
Dans un rapport intitulé « les pratiques du groupe armé dans l’Est de la RDC » publié ce mardi 27 mai 2025, l'organisation non gouvernementale Amnesty International révèle que le groupe rebelle AFC/M23, soutenu par le Rwanda, « tue, torture et fait disparaître » de force des détenus, dans des lieux de détention à Goma et Bukavu, respectivement chefs-lieux des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.
Les recherches de l’organisation de défense des droits humains affirment, par ailleurs, qu'ils ont également commis des viols collectifs sur des femmes et menacé des défenseurs des droits humains ainsi que des membres de la société civile.
« Nous avons documenté au moins quatre cas où des détenus étaient torturés par le M23 et ces quatre personnes sont mortes à la suite de ces tortures », a affirmé Christian Rumu, chargé de campagne à Amnesty International pour la région des Grands Lacs.
Ce rapport renseigne aussi qu'entre février et mai de cette année en cours, les combattants du M23 sont entrés dans les hôpitaux de Goma à cinq reprises, à la recherche de membres de l’armée congolaise ou enlevant des patients, puis battant nombre d’entre eux avec des bâtons et des verges en bois.
« Nous avons documenté des cas d'arrestations arbitraires. Des personnes ont été arrêtées sur la base d’accusations selon lesquelles ces personnes collaboraient avec le gouvernement ou collaboraient avec la société civile. Mais tout cela sans preuve. Les 18 personnes que nous avons interviewées pour ce travail, nous ont dépeint des conditions très difficiles : on leur a refusé de la nourriture, même de l'eau. Mais elles ont aussi décrit des conditions sanitaires qui étaient horribles », a indiqué Christian Rumu.
Et d'ajouter : « Nous sommes très alarmés par cette situation, parce que ces actes, qui constituent une violation grave du droit international humanitaire, et qui peuvent en fait constituer des crimes de guerre, se passent dans des conditions où il n’y a pas du tout de monitoring de ce qu’il se passe sur le terrain. Il faut absolument que le M23 donne accès aux moniteurs internationaux pour qu'ils puissent visiter ces sites ».
Dans certains centres de détention du M23 d'après la même source, les détenus ont été si « violemment » battus qu'ils ont eu des blessures ouvertes et ont dû être hospitalisés après leur libération.
« Les familles sont souvent empêchées de rendre visite aux détenus, qui se voient également refuser l'accès à un avocat et aux soins de santé. Les conditions de vie dans ces sites sont contraires au droit international et sont si épouvantables qu’elles pourraient constituer des crimes de guerre, de torture ou de traitements cruels », lit-on dans ce rapport.
Dès le début du conflit, l’Union européenne, les États-Unis d'Amérique et d'autres pays occidentaux avaient reconnu les abus commis par le M23, appelant le Rwanda à retirer ses troupes de la RDC et œuvrant à la mise en place d’une mission d’enquête auprès du Conseil des droits de l’homme de l’ONU.
En février dernier, l’UE et ses États membres ont convenu de suspendre les consultations de défense avec le Rwanda et de revoir le protocole d’accord avec le pays. En mars, le Conseil de l'UE a imposé des sanctions à neuf personnes et une entité responsables d'actes qui constituent de graves violations et abus des droits de l'homme en RDC, notamment le directeur de l'Office rwandais des mines, du pétrole et du gaz.
Raphaël Kwazi