Départ du G7, démission de Katumbi, restructuration de la MP – Atouts et faiblesses des présidentiables de 2016

Lundi 26 octobre 2015 - 05:58

La ré-configuration actuelle de l’espace politique aura fatalement des conséquences sur le déroulé des échéances qui se pointent à l’horizon, particulièrement la présidentielle de novembre 2016. Bien que de potentiels candidats à la succession du président Joseph Kabila hésitent encore à se présenter, rien n’interdit de scruter les noms des personnalités qui circulent. Chacun présente des atouts mais aussi des faiblesses. Un passage au crible permet de déterminer des portraits qui pourraient inspirer des choix, voire contraindre à des recadrages en vue de renforcer davantage la gouvernance du pays.

Le Potentiel

Le départ du groupe de sept partis politiques de la Majorité présidentielle, pour avoir invité le président Kabila à ne point modifier la Constitution pour un troisième mandat a fait bouger les lignes. Puis, la double démission de Moïse Katumbi du gouvernorat du Katanga et du parti présidentiel, le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) est venue s’ajouter. L’addition est tellement salée qu’il serait irresponsable de balayer d’un revers de la main ces fissures.

Tirant les conséquences, la MP vient de restructurer pour combler le vide laissé par les partants.

En 2016, la course présidentielle s’annonce serrée. Un croisement de critères peut donner lieu à une meilleure compréhension de l’échiquier. Sans respecter un quelconque ordre à suivre, les personnalités émergent. Elles sont susceptibles de constituer des noyaux dotés d’un ancrage sociopolitique pouvant se cristalliser autour des individualités émergentes.

Joseph Kabila, en embuscade

L’histoire renseigne que la plupart des chefs d’Etat africains ont la facilité de rempiler. Ils ont le pouvoir et contrôlent tous les rouages du pouvoir. A ce titre, Joseph Kabila pourrait rester dans la course à la présidentielle de 2016. Il part cependant avec un sérieux handicap qu’impose l’article 220 de la Constitution qui lui interdit de se représenter après avoir consommé son mandat renouvelable une seule fois. Peut-il dès lors créer la surprise en contournant cette disposition constitutionnelle ? Ce n’est pas évident. A moins d’un glissement que tous redoutent

Aubin Minaku, le serviteur

Aubin Minaku se forge une identité comme dirigeant. Il cumule les fonctions de président de l’Assemblée nationale et de secrétaire général de la Majorité présidentielle. Au service du président Kabila, Aubin Minaku joue son rôle de tacticien à la perfection. Il ne prend aucune initiative personnelle et hasardeuse.

Il est mis à son actif, « des victoires successives face à l’Opposition ». A sa charge, un leadership discutable au sein de la MP. Souvent, pour se mettre à l’abri, il actionne vite le raccourci arithmétique du nombre, marchant souvent sur les cadavres des textes.

Matata Ponyo, le technocrate

Le Premier ministre Matata Ponyo Mapon a comme atouts, entre autres, la consolidation de la maîtrise du cadrage macroéconomique, la reprise en main effective de l’appareil étatique, le leadership assumé dans la conduite et l’exécution des projets… Ces atouts font de lui l’homme qui aurait rendu visible la « Révolution de la modernité » sans le concours des institutions de Bretton Woods.  Matata a déjoué les théories économiques en imposant une faible inflation à côté d’une forte croissance. Dans l’opinion, on lui reconnaît des efforts pour que l’inflation n’érode pas le pouvoir d’achat des plus pauvres. A sa défaveur, il est fait état de son incapacité à se muer en politique habile, avec tout ce que cela porte comme sous-entendu et non-dit.

Adolphe Muzito, l’homme des tribunes

Cadre du Palu, parti allié de la MP, Adolphe Muzito s’est forgé une identité politique à l’ombre d’Antoine Gizenga. Premier ministre honoraire, il a conduit jusqu’à son aboutissement un programme avec les institutions financières internationales : l’atteinte du point d’achèvement de l’Initiative pays pauvres très endettés qui a abouti à l’annulation d’une importante portion de la dette extérieure du pays.

« Comment peut-on rester leader provincial voire tribal après avoir exercé comme chef du gouvernement ? », allèguent ses détracteurs.

Etienne Tshisekedi, le sphinx fatigué

Etienne Tshisekedi est extrêmement populaire sur l’ensemble du pays, grâce à la machine UDPS, son parti.  L’âge et la maladie lui enlèvent son dynamisme des années de sa jeunesse sacrifiées pour l’émergence d’une démocratie réelle au en RDC. Il est adulé par la population pour son intransigeance. « Y’a Tshitshi » passe pour un nationaliste au service du peuple, et opposé aux diktats de l’extérieur. Ses pires détracteurs reconnaissent en privé qu’il serait « un homme d’exception », mais « quelque fois naïf dans son combat ».

Moïse Katumbi, le manager

Richissime, désormais ex-gouverneur de la riche province du Katanga, Moïse Katumbi Chapwe est un prétendant qui risque de bousculer tous les candidats en lice. Comme « Y’a Tshitshi »   « Moïse sait parler aux foules, calmement sans trahir sa timidité ». Il a produit un vrai miracle au Katanga. A son avènement, la contribution de la province était de 29 millions USD au budget national ; dix années plus tard, cette contribution est passée à 1 milliard USD.  Sa popularité dépasse les frontières du Katanga. Partout, Moïse séduit et fait des adeptes ».

Sa double démission est considérée comme une sérieuse option pour la présidentielle. Toutefois, on lui reproche des hésitations dans sa démarche.

Vital Kamerhe, un fin politique

Polyglotte, Vital Kamerhe est harangueur des foules confirmé. Fin politique, il sait tirer son épingle du jeu lors des débats et négociations. Comme président de l’Assemblée nationale, il a su donner aux débats en plénière un intérêt pour la population.  A son passif, le livre « Pourquoi j’ai choisi Kabila » est la preuve tenue par ses détracteurs qu’il ne serait pas un vrai opposant. Certains lui reprochent de ne pas construire un discours cohérent.

Noël Tshiani, l’homme de la Banque mondiale

Présenté comme le pion de la Banque mondiale où il travaille depuis des années. Noël innove dans sa stratégie, en apportant du réel contenu dans une étude appelée « Plan Marshal pour la RDC. Il sillonne le monde entier en vue d’expliciter sa pensée.

Noël Tshiani a vu tout le monde de la Majorité et de l’Opposition ainsi que des leaders de la Société civile. Les Congolais apprécient sa virginité en politique. On lui reproche de ne pas accorder davantage de temps à la sensibilisation des Congolais de l’intérieur, ses futurs électeurs.

 

Freddy Matungulu, le candidat du FMI

 

Dans l’opinion, il est catégorisé candidat du Fonds monétaire international (FMI). Pour crédibiliser sa démarche, il a quitté ses fonctions au FMI. On se rappelle que l’homme a été martyrisé pour avoir refusé de sortir l’argent de l’Etat sans des soubassements valables. Rentré au pays, il rend la température de tous les acteurs. Il lui est reproché son impopularité. Donné pour proche du Palu, ce parti ne l’a jamais adoubé.

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