H.T. Lokondo : « La condamnation de J.P Bemba discrédite la CPI »

Jeudi 23 juin 2016 - 11:03

Elu du grand Equateur, province d’origine de Jean-Pierre Bemba, le député Henri-Thomas Lokondo se dit troublé et découragé par la condamnation du président du Mouvement de libération du Congo (MLC).

 

Henri-Thomas Lokondo estime que la condamnation est excessive. «…La CPI a, pendant huit ans de procédure, eu des difficultés pour confirmer le principe de la responsabilité du commandant pour avoir refusé, comme je ne cesse de le dire, d’entendre l’ancien président Patassé, responsable institutionnel centrafricain de l’époque qui était prêt à disculper Bemba. Luis Moreno Ocampo, lui, avait systématiquement considéré Jean-Pierre Bemba comme un trophée judiciaire fixe. La condamnation était déjà programmée pour donner l’exemple, mais quel exemple? Un exemple de la honte qui discrédite totalement cette Cour », a déclaré l’élu de Mbandaka.

 

Ce représentant du peuple considère que, même s’il faut admettre ce principe de la responsabilité du commandant, des questionnements majeurs se posent. Le député Lokondo les soulève en ces termes : « Le commandant était où ? En tout cas, pas sur, le théâtre des opérations. Il était avec nous en Afrique du Sud pour les accords de Sun City. Comment alors con ciller les ordres qu’il aurait donnés avec les instructions opérationnelles des commandants de l’armée de Patasse qui n‘ont jamais été entendus?»

A son avis, ce questionnement central aurait dû faire bénéficier à Jean-Pierre Bemba des circonstances atténuantes considérables.

 

Pour rappel, 18 ans de prison contre Jean-Pierre Bemba, le verdict est tombé depuis mardi 21 juin à la Cour pénale internationale (CPI). C’est pour dire que le sénateur congolais passera encore dix ans sous les verrous. Déduction faite aux huit ans déjà passés en détention à la Haye. C’est le résultat de l’arrêt rendu en première instance de la CPI.

 

Jean-Pierre Bemba a été condamné pour les crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis par ses troupes entre 2002 et 2003 en terre centrafricaine.

Cette décision ne sera définitive qu’à l’issue de l’appel que sa défense a déjà annoncé.

Bemba est ainsi reconnu coupable de meurtres, viols et pillages en tant que chef militaire exerçant l’autorité et le contrôle sur ceux qui ont commis ces crimes.

 

Environ 1 500 hommes du Mouvement de Libération du Congo, ex-rébellion dirigée par Jean-Pierre Bemba, se sont rendus en Centrafrique entre 2002 et 2003 pour soutenir le président Ange-Félix Patasse contre une tentative de coup d’Etat mené par le général François Bozize.

Ces soldats vont commettre, par la suite, des tueries, pillages et viols. Le procureur de la CPI avait requis 25 ans de prison minimum tenant compte de la gravité des crimes.

Par Pitshou MULUMBA

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