Le procès de quatre militants du mouvement citoyen Lucha accusés d'"incitation à la désobéissance" à Goma, dans l'est de la République démocratique du Congo, s'ouvrira le 20 mai, a-t-on appris samedi auprès d'un de leurs avocats.
"Ils vont passer en audience le 20 mai, ce sera la première audience de leur procès", a déclaré à l'AFP Me Eric Sadiki, un des avocats de Vincent Kasereka, Trésor Akili, Sylvain Mumbere et Gentil Mulume.
Arrêtés le 7 avril à Goma, les quatre jeunes ont été libérés sous caution le 29 avril. Ils sont accusés d'"incitation à la désobéissance envers l'autorité pour avoir demandé à la population" de participer à l'opération Filimbi (coup de sifflet, en swahili), notamment destinée à réclamer la libération d'activistes détenus à Kinshasa, selon Me Sadiki.
"Ce sera trop facile de les défendre parce qu'ils avaient informé l'autorité publique qu'ils allaient lancer cette opération, comme dit la Constitution. Et puis, le coup de sifflet, ce n'est pas une désobéissance", a souligné Me Sadiki.
La Lucha (Lutte pour le changement) se définit comme un "mouvement citoyen non-politique et non-violent" résolu à demander des comptes aux autorités.
Un de ses principaux militants, Fred Bauma, a été arrêté le 15 mars à Kinshasa lors d'une rencontre sur la bonne gouvernance et la démocratie en Afrique en présence de trois activistes sénégalais et un burkinabè, finalement expulsés par Kinshasa après avoir été accusés de préparer des "actes de violences".
Une trentaine de personnes au total avaient été arrêtées avec M. Bauma qui, après plus d'un mois et demi au secret à l'Agence nationale de renseignement, a été transféré mardi à la prison centrale de Kinshasa. Jeudi, la justice a décidé qu'il resterait 15 jours en détention provisoire.
Un autre activiste interpellé le 15 mars, Yves Makwambala, du mouvement Filimbi, a lui aussi été écroué à la prison centrale, tandis que plusieurs membres du collectif se cachent, d'après Lucha.
Les arrestations du 15 mars ont eu lieu dans un climat politique tendu. Le président Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001, ne peut se représenter lors de la présidentielle prévue en novembre 2016 mais l'opposition accuse son camp de vouloir le maintenir illégalement au pouvoir.
En janvier, de violentes manifestations ont éclaté, essentiellement à Kinshasa, pour dénoncer un projet de révision de la loi électorale qui aurait pu permettre au chef de l'État de rester en poste au-delà du terme de son mandat. Plusieurs dizaines de personnes avaient été tuées au cours de ces événements.