Est de la RDC : les Maï-Maï ont toujours la peau dure

Mardi 23 septembre 2014 - 11:15

Au moment où toute la nation en communion avec la communauté internationale célébrait la journée internationale de la paix, certaines localités du pays continuent de vivre dans une insécurité manifestement entretenue. C’est en tout cas l’impression que l’on a en analysant les bruits de bottes récurrents à l’Est et au Sud du pays.

Pas plus tard que le milieu de la semaine dernière voire le dernier week-end, le sommeil des Congolais habitant certaines localités de la République a été troublée par des crépitements des armes ayant pour auteurs les célèbres Maï Maï qui ont semé la panique et la désolation sur leur passage. Tel est le cas au Sud-Kivu avec les Maï-Maï Raïa Mutomboki qui ont repris le contrôle de la localité de Tchombi située à 33 km de Shabunda-centre, une localité d’où ils avaient été délogés une semaine plus tôt par l’armée.

Mais comme dans un match de ping pong, aussitôt que l’armée s’était retirée da cette partie de la province, les éléments de Raïa Mutomboki se sont rapidement déployés pour récupérer ces positions. Leur arrivée a immédiatement entraîné le déplacement des populations qui redoutent constamment leur présence parce que synonyme d’affrontement futurs avec les forces armées congolaises. Non loin de là, la localité de Kazozola dans le territoire de Shabunda, s’est aussi vidée de sa population qui vit en brousse depuis cinq jours craignant elle aussi l’éventualité des affrontements entre l’armée et les éléments d’un autre seigneur de guerre du nom de Kimusi.

Au Nord de la province du Katanga, l’insécurité a également repris. Des nébuleux Maï-Maï sèment la terreur dans nombre de secteurs des territoires situés dans la partie Nord de la province. Dans le territoire de MalembaNkulu, des miliciens font de temps en temps des incursions dans les villages, causant des meurtres et plusieurs dégâts matériels au préjudice des habitants. La dernière incursion a eu lieu il y a à peine une semaine dans la localité de Kina. On signale que le chef de la police en poste dans cette localité a été tué avec sa femme par les miliciens qui ont également incendié des maisons.

Des attaques sont également signalées régulièrement dans le groupement de Kabungulu, en chefferie de Mulongo, à cause d’un conflit coutumier opposant le chef Kwete à un ancien milicien Mvuende. Des questions sans réponses Au regard de la recrudescence de l’insécurité dans l’Est du pays où elle a presqu’élu domicile, nombre de compatriotes commencent à s’interroger sur la capacité qu’ont les miliciens Maï-Maï à survivre à toutes les initiatives, prises tant par le gouvernement et par la Monusco, visant leur éradication.

L’opinion s’interroge : Comment, malgré toutes les annonces faites par le gouvernement que par la Monusco, on ne parvient toujours pas à neutraliser les miliciens Maï-Maï ? En effet, pour neutraliser militairement un groupe armé, cela implique de réunir au préalable un certain nombre de données ou renseignements stratégiques. Il s’agit notamment d’identifier la filière d’approvisionnement en armes du groupe, puis identifier les différents cerveaux qui le composent, et enfin identifier les sources de financement.

Lorsqu’on a clairement posé ces trois éléments de l’équation, on est en mesure d’y réserver des réponses appropriées. Ce ne sont pas à nos vaillants combattants dont la plupart détiennent des brevets obtenus dans des académies de renom et qui disposent d’une expérience avérée, qu’on peut apprendre une telle démarche.

Alors qu’est-ce qui fait que les Maï-Maï apparaissent aujourd’hui comme une véritable hydre dont la perte d’une tête ne peut en rien influencer sa survie ? Leur résistance à toutes les initiatives, suscite pas mal d’interrogations. Qui les alimente en armes et munitions ? Qui les finance ? De quelles complicités bénéficient-ils ? Toutes ces questions sont aussi pertinentes que curieuses, à voir la façon dont ces nébuleux continuent de défier tout le monde, exactement comme le font les autres mouvements soutenus par le Rwanda.

Agir avec fermeté

L’insécurité entretenue à l’Est et au Sud du pays poursuit, de l’avis des analystes, un seul objectif : «démontrez que la gestion de la RDC dans ces dimensions actuelles pose problème et que ce pays constitue ainsi une source d’insécurité non seulement pour lui-même mais aussi et surtout pour les autres pays de la sous-région. On retrouve là la célèbre rhétorique destinée à justifier l’éclatement de notre pays en micro-Etats. Pour mettre en échec cette stratégie funeste, il est urgent de prendre la question des groupes armés aussi bien nationaux qu’étrangers à bras le corps. Il faut le combattre avec énergie et surtout compté sur des hommes qui ne soient pas leurs complices. C’est cette bataille-là qui commence par la traque de la cinquième colonne qu’il faut mener vite et bien.