C’est le réveil d’un géant au Bas-Congo ? La SOCIR, Société congolaise des industries et de raffinage, se dote d’une usine de bitume à Moanda. Et, deux autres projets sont en pipeline, une usine de production de gaz industriels ainsi que la réhabilitation de sa raffinerie, après quasiment vingt ans d’inactivité. Mais la SOCIR évolue dans une nébulosité qui fait même douter de sa vraie appellation. Pour le COPIREP, c’est plutôt X-OIL.
La nouvelle usine de bitume, est-ce le fruit d’un partenariat? Une question orale (avec débat), dans l’une de deux Chambres, à la ministre du Portefeuille, Louise Munga permettra d’en avoir la précision. En outre, il y a une année lors du lancement de la connexion de la R-dC à la fibre optique présidée, le 8 juillet 2013, par le Chef de l’Etat, Joseph Kabila, à Muanda, les travailleurs de la SOCIR avaient manifesté leur intérêt plutôt pour le redémarrage des activités de raffinage et remercié d’ailleurs le Chef de l’Etat et le Premier ministre, Matata Ponyo, pour «leur détermination dans le secteur des hydrocarbures et à redonner à la R-dC une raffinerie». Hélas, rien, apparemment, n’est venu. En tout état de cause, il est, de l’avis des experts, il est encore des pesanteurs qui plombent la remise en service de la raffinerie.
D’abord, le Comité de pilotage de la réforme des entreprises du Portefeuille, COPIREP, soutient dans un rapport que l’ex-Société zaïro, puis congolo-italienne de raffinage devenue par la suite Société congolaise des industries de raffinage a été débaptisée X-OIL.
Cette dénomination est la conséquence des décisions de l’Assemblée générale de l’entreprise tenue en 1998. Une assemblée sujette à caution, selon des experts r-dcongolais. Des questions restent encore entières, note le prof Bafala, expert en questions pétrolières. Alors qu’en 1996, la raffinerie venait d’être réhabilitée, sur fonds propres de la SOCIR, pour un montant de USD 26.000.000, s’interroge-t-il, sur quelle base et critère X-OIL s’est affichée avec le montant de USD 2.500.000 pour reprendre les parts (50%) des Italiens d’ANIC Spa filiale d’ENI, co-partenaire de l’Etat r-dcongolais dans SOCIR, qui se sont désengagés de la raffinerie en mai 1998, après 30 ans de partenariat. Pourtant, il y a des prétendants sérieux pour relancer la joint-venture aux côtés de l’Etat r-dcongolais. Parmi lesquels les majors MOBIL, SHELL qui comptait par ailleurs raffiner le brut de Muanda avec ses propres condensats. Et à l’époque la valeur assurée de la raffinerie était de USD 91.000.000. Et l’expert de s’interroger : quel est l’apport de X-OIL à ce jour dans la raffinerie comme actionnaire B ? Dans son ouvrage, « L’industrie pétrolière en RDC : des réseaux d’intérêts croisés pour le profit d’aujourd’hui ou de demain », José Bafala évoque également ce contrat d’assistance technique qui a contraint la SOCIR à transférer USD 350.000 par trimestre à X-OIL qui est actionnaire B pendant que la raffinerie était en arrêt alors que, précédemment, pour le même type de contrat convenu avec AGIP, au moment où la raffinerie tournait, la SOCIR ne dépensait que USD 100.000. Que des questions, que des zones d’ombre, que des flous juridiques sur lesquels la ministre du Portefeuille devrait éclairer l’opinion publique.
Côté purement technique. Les principales unités de production que compte la SOCIR et/ou X-OIL se composent d’une unité de distillation atmosphérique (topping) avec un dessaleur dont la capacité nominale est de 750.00 TM/an de brut léger, d’une unité d’hydrotraitement d’essence lourde et de kérosène en opérations séparées de capacité 230.000TM/an, d’une réformation catalytique (reforming) d’essence lourde désulfurée de capacité de 275.000TM/an, le traitement d’essence légère à la soude (merox) de capacité 70.000 TM/an ainsi que les unités auxiliaires (centrale thermoélectrique, parcs à réservoirs de capacité totale de 160.000m3, de la flotille…). Plusieurs études ont déjà été menées pour la modernisation de la raffinerie et son adaptation au brut local. Il s’agit entre autres, des études menées par la société française TECHNIP qui ont conclu à un besoin d’investissement de USD 65.000.000. Celles de la Brésilienne PETROBAS avaient notamment l’avantage de proposer quatre alternatives pour moderniser la vieille raffinerie. Il y a aussi l‘offre de la Sud-africaine Fluor Engineers. Qui prévoit non seulement la modernisation de la raffinerie mais aussi la production de bitume pour un coût de USD 16.700.000. L’étude, il sied de le souligner, date de 1994, il y a pratiquement 20 ans. Le team mené par la PAD Nana aurait sans doute actuellement de nouvelles idées pour la relance de la raffinerie. Attendons voir.
POLD LEVI