A la tête d’une forte délégation d’agences des Nations Unies, d’organisations non gouvernementales et de bailleurs de fonds, le coordonnateur de l’action humanitaire en République démocratique du Congo, Dr Mamadou Diallo, a bouclé le mardi 13 octobre, une visite de travail de deux jours dans la province du Maniema.
La province du Maniema fait actuellement face à une série des problèmes d’ordre social et sanitaire. Dans les différents endroits où il s’est rendu avec sa suite, Dr Mamadou Diallo a pu se rendre compte et pris la mesure des défis humanitaires à relever dans cette province et discuter avec ses interlocuteurs des solutions éventuelles.
A Kindu, chef-lieu de la province du Maniema, la mission a visité un centre de traitement de choléra (CTC); elle a aussi visité le site de personnes déplacées de Mutupeke où près de 23 000 personnes ont trouvé refuge.
Vulnérables et dépourvues des ressources financières, ces personnes déplacées ont fui des affrontements entre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et différents groupes armés opérant dans le territoire de Fizi, dans la province voisine du Sud-Kivu.
Depuis plusieurs mois déjà, la province du Maniema traverse une mauvaise passe à la suite de l’éclosion de deux épidémies de choléra et de rougeole qui sévissent avec virulence. Des chiffres en notre possession, indiquent que depuis la fin du mois d’août dernier, le Maniema a rapporté près de 3 000 cas de choléra dont 90 décès et près de 1 000 cas de rougeole dont 10 décès.
Devant la gravité de la situation, le Gouvernement au travers le ministre de la Santé publique, Dr Félix Kabange Numbi, a déclaré officiellement le 22 septembre dernier, l’épidémie de choléra dans la province du Maniema.
« C’est pour la première fois que la province du Maniema connait le cas de choléra, d’où il est du devoir du gouvernement de l’annoncer, après que le taux de létalité ait atteint 4.8% « , avait souligné le ministre de la Santé publique. Une centaine de cas de choléra contre une cinquantaine de décès enregistrés dans un temps relativement court, avait donc poussé le Gouvernement à prendre cette décision.
Des taux de malnutrition très inquiétants
Vraisemblablement sur base des données relevées par ses services, le ministre de la Santé publique a expliqué la flambée de cette maladie dite de mains sales dans la province du Maniema par l’insalubrité autour des cours d’eau (fleuve et lac), à la faible desserte en eau potable occasionnée par les pannes de courant électrique qui poussent les habitants à consommer de l’eau impropre.
Dans le cadre de riposte contre cette pathologie, Dr Félix Kabange Numbi a mis en place une sous commission multidisciplinaire (biologistes, laborantins, infirmiers, médecins…) de choléra. Pour lutter efficacement contre cette maladie, on estime que la lutte contre l’épidémie de choléra est un problème de leadership local, donc toutes les autorités provinciales doivent prendre leurs responsabilités au sérieux pour vaincre cette maladie.
La province connaît également dans plusieurs zones de santé des taux de malnutrition très inquiétants, au-delà des seuils d’intervention. A cela, rappellent des sources onusiennes, il faut ajouter une prévalence de 4 % du taux du VIH/SIDA, le plus fort en RDC.
En outre, il a été constaté que le système sanitaire souffre d’un manque de personnel qualifié et d’intrants médicaux. » Le Maniema ne reçoit pas l’attention qu’elle mérite, elle a besoin d’être soutenue « , a plaidé le Dr Diallo à l’issue d’une rencontre avec le gouverneur de la province.
Cela va sans dire que » les interventions humanitaires sont nécessaires pour sauver des vies dans certaines zones. Il est cependant important que des acteurs de développement prennent le relais de l’action pour éviter que la province ne retombe régulièrement dans des situations humanitaires critiques « , a ajouté le coordonnateur de l’action humanitaire en RDC.
Evidemment, l’épidémie de choléra qui sévit actuellement dans la province du Maniema est une préoccupation non seulement pour les autorités provinciales et nationales, mais également pour les acteurs humanitaires présents dans cette province.
C’est tous ensemble que cette épidémie et d’autres problèmes humanitaires notamment la situation des personnes déplacées qui assaillent la province du Maniema trouveront une issue heureuse pour le bien des populations dans le besoin.
Voilà ce qui justifie la visite du coordonnateur de l’action humanitaire en RDC accompagnée d’une importante délégation des agences des Nations Unies, d’organisations non gouvernementales et de bailleurs de fonds dans le Maniema. En tout cas, les personnes dans le besoin et autres organisations impliquées dans l’humanitaire dans la province attendent beaucoup de retombées de cette visite.
Dovin Ntelolo Diasonga