Le pot-aux-roses, enfin découvert : Controverse autour des honoraires plantureux sur le Projet du Barrage Inga III !

Vendredi 7 novembre 2014 - 10:42

Le projet de construction hydroélectrique du barrage d’Inga III fait encore jaser. Désormais, plus rien ne va entre la Banque mondiale, la Banque africaine de développement (BAD), les autorités congolaises et les trois conseillers chargés de l’étude du projet. Washington se dit indigné des honoraires faramineux perçus par le cabinet d’avocats américain Orrick, la banque d’affaires Lazard et la société de conseil en ingénierie Tractebel.

Pour la période de 2011 à 2018, les trois conseillers chargés de l’étude dudit projet bénéficient en principe d’une fourchette de 18 millions à 24 millions de dollars. C’est dire, environ 1 million de dollars par société par an.

Cependant, en dépit de la complexité du dossier, la Banque mondiale estime disproportionnés les honoraires perçus par rapport à la pratique habituelle. Lors des dernières assemblées annuelles du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, la directrice générale, Sri Mulyani Indrawati, s’en est fait directement l’écho mi-octobre auprès du Premier ministre et du ministre des Finances congolais.

Il nous revient d’apprendre, par ailleurs, que l’institution bancaire américaine chercherait noise à ces trois conseillers chargés de l’étude dudit projet en vue de céder ce marché à d’autres conseillers. Le cabinet d’avocats américain Orrick – et notamment son patron Afrique, Pascal Agboyibor- serait dans le collimateur de cette institution bancaire internationale.
Aussi le rôle joué par ce cabinet d’avocats à côté de la Gécamines, dont la gestion des dossiers miniers a été régulièrement épinglée par les institutions de Bretton Woods, ne ferait qu’enfoncer le clou.

Pour rappel

L’Afrique est décidément le continent de tous les paradoxes. Près de six Africains sur dix n’ont toujours pas accès à l’électricité, alors que le potentiel hydroélectrique non exploité du continent est le plus important au monde. Celui-ci représente 12% du potentiel global, rapporte l’étude « L’énergie en Afrique à l’horizon 2050 », réalisée conjointement par l’Agence française de développement (AFD) et la Banque africaine de développement (BAD). Un potentiel essentiellement localisé en Afrique centrale. Dans la seule RD Congo, le fleuve éponyme pourrait produire 110.000MW, soit l’équivalent de la production moyenne de 100 réacteurs nucléaires.

Nil, Sénégal, Niger, Zambèze … Toutes les régions d’Afrique subsaharienne possèdent des ressources suffisantes pour développer des installations hydroélectriques. « Pourtant, en termes de production, le continent reste à la marge. Il ne produit qu’une part infime de l’énergie hydroélectrique mondiale et n’utilise que 5% de son important potentiel », selon l’étude.

Car, la perception du risque pour investir en Afrique reste encore déterminante. « Nos institutions, nos opérateurs de services publics ou nos gouvernements doivent faire en sorte de rassurer les investisseurs, explique Hubert Danso, vice-président et directeur général d’Africa Investor. Les tarifs de rachats doivent être prévisibles sur le long terme. « Pour attirer les investisseurs internationaux dans les services publics à la hauteur de ce qui se fait déjà pour les infrastructures privées, telles que les télécoms, « les gouvernements doivent s’engager à ne pas modifier ces éléments », poursuit-il.

Si les barrages représentent des investissements importants, ils « offrent une électricité moins chère que celle des centrales thermiques soumises ç l’augmentation du coût des énergies primaires », rappelle un responsable africain de la Société financière internationale (IFC). Ce spécialiste estime, par ailleurs, que si les bailleurs internationaux accueillent plus favorablement les projets de centrales hydroélectriques ces dernières années, « c’est aussi parce qu’ils se tiennent à l’écart des centrales au charbon sous la pression des ONG ».
LP

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