Pendant 4 jours, le président de AFDC nommé ministre de l’Economie a jonglé entre chantage et rébellion avec un ton très ferme vis-à-vis de l’Autorité morale de la Majorité présidentielle avant de faire une spectaculaire courbe rentrante.
« Nous avons enregistré des frustrations, des injustices, des humiliations. Tous les postes auxquels nous avions droit, on a préféré les donner à d’autres personnes … », à d’autres personnes... a déclaré le ministre de l’Economie Modeste Bahati Lukwebo jeudi 11 décembre, devant des cadres et militants de son parti, l’Alliance des forces démocratiques du Congo -AFDC- appelés en renfort. La séance ne s’est pas déroulée en «off», elle est médiatisée à dessein.
C’est, sans conteste, une bombe atomique larguée pour protester contre la composition du gouvernement de cohésion nationale. Mais à qui s’adresse cette phrase de Bahati ? C’est là toute la question. Pour la majorité d’observateurs et analystes avertis, c’est à l’Autorité morale de la Majorité présidentielle -MP- à laquelle appartient l’AFDC, le Président de la République, seul détenteur du pouvoir discrétionnaire de nomination des membres du gouvernement. Pour d autres, c’est une déclaration de guerre. Mais le feuilleton n’a pas assez duré. Selon des sources, le bavard a dû prendre la mesure de la situation et regretter la gravité de ses propos. Le mal ayant déjà été fait, il fallait vite le corriger. Occasion propice: l’adresse du Chef de I’Etat devant le Parlement réuni en Congrès lundi 15 décembre, à l’issue de laquelle des militants de l’AFDL ont enfin dit merci à Kabila pour la reconduction de Bahati au gouvernement et redit leur attachement à l’Autorité morale de la MP. Aux alentours du Palais du peuple et sur la clôture métallique, des calicots aux couleurs de I’AFDC sont barrés des messages à l’honneur du Président de la République. Cette nouvelle production des Bahatistes est diffusée à la télé. Rebondissement.
Ahurissant changement de discours après 96 heures ! Tiens, tiens, lieus, on a repris de la hauteur de l’AFDL, Sinon, on y souffle le chaud et le froid! Pour quiconque a vu les images relayées par les télévisions jeudi 11 décembre, difficile de croire ses yeux. Trop beau, trop facile pour être sincère. Pendant 4 jours. Bahati a jonglé entre chantage et rébellion avec un ton très ferme vis-à-vis de Kabila avant de faire une spectaculaire courbe rentrante. Une chose est certaine : cette façon de capituler du boss de l’AFDC -20 sièges à l’assemblée nationale dont le sien propre obtenu après l’épreuve de la CSJ- ne rassure pas ses alliés de la Majorité présidentielle. Raison : « Elle ne répond pas à la question : pourquoi le partenaire Bahati raffole-t-il le chantage ? », fait-on savoir à la MP. L’autre interrogation concerne une éventuelle intention du ministre de l’Economie de traverser la rue si ses prétentions et revendications démesurées n’étaient pas prises en compte à l’issue de la prochaine mise en place dans les entreprises publiques. Sur ce sujet, Bahati se verrait contraint de se positionner de manière claire ou sans équivoque. Après la démission de Jean-Claude Muyambo, le débat sur la cohésion à la MP et la loyauté vis-à-vis de son Autorité morale n’est donc toujours pas tranché.
Ya KAKESA