Le pouvoir qui prétend avoir libéré tous les Congolais arrêtés lors de ces incidents, justifie le transfert des quatre étrangers par la volonté de » tirer au clair » leur rôle aux côtés de l’ex-gouverneur du Katanga
Quelques heures après le meeting que l’ex-gouverneur de l’ancienne province du Katanga, Moïse Katumbi Chapwe, a voulu tenir à Lubumbashi dimanche dernier, mais violemment dispersé par la police, les échos qui nous parviennent de l’ex-capitale du cuivre font aussi état de l’arrestation de quatre étrangers présentés comme des proches de Moïse Katumbi parmi lesquels un sujet américain, à en croire l’AFP.
Les quatre étrangers arrêtés et que le pouvoir présente comme des gardes du corps de l’ex-gouverneur devenu opposant, sont déjà transférés manu militari à Kinshasa et gardés à un lieu secret.
A en croire le ministre des Médias et porte-parole du gouvernement, Lambert Mende Omalanga, les quatre expatriés sont acheminés à Kinshasa pour » tirer au clair » leur identité et le rôle qu’ils auraient joué dans les incidents survenus dimanche dernier à Lubumbashi.
Pour rappel, l’Opposition congolaise avait programmé sur toute l’étendue de la République démocratique du Congo des manifestations populaires dimanche dernier, en marge du 26ème anniversaire du processus de démocratisation dans le pays, lancé le 24 avril 1990 par le dictateur Mobutu Sese Seko dont le règne avait duré 32 ans avant d’être chassé du pouvoir par la rébellion AFDL.
Mais lors de la manifestation, plusieurs centaines de manifestants qui accompagnaient l’ancien gouverneur Katumbi ont été dispersés par la police, d’autres arrêtés puis libérés, à l’exception des quatre étrangers transférés à Kinshasa.
L’arrestation du ressortissant américain dont l’identité n’est pas révélée, risque de faire monter la tension entre Kinshasa et Washington, à l’heure où l’administration Obama accentue la pression sur les dirigeants actuels de la RDC en appelant au respect de la Constitution et à l’organisation des élections au Congo dans le délai constitutionnel.
A l’approche de la fin du second et dernier mandat de Joseph Kabila à la tête du pays, l’incertitude plane encore sur sa volonté d’organiser les élections dans le délai constitutionnel et de respecter la Constitution. Au contraire, plus les jours passent, plus on assiste à une restriction dangereuse des libertés, à l’image des derniers événements de Lubumbashi.
« La police à tiré sur moi des balles réelles (…) quatre de mes sympathisants parmi les personnes arrêtées viennent d’être transférés à Kinshasa », a notamment déclaré Moïse Katumbi, en assurant que « l’un de ses proches, passé à tabac, a vomi du sang ».
L’ex-gouverneur du Katanga accuse « le régime d’avoir ramené le pays à la période de triste mémoire de la dictature sanglante du Zaïre », promettant de ne point se « laisser faire » et invitant le camp présidentiel à se souvenir que « la roue tourne ».
M. Katumbi, 51 ans, est un probable candidat à la prochaine élection présidentielle.
Populaire et charismatique, Katumbi a démissionné de ses fonctions de gouverneur et quitté le parti présidentiel en septembre dernier.
Richissime homme d’affaires, le jeune frère de Katebe Katoto est également le président du prestigieux club de football Tout-Puissant Mazembe de Lubumbashi, triple vainqueur de la Ligue des champions d’Afrique.
Le climat politique est tendu depuis des mois dans le pays en raison de l’incertitude liée au très probable report de la présidentielle censée avoir lieu fin novembre.
L’opposition accuse M. Kabila, au pouvoir depuis 2001 et à qui la Constitution interdit de se représenter, de manœuvrer pour se maintenir au pouvoir au-delà du terme de son mandat en décembre.
Par DMK