Parc national de l'Upemba : une vingtaine d'éco-gardes à la retraite après plus de 50 ans

Lundi 7 avril 2025 - 18:18
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Image d'illustration.

Après quatre (4) décennies de dévouement à la protection du parc national de l’Upemba, 23 éco-gardes dont deux femmes ont été honorablement envoyés à la retraite lors d’une cérémonie organisée le 1er avril 2025 à Lusinga, à plus de 400 km de Lubumbashi, dans le territoire de Mitwaba au Haut-Katanga.

Pendant plus de 40 ans, ces éco-gardes ont œuvré sans relâche, parfois au péril de leur vie, pour préserver cet écosystème fragile face aux menaces de braconnage, aux pressions économiques et à l’instabilité sécuritaire, a expliqué Tina Lain, cheffe de site de Lusinga et commandante du corps des éco-gardes, avant de saluer leur parcours "exceptionnel".

« Nos éco-gardes ne sont pas de simples agents. Ce sont des héros silencieux qui, dans des conditions souvent extrêmes, ont protégé nos forêts, nos rivières et notre faune. Leur courage est une leçon pour nous tous », a-t-elle déclaré au micro tendu par 7SUR7.CD.

Leur passage marque l’histoire de l’Upemba, et leur héritage vivra à travers ceux qui continueront à défendre ce sanctuaire naturel. Comme l’a si bien résumé Tina Lain : « Vous ne quittez pas la famille Upemba. Vous laissez un flambeau que nous porterons haut ».

La cérémonie a aussi été l’occasion de dénoncer les difficultés que rencontrent les agents de conservation, particulièrement dans l’Est du pays. Godefroid Mwamba, directeur des ressources humaines de l’ICCN, a exprimé son inquiétude face à la gestion de certains parcs par des groupes armés.

« Pendant que je vous parle, les parcs des Virunga et de Kahuzi-Biega sont coupés de toute gestion officielle. La nature que nous protégeons n’a pas de couleur, elle est au service de l’humanité », a-t-il rappelé.

Godefroid Mwamba qui a représenté le DG de l'ICCN, a également rendu hommage aux éco-gardes tombés sous les balles des milices locales, notamment les Maï-Maï. Il a rappelé que ces agents ne sont ni militaires, ni rebelles, mais bien des civils investis d’une mission écologique cruciale.

« Ils partent la tête haute, non pas parce qu’ils ont échoué, mais parce qu’ils ont accompli leur mission avec honneur », s'est-il réjoui.

Présent à la cérémonie au nom du gouverneur du Haut-Katanga, l’administrateur du territoire, Dally Kalombo, a appelé à un renforcement urgent des mesures de sécurité autour du parc, régulièrement menacé par des incursions armées. Il a salué l’initiative de l’ICCN d’honorer ces hommes et femmes, soulignant que la conservation reste un pilier de développement durable pour la région et du monde tel que souhaité par le président Félix Tshisekedi de faire de la République démocratique du Congo « un pays solution ».

En guise de reconnaissance, chaque éco-garde a reçu une médaille, un chèque, et des biens symboliques, témoignage matériel d’un engagement souvent invisible, mais essentiel. Certains n’ont pu retenir leurs larmes, touchés par cette attention rare dans un pays où les protecteurs de la nature sont encore peu valorisés.

Ce moment solennel, organisé par l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) avec le soutien de l’Union européenne, a mis en lumière le courage et la résilience de ces gardiens de la biodiversité. Le parc national de l’Upemba, l’un des plus anciens et vastes du pays, regorge de trésors naturels allant des forêts denses aux rivières limpides, en passant par une faune exceptionnelle, notamment les rares zèbres d’Upemba.

Patient Lukusa, de retour de Lusinga au parc national de l'Upemba