Consultations au Palais de la Nation : moisson abondante attendue du Congo profond

Vendredi 12 juin 2015 - 11:38

Depuis que le chef de l’Etat s’est ouvert au dialogue avec toutes les forces vives de la nation, à travers la série des consultations, des délégations ne cessent de défiler à la Présidence de la république, non seulement pour rencontrer Joseph Kabila, mais aussi pour lui exposer les préoccupations majeures de toutes les couches de la population congolaise. Pour recueillir davantage des dossiers brûlants, bien des observateurs de la scène politique congolaise souhaitent que cette ouverture puisse s’étendre à tous les courants politiques, aux structures techniques de la société civile dans leur diversité, et même aux associations des Congolais de la diaspora, dont on estime qu’ils ont beaucoup à dire sur la marche de notre pays. Concernant la société civile, force est de constater qu’une seule délégation des acteurs sociaux a été reçue par le président de la République.

La question que l’on peut se poser aujourd’hui, est celle de savoir si elle avait pris la précaution de rassembler les doléances de toutes les structures techniques. Car, dans chaque secteur d’activités, il y a des problèmes et des antagonismes qui ne favorisent pas le développement de notre pays. Tel est le cas des éleveurs locaux en Ituri qui continuent à déplorer l’invasion de cette partie de la Province Orientale par les Mbororo venus du Sud-Soudan.

Il en est de même pour les ONG impliquées dans la réforme du secteur de sécurité et de justice dont les nombreux rapports sur l’évolution de ces dossiers brûlants, pourraient faire l’objet des débats lors des assises du prochain dialogue national, et aider à évacuer les pesanteurs qui entravent leur aboutissement heureux. Et c’est peut-être à partir de leurs recommandations que l’on pourrait déceler des pistes de solution pour résoudre l’équation de l’insécurité dont la persistance continue à faire de nombreuses victimes, en termes de morts et de déplacés internes.

Du côté des regroupements des exploitants miniers artisanaux, la présence de milliers de puits de mines dont par exemple, 2.000 ont été recensés par la Monusco, et qui seraient exploités aussi bien par des compatriotes que par des mouvements rebelles financés de l’extérieur, laisse entrevoir des germes de conflits avec la population locale. Car, comme on le sait, pour étendre davantage leurs zones d’influence, s’accaparer de nouvelles carrières et sécuriser leur trafic illicite des produits miniers, les rebelles étrangers sont prêts à tout.

De l’avis d’autres analystes politiques, c’est dans les milieux de la diaspora congolaise que l’on pourrait moissonner pour la réorganisation et la remise de l’ordre dans plusieurs secteurs d’activités. Pour un dialogue ouvert à cette frange de la population, la RDC pourrait à coup sûr, bénéficier d’un autre regard sur la gestion de la res publica et trouver peut-être des voies de sortie à la crise qui entrave le développement de notre pays.

D’autre part, il est vrai qu’on ne peut pas entendre tout le monde, mais le choix d’un échantillon assez représentatif de la population congolaise dans sa diversité et dans ses sphères d’activités, comme nous l’avons souligné plus haut, permettrait de réunir suffisamment des dossiers d’intérêt national.

Certes, en RDC, nous avons accumulé trop des problèmes non résolus dans tous les domaines, au point que les seules solutions aux dossiers politiques, fussent-ils urgents et prioritaires, ne résoudront pas automatiquement d’autres équations. C’est ainsi que personne ne veut rater l’opportunité d’exposer les cahiers de charge de son organisation, ni louper plus tard l’avantage de s’asseoir autour de la table pour débattre des questions jugées sensibles et prioritaires.

La RDC qui a pris conscience de ses problèmes, comme on le voit, se trouve ainsi à un moment décisif de son histoire. Et la réussite de ces consultations et la tenue de ce dialogue, constituent à maints égards la dernière chance pour amorcer son redécollage. L’on peut se réjouir, dans la foulée, des données par le Chef de l’Etat aux gouverneurs, afin qu’ils se mettent eux aussi à l’écoute de leurs administrés. Il attend impatiemment les résultats afin de se déterminer.

J.R.T.