EDEM KODJO : VIVEMENT DE L’ORDRE AU SEIN DE L’OPPOSITION !

Mardi 10 mai 2016 - 08:32
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L’exigence de l’UDPS de gérer seule les 12 places attribuées à une composante aussi plurielle s’avère une hypothèque sérieuse la tenue du Forum national.

On attendait le retour du facilitateur Edem Kodjo d’Addis-Abeba pour faire le point sur la mise en place du comité préparatoire du Dialogue. C’est déjà chose faite. Le 11 avril dernier, Edem Kodjo avait annoncé l’imminence de la mise en place du comité préparatoire du Dialogue politique convoqué par le chef de l’Etat. Un mois plus tard, on ne voit rien venir. A la place, on observe des remous au sein de la classe politique. En particulier au sein de l’Opposition.

Le comité préparatoire doit comprendre trente membres : douze de la majorité, douze de l’opposition et six de la société civile. Mais à l’UDPS, parti cher à Etienne Tshisekedi, on exige les 12 places attribuées à l’opposition.
Et pourtant, le facilitateur a enregistré plusieurs demandes des états-majors politiques et d’autres membres de la société civile qui souhaitent faire partie de ce comité. Les uns, notamment Steve Mbikayi, porte-parole de la Nouvelle classe politique et sociale (NCPS), ont demandé au facilitateur de tenir compte de leur longue lutte pour la tenue de ce forum. Ils se sentent frustrés par " l’égoïsme " de l’UDPS qui a affirmé par la bouche de son Secrétaire général Bruno Mavungu, que " quand on parle de l’opposition dans ce dialogue, c’est l’UDPS qui va face à Monsieur Kabila avec ses gens… ". Ce à quoi lui opposent un non catégorique les autres composantes de l’opposition.

PIONNIERS DU DIALOGUE
Membre du G5, plateforme de l’opposition qui soutient le dialogue, Justin Bitakwira dénonce " l’égoïsme " de l’UDPS qu’il appelle à "l’humilité ".
La coordinatrice de la "Société civile dans toute sa diversité", Kathy Kalanga estime, pour sa part, que la société civile devrait compter deux fois plus de représentants que l’opposition et la majorité.
Steve Mbikayi rappelle que " quand le conseil de sécurité de l’ONU adoptait la résolution 2098 qui recommande le dialogue, l’UDPS était dans son combat pour l’impérium. Ayant rejeté les concertations nationales, nous avions créé la coalition pour le vrai dialogue avec d’autres partis de l’opposition. C’était en 2013. En Décembre 2014, poursuit-il, lors de la présentation des vœux de nouvel an à la nation, le président Tshisekedi évoquait la nécessité de la tenue d’un dialogue inclusif face à la crise politique latente dans le pays. Comme vous pouvez le constater, nous sommes des pionniers de la réclamation du dialogue politique conformément à la résolution 2098 ".
" Nous ne reconnaissons pas à l’UDPS le droit de désigner au Comité Préparatoire du dialogue les délégués des autres partis de l’opposition parce que ne dépendant pas d’elle. Si le comité préparatoire et le dialogue sont inclusifs, nous irons en délégation indépendante sans être sous la coupe de qui que ce soit ", tranche Mbikayi.

BLOCAGE

C’est donc l’Opposition qui bloque la mise en place du Comité préparatoire. Ce n’est pas la majorité, un tout petit peu moins la société civile.
De l’avis de nombreux observateurs, il revient à Edem Kodjo de faire preuve d’imagination pour résoudre ces contradictions, car le temps ne s’arrête pas. On ne peut pas rêver du Dialogue sans les travaux de ce comité préparatoire qui doivent précéder le début effectif de ces assises, annoncées par le chef de l’Etat pour permettre l’organisation des élections apaisées. Et c’est maintenant qu’Edem Kodjo doit agir.
Il y va aussi de son crédit personnel, de celui de la Commission africaine de l’UA qui l’a désigné. Et in fine, il y va de l’ensemble de l’ensemble de la communauté internationale.
Car l’Accord-Cadre d’Addis-Abeba signé par le secrétaire général de l’ONU, mais aussi la Résolution 2277 qui parlent de la nécessité du dialogue, portent la marque de la Communauté internationale.
Au nom de tout cela, il faut qu’Edem Kodjo résolve ce problème pour que le Dialogue proprement dit commence. Avec la quasi certitude que les élections ne pourraient se tenir dans le délai constitutionnel, finalement le Dialogue reste l’unique planche de salut pour éviter au pays une espèce de saut dans l’inconnu.

Didier KEBONGO