La République démocratique du Congo (RDC), qui « espère » une production d’or industriel d’environ 20 tonnes en 2014, cherche « comment la production artisanale de l’or peut être orientée vers les circuits officiels et contribuer à accroître les recettes de l’Etat ».
« La RDC est un pays qui regorge d’immenses ressources naturelles qui font d’elles un scandale à la fois minier, hydrologique et forestier. On y trouve pratiquement tous les minerais (y compris le diamant, l’or, le cuivre, le cobalt, la cassitérite, l’étain et le coltan), le bois et le pétrole. Elle détiendrait 10% des réserves mondiales connues d’or », ont réaffirmé mardi 28 octobre 2014 à Kinshasa les participants à la conférence sur « la problématique de l’exploitation de l’or et la certification de la CIRGL en RDC ».
Un énorme défi à relever
Organisée conjointement par le ministère congolais des Mines, la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), la coopération allemande (GIZ), l’Union européenne et SARW, cette conférence examine les questions fondamentales liées à « l’exploitation de l’or en RDC : défis et opportunités », au « trafic illégal de l’or congolais et ses conséquences sur la stabilité et l’économie de la RDC » et à la « certification de l’or artisanal pour un commerce licite en RDC ».
« Le gouvernement congolais doit avoir une politique de gestion claire des mines du pays », se sont accordé les participants en préliminaire.
En effet, ont-ils reconnu, « le mystère continue à demeurer dans la maîtrise des statistiques de la production artisanale de l’or, principalement dans l’Est de la RDC où l’exploitation artisanale connaît un trafic illégal pour lequel le pays ne tire pas de revenu ».
Il s’agit donc d’«un énorme défi à relever », dans la masure où «il est important que les activités d’exploitation et du commerce de l’or soient tracées et formalisées conformément au mécanisme mis en place par la CIRGL afin de mettre fin au trafic illicite des minerais et d’envisager des solutions efficaces pour la formalisation de l’artisanat minier ».
C’est dans cet objectif que les chefs d’Etat avaient adopté, au Sommet de Lusaka (Zambie) en 2010, six (6) outils parmi lesquels la « Certification ».
En effet, il a été constaté que, les grands gisements de l’or étant situés dans les provinces de l’Est de la RDC (Nord-Kivu, Maniema, Sud-Kivu , province Orientale), la plus grande production provient des exploitations artisanales, dont certaines « sont dans les concessions couvertes par des titres miniers ».
« Dans ces concessions, les coopératives des exploitants miniers négocient des accords avec le les détenteurs des titres. La production artisanale n’est pas contrôlée suffisamment et sa vente est illicite. Des réseaux de commerce illégal se prolongent dans le pays limitrophes, d’où l’or de la RDC est vendu à Kampala, à Juba, à Dubaï et en Inde », ont déploré les experts.
Il se remarque, cependant, que des entreprises minières ont repris depuis quelques années les opérations d’exploitation de grande envergure, en l’occurrence Kibali Gold en province Orientale et Banro au Sud-Kivu et au Maniema.
Les circuits maffieux pérennisent l’insécurité
Au cours de leurs échanges, les participants à la conférence sur « la problématique de l’exploitation de l’or et la Certification de la CIRGL en RDC », ont observé que « le commerce illégal de l’or alimente les circuits maffieux qui pérennisent l’insécurité dans l’Est de la RDC ».
Ainsi au Sud-Kivu, les mines d’or de Misisi dans le groupement de Ngandja (territoire de Fizi) sont convoités par des groupes armés qui contrôlent un trafic illégal de l’or à travers le lac Tanganyika.
Il en va de même en Ituri (province Orientale), où les différentes milices « ont une mainmise sur les circuits d’exploitation artisanale et de commerce de l’or », et du Nord-Kivu avec l’épopée de l’avion arrêté en janvier 2011 à Goma, avec à bord 400 kg d’or et 1,8 million USD.
Afin de mettre un terme au trafic illégal de l’or, la CIRGL a imposé une « traçabilité » de quatre (4) produits miniers dont l’exploitation maintient l’économie des guerres dans la région des Grands Lacs.
Il s’agit des 3T (coltan, cassitérite « dont la certification progresse depuis début 2014 » et wolframite ou tungstène) et de l’or.
Pour l’or produit par l’artisanat minier, tout est encore à faire. L’Effort est à mener en amont d’abord.
« Comment capturer l’or dès sa sortie de la mine ? Comment maîtriser le mouvement des trafiquants qui prennent les routes des frontières pour vendre illégalement dan s les pays limitrophes ? Comment certifier l’or des comptoirs quant on sait qu’il est produit dans des sites non certifiés ? ».
C’est à toutes ces interrogations que les participants à la conférence de Kinshasa cherchent à trouver des réponses.