Le mercredi 10 septembre vers 11 heures, les principaux médias de la capitale sont informés qu‟un trait final va être tiré sur l‟affaire StarTimes qui défraie la chronique depuis près de deux semaines. Il était temps, se dit-on, car cette affaire commençait à donner une très mauvaise image de la République. Dans quel pays sommes-nous si les linges officiels sont désormais lavés dans la rue ? Vers où allons-nous si les chicanes des ministres doivent aboutir à la Cour Suprême ? Oui, il était vraiment temps que cette affaire s‟arrête, non seulement parce qu‟elle envoie un mauvais signal aux investisseurs mais surtout, parce qu‟elle donne de la République une image défigurée. Vers midi en cette journée du 10 septembre, les médias reçoivent confirmation de la décision prise par la Présidence de la République dont dépend l‟Autorité de Régulation de la Poste et des Télécommunications du Congo (ARPTC). Signée par Gustave Beya Siku, Directeur de Cabinet, la lettre ordonne au président du Collège de l‟ARPTC de remettre StarTimes dans ses droits.
Par cette directive, Beya Siku n‟agit pas en son nom ou en sa qualité de Directeur de Cabinet. Il est la voix du Chef qui semble définitivement agacé par la tournure des événements. On le perçoit d‟ailleurs à travers le ton utilisé lequel exprime manifestement une colère à peine contenue : « Vous n‟accéderez pas à la demande formulée dans la lettre N/REF : M-MRPINC/LMO/1349/MIN/2014 n° CAB/MIN/PTNTIC/TKKM/cdj/2281/2014 signée conjointement par le Ministre des Médias, chargé des Relations avec le Parlement et de l‟Initiation à la Nouvelle Citoyenneté ainsi que par le Ministre des Postes, Télécommunications et Nouvelles Technologies de la Communication ». Gustave Beya transmet manifestement une instruction reçue de sa hiérarchie car en tant que Dircab, il n‟a pas le pouvoir de casser une décision prise par des membres du gouvernement après avis du Premier Ministre qui, de toute évidence, semble avoir arbitré surbase d‟informations erronées. Quant on connaît bien le fonctionnement du système politique congolais, on ne peut douter que la source du pouvoir se trouve à la Présidence de la République. Dans le dossier sous examen, on sent cette réalité à travers le courrier de Gustave Beya Siku. Mais voilà ! Alors que l‟on pensait l‟affaire close, voilà que le Ministre des PTT et NTIC revient à la charge. Dans un communiqué officiel, il donne une leçon qui, de toute évidence, s‟adresse à la Présidence de la République dont il n‟a certainement pas accepté l‟arbitrage. Dans ce communiqué, daté du 10 septembre 2014 alors que la lettre de Beya Siku lui avait été adressée la veille, Kin Kiey Mulumba articule les mêmes griefs, donnant à penser qu‟il est le seul détenteur de la vérité dans ce dossier. Voici qu‟il déclare : «Le ministère des Postes, Télécommunications et Nouvelles Technologies et l‟Information et de la Communication (PTNTIC) soupçonne la firme STARTIMES d‟être engluée dans un scandale financier en République Démocratique au Congo Cette firme s‟est vu refuser l‟avis conforme de l‟autorité de régulation des medias (le Conseil Supérieur de l‟Audiovisuel et de la Communication CSAC), de même que l‟autorisation du régulateur des télécommunications (Autorité de Régulation des Postes et des Télécommunications, ARPTC). Elle disposerait d‟une lettre que l‟ARPTC ne reconnaît pas et qui, de toute évidence, est un faux. Un titre en l‟espèce de l‟ARPTC doit être muni d‟un cahier des charges approuvées par le Ministre ayant dans ses attributions les Télécommunications et publié dans le Journal Officiel (loi cadre 013/2002du 16 octobre 2002 art. 25,1 La société STARTIMES s‟est fait céder les fréquences de deuxopérateurs, l‟un public, la RTNC2 et l‟autre privé, la chaîne TELE7 appartenant au journal kinois «Le Potentiel » et ce, au mépris de la loi. L‟article 42 de la loi-cadre sur les télécommunications n°0013/2002 du 16 octobre 2002 stipule: «Les licences de concession de service public de télécommunications et les autorisations délivrées en application de la présente loi, ont un caractère personnel et ne sont pas cessibles».
Les contrevenants STARTIMES, TELE7 et RTNC2 se sont donc volontairement exposés à la rigueur de la loi. Pour échapper sans doute au contrôle de l‟Etat, STARTIMES a délocalisé les signaux des chaînes audiovisuelles précitées du site officiel de la République géré par la société Télé Consult vers un site privé appartenant à STARTIMES. Cette firme prétend faire de la Télévision Numérique Terrestre (TNT) sans la faire car le Congo n‟a pas encore migré vers la TNT La Coordination des Experts de la TNT instituée par décret de Son Excellence Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, n‟est pas installé. Elle prétend faire de la télédistribution sans déclarer le nombre de son parc d‟abonnés pour se soustraire aux redevances dues à l‟Etat. Les dispositions pertinentes de la loi-cadre précitée, notamment l‟article 6 point e), ont érigé le Ministre ayant les télécommunications dans ses attributions engendarme devant assurer la surveillance et la police du secteur. A l‟issue de plusieurs réunions présidées à l‟Hôtel du Gouvernement par Son Excellence Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, il a été décidé la suspension de toutes les activités de STARTIMES en attendant la décision de la Cour Suprême sur ce dossier. Le ministère des PTNTIC signale que la forme corrompt le fond. De même Ie climat des affaires appelle le respect des lois de la République et de l‟autorité de l'Etat. . Il déplore qu‟une partie de la population congolaise ait été abusée par cet opérateur. Là encore, le Ministère des PTNTIC veillera à ce que la loi soit respectée dans toute sa rigueur. Fait à Kinshasa, le 10 septembre 2014 Prof. Tryphon KIN-KIEY MULUMBA. Les accusations ici réitérées par Kin Kiey Mulumba ont été, on s‟en souvient, balayées par StarTimes dans une mise au point publiée dans les médias de la capitale. A titre de rappel, la firme chinoise affirme que les faits portés à sa charge sont dénués de tout fondement. Elle joue la carte de la transparence en présentant ses preuves de paiement. Et s‟agissant de la question des fréquences, la réponse vient de l‟ARPTC qui reconnaît la validité des alliances nouées par StarTimes et ses partenaires congolais. Il n‟y a rien d‟illégal, affirme le Régulateur. Question : Qu‟est-ce qui explique cette énième sortie de Kin Kiey après la lettre de Gustave Beya Siku? Sa leçon du 10 septembre était-elle destinée à marquer son territoire ou à créer un incident dont il sait qu‟il ne peut sortir vainqueur? La principale leçon à tirer de cette affaire est que pour gagner les différents défis qu‟il s‟est lancé en matière de développement national et de gestion de la cité, le gouvernement doit retrouver la voie de la cohérence et de la cohésion. Une équipe gouvernementale ressemble à une équipe sportive. Pour gagner, elle doit pratiquer un jeu collectif car le jeu individuel paie rarement.