Les FARDC (Forces Armées de la République Démocratique du Congo) vont poursuivre, sans le soutien de la Monusco (Mission des Nations Unies pour la Stabilisation du Congo), les opérations de désarmement forcé des FDLR (Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda), déclenchées le jeudi 29 janvier 2015. Kinshasa renonce, officiellement, à tout appui militaire ou logistique des troupes onusiennes. C’est ce qu’a fait savoir hier le Chef de l’Etat congolais, Joseph Kabila, aux membres du corps diplomatique qu’il a réunis à cet effet.
Selon son porte-parole, Lambert Mende Omalanga, le gouvernement congolais ignore le contenu des dossiers des généraux Bruno Mandevu et Fall Sikabwe, qu’un rapport des Nations Unies accuse de violations des droits de l’homme. Il a indiqué que dans son message aux diplomates, le Président de la République a insisté sur le fait que la RDC est un Etat souverain qui n’est sous tutelle ni de l’Onu, ni d’un quelconque Etat. Par conséquent, le positionnement des officiers supérieurs dans la chaîne de commandement de l’armée nationale relève de la compétence exclusive des autorités congolaises.
A en croire le ministre de la Communication et Médias, Joseph Kabila a également déploré le non respect, par certains diplomates accrédités à Kinshasa, du devoir de respect à l’égard des institutions congolaises et de réserve dans la gestion des problèmes internes congolais.
Bref, les forces gouvernementales vont mener, sans concours extérieur, les opérations de traque des combattants des FDLR réduits, selon Mende, à environ un millier grâce aux actions antérieures de ratissage des FARDC, alors qu’ils étaient plusieurs milliers il y a quelques années.
Mais, avant que le Chef de l’Etat congolais ne communique aux missions diplomatiques la décision des officiels congolais de renoncer à la participation de la Monusco à la traque des FDLR, en appui aux FARDC, un responsable onusien s’exprimant sous le sceau de l’anonymat le samedi 14 février 2015 avait révélé que l’ONU avait décidé de mettre fin à tout soutien à l’armée congolaise dans son programme de désarmement forcé des rebelles Hutu rwandais dans la partie Est du pays.
Le motif invoqué était le non respect, par le gouvernement congolais, de l’ultimatum de deux semaines lui lancé (2 -13 février) en vue du retrait du front des généraux Bruno Mandevu et Fall Sikabwe, présumés coupables de violations des droits de l’homme. A cet, des lettres allaient être adressées, par voie diplomatique, aux autorités congolaises en vue de les informer officiellement. C’est le lieu de souligner qu’avant d’en arriver là, le Représentant Spécial du Secrétaire général de la Monusco, Martin Köbler, avait déjà fait savoir que les Casques bleus ne participeraient pas, aux côtés des FARDC, à la chasse des FDLR tant que des officiers supérieurs impliqués dans des violations des droits de l’homme seraient présents dans les rouages du commandement.
Concrètement, les troupes congolaises ne pourraient compter ni sur les hélicoptères de combat de la Monusco, ni sur les drones, ni sur les rations et le ravitaillement en carburant sur la ligne de front du Nord-Kivu. Quel va être la suite du feuilleton des FDLR dans l’Est du pays sans les Casques Bleus de l’ONU, les soldats de la Brigade internationale et leur « logistique » ? L’armée congolaise, que des sources onusiennes accusent de n’avoir lancé jusqu’ici aucune attaque contre les rebelles Hutu rwandais, est-elle suffisamment outillée pour mener seule le travail de neutralisation de cette force négative ? L’avenir immédiat ne va pas manquer de fixer les esprits. Kimp