Le référendum, nouveau centre de gravité du landerneau politique

Mercredi 8 juin 2016 - 16:17

Qui a dit que le temps en resterait là, c’est-à-dire inamovible, comme s’il n’avait jamais été mouvant ?

Resté d’actualité depuis plus d’une n née, le dialogue politique saura-t-il résister à l’usure du temps pendant longtemps? Ne risque-t-il pas, à la longue, de se faire «détrôner» par plus fort que lui ? Et ce plus fort-là pourrait, pour certains, bien être le référendum.

Au galop !

 

Référendum, le mot est bel et bien parti. Désormais, il faudra commencer à s’habituer avec un vocable qui n’est pas nouveau aussi bien dans le vocabulaire congolais que dans son landerneau politique. En effet, il s’invite déjà au débat, pas seulement dans les salons huppés de la haute ville, même à la cité où l’on commence à en parler.

 

En 2005, on s’en souviendra, le mot référendum avait été abondamment utilisé à la faveur d’une demande de consultation populaire ou mieux d’un vote organisé au pays au crépuscule d’une année mouvementée et qui donna aux Congolais la constitution dite du 18 février 2006. Le voici donc qui revient au goût du jour, dix ans plus tard. Et si jusque-ici, c’est le dialogue politique qui continue à tenir le haut du pavé dans le microcosme politique, il pourrait ne plus en être ainsi dans les jours à venir.

 

Déjà un pari...? Il est trop tôt d’épiloguer là-dessus, mais toujours est-il que le décor est en train de se mettre en place. Le référendum va-t-il, si les choses arrivaient à se préciser, rentrer dans le jeu par intrusion ou par effraction? Là, est toute la question. Toutefois, le mot, n’en est pas moins lâché. Effectivement, le vocable a été lancé te 4 juin par le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie, sur un ton à tout le moins martial.

 

Locomotive de la Majorité présidentielle, le Pprd qui semble vouer un culte aux symboles, a choisi la date- anniversaire de la naissance de Joseph Kabila Kabange, initiateur du parti dont il est en même temps l’autorité morale, pour dérouler son message à la faveur d’un événement également dédié à la paix. «Nous avons voulu, à travers cette journée, démontrer au monde que rien ne se fera sans ce peuple. Que ceux qui mijotent des choses à l’extérieur pour ramener encore la zizanie dans ce pays, sachent qu’’ils trouveront ce peuple debout devant Joseph Kabila. Cet homme jeune qui, aujourd’hui, à 45 ans, est encore trop jeune pour prendre sa retraite», a dit Henri Mova Sakanyi, secrétaire général du parti.

 

Et d’emboucher la trompette du dialogue - « la seule issue...» - et du référendum. «Si vous ne passez pas par ce dialogue, menace-t-il, en face de vous il y a le peuple et le peuple souverain s’exprime au travers d’un mode de scrutin universellement connu, c’est le référendum», précise le n°1 du parti, relayé par le président du groupe parlementaire du PPRD à ‘Assemblée nationale. Pour Ramazani Shadari, de nombreux Congolais souhaitent que soit organisé un référendum pour que Joseph Kabila reste au pouvoir.

 

DIALOGUE? RÉFÉRENDUM?

Comme il fallait s’y attendre, le discours-soutien du Pprd au président de la République a donné lieu à un début de polémique qui, trois jours plus tard, s’est apparemment dégonflé. L’ombre d’un référendum hante-t-elle déjà les esprits quand bien même il y a des gens qui crient au fantôme? Ils ont leurs raisons que la raison elle-même ne connaît point, surtout là où Mova a soulevé l’idée d’organiser un référendum pour réviser la constitution afin de permettre à Joseph Kabila de se présenter pour un 3ème mandat.

 

C’est pratiquement la même posture qu’a prise, de son côté, le ministre de la Communication Lambert Mende, défendant l’ancien ambassadeur de la RD Congo à Paris qui, selon lui, n’a fait qu’exprimer une opinion. «Si le secrétaire général du Pprd en a parlé (du référendum), c’est tout à fait son droit », a soutenu le porte-parole du gouvernement, ne voyant pas pourquoi il serait interdit d’organiser un référendum en RDC. «M. Mova est libre, tout comme l’opposition est libre, nous sommes un pays libre, nous sommes en démocratie. Il faut que les gens cessent de croire qu’on peut nous limiter notre liberté», a-t-il tonné.

« Restons vigilants »

 

Dans les milieux de l’opposition, par contre, on estime que e pouvoir joue à la diversion. Les enjeux sont ailleurs. La déclaration d’Henri Mova est pour eux le signe que Joseph Kabila ne souhaite pas quitter le pouvoir au terme de son deuxième mandat. «Nous savons depuis quelques temps les manœuvres qu1s sont en train d’opérer pour arriver à ne pas avoir d’élections dans ce pays, a rétorqué Félix Tshisekedi, secrétaire national de l’Udps. Nous restons vigilants et nous disons qu’il n’est pas question.... ».

Par Marcel LUTETE