Les FDLR divisent le Congo profond

Lundi 9 juin 2014 - 08:28

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Si la matérialisation, par les FDLR (Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda) de leur engagement de déposer les armes et d’être relocalisés en dehors du Nord-Kivu et du Sud-Kivu,

en territoire congolais, est chaleureusement accueillie par le gouvernement congolais et la Monusco, tel n’est pas le cas pour les citoyens du Congo profond. C’est le tollé aussi bien à l’Est, au Nord, au Sud, à l’Ouest qu’au Centre du pays, où l’on déclare indésirable cette force négative étrangère, même désarmée.
Mêmes les autochtones du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, qui auraient dû en principe se sentir soulagés, après avoir vécu vingt années d’insécurité sous la botte de ces rebelles, protestent. Un peu partout dans l’arrière-pays, l’on s’étonne de constater que ces « guerriers » dé carrière, au lieu d’être renvoyés dans leur pays d’origine ou un autre en Afrique, en Asie, Europe, en Amérique ou en Océan sont maintenus sur le territoire congolais.

Des observateurs pensent que l’on a fait la part belle au Rwanda, qui a toujours exigé la délocalisation des FDLR loin de sa frontière et qui voit ainsi s’éloigner la menace d’invasion de son territoire et de déstabilisation de ses institutions. Le danger reste par contre permanent pour la RDCongo, dont neuf sur onze provinces partagent une frontière commune avec un ou plusieurs Etats voisins. En effet, en dehors du Kasaï Oriental et du Maniema, toutes les autres sont frontalières avec les pays limitrophes.

C’est notamment le cas du Bas-Congo avec l’Angola et la République du Congo, de Kinshasa avec le Congo/Brazzaville, du Bandundu avec l’Angola, de l’Equateur avec le Congo? Brazzaville et la République Centrafricaine, de la Province Orientale avec le Sud-Soudan et l’Ouganda, du Kasaï Occidental avec l’Angola, du Katanga avec la Tanzanie et la Zambie. Citée comme l’une des provinces d’accueil des FDLR, l’Equateur présente la particularité de « côtoyer »  le Centrafrique, un « non-Etat » où la « Seleka » ou les « Anti-Balaka » et d’autres groupes armés peuvent servir de sources d’approvisionnement des FDLR en armes et munitions. Le choix de cette province parait, aux yeux de beaucoup, comme Une grosse erreur de la part des autorités congolaises.

Au stade actuel, aucune province congolaise ne peut se sentir en sécurité avec sur ses terres ces rebelles rwandais, parmi lesquels se recrutent, aux dires de Kigali, des génocidaires. Empêtrée dans ses problèmes avec les miliciens Mbororo, Hema, Lendu et autres, la Province Orientale est encore trop fragile pour héberger les FDLR. En plus, ils seraient vite tentés de retourner au Nord-Kivu. Avec ses Mai-Mai et autres Bakata-Katanga, le Katanga prendrait un gros risque comme terre d’accueil de ces coupeurs de têtes dont la culture de la machette les a précédés dans cette partie du pays. Au cœur du Maniema, les FDLR redeviendraient rapidement incontrôlables et pourraient retrouver, sans trop forcer, leurs forteresses du Sud-Kivu.

Toujours pas de débat national

Le dossier des FDLR a été traité, à l’image de ceux du pétrole, des contrats miniers, de l’eau du bassin du fleuve Congo actuellement convoitée par les Etats riverains du Lac Tchad, à l’insu du Parlement (Sénat et Assemblée Nationale). En conséquence, les sénateurs et les députés, comme le commun des Congolais, se trouvent devant le fait accompli. Les autochtones du Congo profond ont été également ignorés, alors que leur avis aurait dû compter dans le processus de relocalisation de ces rebelles rwandais à l’intérieur du pays.
Il leur est imposé, sans avoir été consultés, une cohabitation avec une communauté à problèmes, qui n’a jamais vécu en harmonie avec leurs compatriotes du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.

Compte tenu de sa sensibilité, la question aurait pu être discutée dans les deux chambres du Parlement et même soumise à l’appréciation des villageois congolais appelés à partager leur existence avec eux, pour une durée indéterminée. Un débat national et des échanges sectoriels auraient sans doute permis soit de dégager un consensus, soit de former une opinion entièrement hostile à ces « étrangers », dont devraient tenir compte les décideurs politiques.

L’effet de surprise produit actuellement dans les villes et villages des provinces congolaises va avoir pour résultat, l’accroissement du sentiment de rejet à l’égard des membres d’une force négative étrangère qui n’a jamais bonne presse chez nous. L’hostilité des Congolais à l’égard des FDLR tient notamment au fait qu’ils sont considérés comme le « fond de commerce » ayant permis au Rwanda d’instrumentaliser, depuis 20 ans, des mouvements rebelles contre notre pays, de piller nos ressources naturelles, de détruire nos infrastructures de base à l’Est, bref de retarder notre développement de plusieurs décennies. Le sentiment général est que la stratégie de relocalisation dès FDLR en territoire congolais risque de créer plus de problèmes de divers ordres aux Congolais que d’en résoudre.
Kimp
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