Six jeunes membres du mouvement citoyen Lutte pour le changement (Lucha) ont été condamnés mercredi par le Tribunal de grande instance de Goma (Nord-Kivu) à deux ans de servitude pénale pour «désobéissance à l’autorité».
Ces jeunes avaient été interpelés mardi 16 février à l’aube, jour décrété ville-morte par l’opposition congolaise et des organisations de la société civile, pour appeler le président Kabila à respecter la constitution dans ses dispositions portant sur les mandats présidentiels.
Le tribunal a par ailleurs jugé non fondé et rejeté le grief d’appartenance à une association de malfaiteurs. Ce jugement a été rendu après plus de deux heures de suspension de l’audience et sans que le tribunal ait pris connaissance des notes de plaidoirie des avocats, a constaté l’assistance à cette audience.
L’un des avocats de la défense, Georges Kapyamba, fait état de son intention d’interjeter l’appel :
«C’est une décision décevante, parce que ces six militants de Lucha ne méritaient même pas un seul jour en prison. Et les messages qui sont portés sur leur calicot n’ont rien avec l’incitation à la révolte, tel que le tribunal l’a retenu. Nous allons aller en appel contre cette décision et en appel nous espérons qu’ils pourront être finalement acquittés. »
Les condamnés avaient pourtant plaidé non coupable. Et malgré ce verdict, ils sont restés sereins.
A l’extérieur de la salle d’audience, des policiers armés de matraque et bombe lacrymogène étaient prêts à agir en cas de débordement. Mais la foule s’est dispersée dans le calme.
Dans la capitale, Kinshasa, deux autres activistes de la Lucha, Bienvenu Matumo et Marc Héritier Kapitene sont en détention après avoir été gardés au secret, a dénoncé mardi Human Rights Watch. Ils ont été portés disparus d’un hôtel de la commune de Bandal tôt dans la matinée du 16 février avant d’être transférés trois jours plus tard au parquet.
Avec Victor Tesongo, membre d’un parti de l’opposition, les deux activistes ont été placés sous mandat d’arrestation provisoire pour « incitation à la désobéissance civique, propagation de fausses nouvelles, et atteinte à la sureté intérieure de l’État ». Des accusations fallacieuses, selon Human Rights Watch qui estime que «les autorités congolaises semblent déterminées à réprimer la liberté d'expression et le droit de manifester pacifiquement».