est que le mécanisme d’Arusha va le juger là où il estime nécessaire: ça peut être à Arusha, ça peut être ailleurs. Pour nous, nous avons exécuté le mandat du Conseil de sécurité des Nations unies», a poursuivi M. Mende.
Ladislas Ntaganzwa avait été arrêté en RDC par ses propres compagnons d’armes jeudi 3 décembre 2015 à Kiyeye, une localité située à 10 km à l’ouest de Nyanzale à Rutshuru. Il avait ensuite été transféré le 11 décembre 2015 à Kinshasa, via la ville de Goma.
Dès l’annonce de son arrestation, le procureur du TPIR avait demandé son transfèrement sans délai à Kigali alors que Kinshasa voulait à tout prix l’entendre.
Agé de 53 ans aujourd'hui, Ladislas Ntaganzwa est poursuivi, entre autres, pour « génocide et crime contre l'humanité ». Il est accusé d'avoir incité et participé aux massacres de milliers de civils tutsis, mais aussi d'avoir organisé des viols de femmes tutsies.
L'acte d'accusation du TPIR précise que le suspect a participé de fin 1990 jusqu'à juillet 1994 à l'élaboration et à la mise en œuvre, au niveau communal, d'un plan d'extermination de la population tutsie.
Ce plan comportait, entre autres, le recours à la violence ethnique, l'entraînement et la distribution d'armes aux miliciens ainsi qu'à la constitution de listes de personnes à assassiner. Il serait notamment à l'origine de l'attaque d'une église à Cyahinda où des Tutsis s'étaient réfugiés.