L’Afrique appelée à combattre la pauvreté et les inégalités

Mardi 3 novembre 2015 - 06:07

Léon Kengo wa Dondo qui a représenté le chef de l’Etat, a déclaré que malgré des faiblesses persistantes, la RDC a enregistré des progrès notables les 10 dernières années

Le président du Sénat, l’honorable Léon Kengo wa Dondo a ouvert hier lundi 2 novembre à la cité de l’Union africaine de Kinshasa, les travaux de la 10ème (dixième) édition de la Conférence économique africaine. 

La cérémonie très haute en couleurs, s’est déroulée en présence du directeur du bureau régional du PNUD pour l’Afrique, Abdoulaye Mar Dieye, du vice-président de la BAD, du secrétaire général adjoint des Nations unies, le Dr. Carlos Lopez, des délégués de 54 pays d’Afrique, des experts internationaux venus et chercheurs de différents continents, du Premier ministre de la RDC Matata Ponyo, de ses ministres, des députés et autres hautes personnalités du pays.

 » Lutter contre la pauvreté et les inégalités dans le Programme de développement pour l’après 2015  » : Tel est le thème central, retenu pour ces travaux qui vont se poursuivre jusqu’au 4 novembre. C’est pour la toute première fois que ces assises se tiennent à Kinshasa alors que la conférence était à sa dixième édition depuis que l’Onu l’a institutionnalisé il y a un peu plus de 15 ans. Mais selon les organisateurs, si la République démocratique du Congo a été choisie, c’est à la suite des performances que son gouvernement a réalisées ces 10 dernières années, avec un taux de croissance légèrement supérieur à la moyenne africaine et même mondiale.

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Dans un discours qu’il a prononcé à cette occasion, le secrétaire général adjoint de l’Onu le Dr Carlos Lopez a fait savoir, l’extrême nécessité qu’il y a pour l’Afrique de quitter la pauvreté et d’entrer dans la prospérité : C’est le plus grand défi que les dirigeants politiques des Etats africains se doivent de relever. Pour lui, 2/3 des africains se retrouvent pauvres. Et les femmes sont les plus vulnérables et victimes des inégalités. 60 % des chômeurs sont des jeunes alors qu’elle forme la tranche d’âge majoritaire sur le continent. Il a appelé les africains de s’appliquer à combattre la pauvreté et les inégalités. On a beau clamer l’augmentation  du taux de croissance par les gouvernements du continent, mais l’Afrique précisera-t-il, a un taux de croissance sans qualité.

L’orateur a néanmoins reconnu les quelques progrès accomplis par les dirigeants africains avec notamment, la réduction des écarts entre filles et garçons dans la scolarisation, le progrès noté de la représentation de la femme dans les instances décisionnelles, la lutte accrue contre le paludisme et le VIH/Sida…

Pour ce qui est des inégalités, il a fait observer que la région de l’Afrique australe était la région la plus frappée par les inégalités. Les plus flagrants sont notés dans les revenus des citoyens ou des tous ceux qui travaillent où généralement la rétribution salariale est souvent largement en deçà des efforts réalisés ou du travail produit.

La propriété des terres conditionne la prospérité

Parmi les maux dont souffre la majeure partie des Africains figure sans nul doute la faim et l’insuffisance alimentaire. La population n’a aucune marge de sécurité alimentaire. La seule condition pour aider les Africains à gagner la bataille de l’autosuffisance alimentaire, c’est l’agriculture. Tant qu’on n’arrivera pas à mécaniser l’agriculture, à l’industrialiser par la transformation notamment des produits bruts, l’on ne peut espérer un lendemain prometteur pour des Africains.

Or ne peut parler agriculture sans penser à la terre. Qui détiennent le gros de terres en Afrique ? C’est une infime minorité qui détienne de grands espaces de terres. Pour M. Abdoulaye Mar Dieye, directeur du bureau régional du PNUD pour l’Afrique, la  propriété de la terre est le fait qui conditionne la prospérité. Tant que la terre ne sera pas correctement redistribuée et le faire bénéficier aux paysans qui cultivent les champs élèvent des bêtes  comme les femmes, il sera difficile de vaincre la pauvreté et réduire les inégalités.

Pour lui en effet, quand on parle des inégalités, c’est d’abord à raison des régions et des zones exclues. Les inégalités, c’est surtout horizontal. Et très souvent et c’est courant dans des pays africains, ces entités périphériques, ne sont pas du tout servis comme les lois et la logique les recommandent.

Toutes les recettes récoltées sur l’ensemble du pays, sont dépensées dans la capitale. Situation qui frustre et heurte le moral des paysans qui se sentent abandonnés. Ce qui fait que les mécontentements, les guerres, les actes de barbarie viennent des provinces, des coins défavorisés, des milieus reculés. C’est également dans ces milieux où sévissent la pauvreté, la déscolarisation, la malnutrition, l’accès difficile aux soins de santé…

C’est ainsi que pour avoir la croissance, l’on doit devoir éviter d’abord ces discriminations des milieux ruraux, et ensemble opérer des investissements. Donner à la femme des propriétés foncières.

Pour le Premier ministre Matata Ponyo, qui a co-animé un point de presse avec les responsables du PNUD et de la BAD, il nous faut, dira-t-il, changer la façon de gouverner. Il faut activer le développement avec l’énergie qui passe par la construction des Centrales hydroélectriques et autres. Car sans énergie, il est impossible de cheminer vers l’industrialisation. C’est autour de tous ces projets que le gouvernement congolais travaille. Il pense qu’il est important que les secteurs porteurs de croissance puissent bénéficier des soutiens nécessaires.

Le président du Sénat, Léon Kengo wa Dondo a, pour sa part, noté que l’Afrique a enregistré les 15 dernières années, un taux de croissance significative, cas de la RDC qui a connu un taux de croissance de 7 à 8 %. Il a cependant attiré l’attention des participants pour leur faire voir qu’il ne suffisait pas d’avoir une croissance pour prétendre bien répartir les richesses. C’est l’un des grands sujets qui feront l’objet des échanges pendant les 3 jours des travaux.

Pour lui, les inégalités sont encore plus fortes en Afrique. Les présentes assises nous offrent dit-il, l’opportunité d’enrichir les idées sur ce sujet fort préoccupant. A côté de ce problème, l’Afrique est appelée à combler le déficit énergétique, à faire accéder un plus grand nombre à l’eau potable, aux soins de santé, à l’éducation, à l’emploi, bref au bien-être.

Jean-Pierre Seke