UN AN APRES… 19, 20 ET 21 JANVIER 2015 : C’ÉTAIT UN SOULÈVEMENT !

Mardi 19 janvier 2016 - 05:26
Image

Que s’était-il passé exactement à Kinshasa au cours de ces trois dates pour que le " Front civil 2016 " en vienne à planifier des manifestations commémoratives la semaine du 19 au 25 janvier 2016 ? Constat à faire d’emblée : la veille, soit ce lundi 18 janvier, les organisateurs semblent se rétracter. Aucun appel n’est lancé, aucun rappel n’est fait via les médias. Pour sa première action " populaire ", " Goréens " pour les uns, " Dakariens " pour les autres ne veulent probablement pas " rempiler ". Avertie, la rue kinoise radicale n’est pas prête à se laisser avoir comme l’année passée. Il faut admettre que la mobilisation escomptée n’est pas possible, maintenant qu’une bonne partie de l’opinion nationale découvre que certaines initiatives sont financées ou planifiées par des personnalités suspectes comme George Sorros et Greg Mills, préoccupés moins par la démocratisation que par la balkanisation de la RDC…

Au commencement - si l’histoire pouvait être contée - il y a eu le projet de révision de la loi électorale. Révision recommandée aussi bien par l’Opposition, la Majorité et la Société civile au lendemain des élections du 28 novembre 2011 que par les observateurs électoraux, au nombre desquels la Mission d’observation électorale de l’Union européenne (Moe-Ue) dans ses rapports de 2012 et de 2014. Ce n’est pas tout.
La révision avait été préconisée aussi en juillet 2012. Sous le titre "RDC : l’Assemblée nationale recommande la révision de la loi électorale", la dépêche de Radio Okapi mise en ligne le 5 juillet 2012 à 12h35 reprend les neuf recommandations adressées à la Céni par la chambre basse à l’issue de la plénière du jeudi 5 juillet. Il s’agit de : - la révision de la loi organique portant organisation et fonctionnement de la Ceni, notamment en ce qui concerne la composition du bureau de la Ceni ; - l’audit de la gestion financière de la Ceni par la cour de « compte » conformément à la loi ; - la révision de la loi électorale concernant le mode du scrutin et les conditions d’éligibilité ; - l’adoption des annexes à la loi électorale, eu égard à la répartition des sièges pour les élections urbaines, municipales et locales ; - la révision de la loi portant organisation et fonctionnement des partis politiques est également concerné ; - la sécurisation du processus électoral qui doit être une priorité du gouvernement pour décourager les actes de violence ; - l’organisation du recensement de la population congolaise dans le meilleur délai ; - la suspension du calendrier électoral des élections provinciales, urbaines, municipales et locales en attendant la mise en œuvre d’un nouveau cycle électoral " et " - l’organisation dans les meilleurs délais des élections législatives dans les circonscriptions électorales où le scrutin a été annulé ".
D’ailleurs, au cours de son conclave du centre Mama Mobutu, l’Opposition va se prononcer, elle aussi, pour la réforme de la loi électorale. Ainsi, au sous-point B du point "4. Concernant la problématique de la révision constitutionnelle et des questions électorales", "Le conclave propose que la loi électorale future et le calendrier électoral puissent inverser l’ordre des élections en commençant par les élections à la base, avant les élections nationales" (page 15). Déjà, au sous-point B du point "3. Concernant le Cahier de charges de l’Opposition politique congolaise au Dialogue politique", le Conclave lève l’option de "Repenser le système électoral congolais notamment par : 1. le recensement général de la population, afin de déterminer, entre autres, le calcul du quotient électoral, non pas en fonction du nombre des citoyens enrôlés mais plutôt de celui recensé".
Un consensus " Céni, Majorité, Opposition, Assemblée nationale et Observateurs électoraux " s’était dégagé autour de l’impératif de révision de la loi électorale impliquant, notamment, le recensement à usage électoral.

ESPRITS SUBTILEMENT PREPARES AU CAS BURKINABE
Or, le moment venu, l’Opposition radicale va se rétracter. Non pas en récusant le débat au sein des Institutions parlementaires, mais en mobilisant plutôt la rue pour boycotter l’examen du projet de loi. La déclaration publiée à cet effet le 15 janvier 2015 appelle la population de Kinshasa à "occuper massivement le Palais du peuple ce lundi 19 janvier 2015 à partir de 8 heures, pour empêcher aux Députés véreux et téméraires de siéger " et, celle de l’intérieur, " à faire des manifestations dans toutes les provinces pour dire non à toute manœuvre visant le glissement du mandat de Monsieur Kabila au-delà du 19 décembre 2016 ". La déclaration contient cette incitation : " Pour ce faire, les partis et regroupements politiques, des groupes parlementaires de l’opposition ainsi que les organisations de la Société civile demandent : - aux parents de garder leurs enfants à la maison et de ne pas les envoyer à l’école ; - aux personnes de troisième âge de ne pas quitter leur maison ; - aux opérateurs économiques de fermer leurs boutiques et magasins ".
Il y a là un appel évident au soulèvement, surtout lorsque les esprits y ont été subtilement préparés avec l’évocation répétée du précédent burkinabé mettant en exergue le mouvement "Balai citoyen" inspiré, lui-même, par le mouvement sénégalais "Y en a marre !" qui, peu de temps après, vont manager les mouvements congolais "Filimbi" et "Lucha".
Il est intéressant de relever le financement de ces organisations par le milliardaire américain d’origine hongroise George Sorros. Dans l’interview accordée le 5 mai 2015 à Valdez Onanina, Fadel Barro - l’un des fondateurs de "Y en a marre" - déclare à ce propos : " Des ONG sont venues vers nous, OXFAM, Open Society Institute de Georges Soros, OSIWA, pour nous accompagner dans la réalisation de nos programmes. Mais ce qui doit être clair, et j’y accorde beaucoup d’importance, c’est que cet argent qui est remis par ces ONG au Mouvement "Y en a marre", ce ne sont pas les membres du Mouvement qui le touchent directement ".
Il se révélera que George Sorros fait partie des financiers principaux de la rencontre d’Ile de Gorée en décembre 2015. Ce qui laisse supposer son implication dans les événements de janvier de l’année passée à Kinshasa. Dans cette logique, il ne peut pas ne pas l’être pour les manifestations commémoratives du 19 au 25 janvier 2016.

PEUT-ETRE COMMEMORATIVE DU SOULEVEMENT MANQUE !
Quand on sait alors du conseiller stratégique de Paul Kagame en 2006, à savoir Greg Mills - directeur de la fondation sud-africaine Brenthurst - qu’il est de ceux qui prônent ouvertement la balkanisation de la RDC, on ne peut que se demander si les organisateurs des manifestations de 2015 et, éventuellement celles du 19 au 25 janvier 2016, ont la présence d’esprit de méditer sur la coïncidence faisant que les mouvements Filimbi et Lucha soient actifs uniquement au Nord Kivu, province frontalière avec le Rwanda et l’Ouganda et les soient moins, voire pas du tout, dans les autres provinces.
Or, le Nord-Kivu est la partie la plus menacée par des Adf-Nalu (Ouganda) et des Fdlr (Rwanda), ces deux pays étant soupçonnés de visées annexionnistes sur certains villes et localités de l’Est du pays.
Comment, lorsque de telles évidences sont faciles à établir parce que difficiles à contester ni à détruire peut-on penser que les " journées chaudes " des 19, 20 et 21 janvier 2015 avaient été une expression démocratique et non un soulèvement populaire planifié ? Et comment, peut-on, avec toutes ces évidences, envisager une année après, l’organisation des manifestations commémoratives ?
La vérité est qu’elles sont commémoratives du soulèvement manqué !Omer Nsongo die Lema