RDC - Appels d’offres des blocs pétroliers et gaziers : Le CNPAV redoute que le processus mène à un endettement supplémentaire

Mercredi 8 mai 2024 - 19:43
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La République démocratique du Congo a lancé, en juillet 2022, les appels d’offres pour l’exploitation de ses 27 blocs pétroliers et 3 blocs gaziers. Presque 2 ans après, le Congo n’est pas à vendre, s’inquiète de la manière dont le processus est conduit. 

Cette structure de la société civile congolaise redoute que le processus en cours mène à un endettement supplémentaire de l’État congolais. Dans une note d’analyse sur les hydrocarbures publiée, ce mercredi, le CNPAV explique qu’avant l’exploitation proprement dite de ces blocs, le pays s’est déjà endetté à hauteur de 900 millions de dollars américains. 

« Un autre résultat très important qui porte même le nom de ce rapport : des dettes que des recettes. Les expériences du passé ont montré comment le secteur des hydrocarbures a fait endetter la RDC. Dans le cadre de Dig oil, la RDC a été condamnée à payer 619 millions de dollars (américains), seulement par le fait que la RDC n'avait pas approuvé le contrat de Dig oil. À cette phase-là, rien n'est encore exploité, rien n'est encore fait, on est en train de payer Dig oil par notre faute. Nous sommes déjà endettés à ce niveau-là », a révélé Jimmy Munguriek Ufoy, membre de la plateforme CNPAV.

Avant de renchérir : « Aussi dans le cadre des blocs pétroliers  1 et 2 du Graben Albertine où le permis était expiré au tant que le permis de Total dans le bloc 3, mais pour ces blocs, le permis est expiré. Le gouvernement accepte de donner à la société Ventora de Dan Gertler la somme de 240 millions de dollars (américains). Ça signifie qu'aujourd'hui, pendant que les choses n'ont pas encore commencé, nous sommes déjà autour des dettes de plus de 900 millions de dollars (américains). Et tel que le processus a commencé maintenant, il est sans doute que nous allons vers un endettement. Parce que les majors ne vont pas venir pour exploiter le pétrole, ceux qui vont venir seront des spéculateurs qui vont chercher  à vendre à moins cher pour revendre à plus cher, ou encore pour garder ça, comme on a fait avec Dig oil, avec Dan Gertler, ils gardent et demandent au gouvernement de rembourser le temps passé pour des investissements qu'on n'a pas évalués ». 

Le CNPAV note, par ailleurs, plusieurs faiblesses qui caractérisent ce processus d’appels d’offres des blocs pétroliers et gaziers. Il s’agit notamment de l’approbation lacunaire par le Conseil des ministres, du risque des conflits avec les anciens détenteurs desdits blocs, du non-respect des critères de sélection et des principes de transparence bafoués. 

« Premièrement, nous avons commencé par voir le processus d'appels d'offres lui-même, comment il a été lancé. Et nous avons trouvé qu'il y a des informations qui ne sont pas disponibles pour prouver que le processus a été correctement conduit. Par exemple, les comptes-rendus des Conseils des ministres que nous avons exploités, nous ont montrés qu'il y a 16 blocs qui ont été approuvés et le Conseil suivant, 62ᵉ, on a parlé des blocs gaziers qui seraient également soumis aux appels d'offres. Mais au lancement d'appels d'offres, il y a eu lancement de 27 blocs pétroliers et 3 blocs gaziers. Ça veut dire que les blocs supplémentaires, nous n'avons pas trouvé des traces dans un compte-rendu du Conseil des ministres où on a parlé de ça. Un autre aspect qui est notre résultat, montre que l'appel d'offres a été lancé dans un contexte auquel on n'a pas suffisamment des données pour attirer les investisseurs. C'est pour cela, vous pouvez voir que depuis les appels d'offres ont été lancés en 2022, au mois de juillet, jusqu'à aujourd'hui 2024, mois de mai, il n'y a pas toujours un preneur pour les blocs pétroliers », a souligné Jimmy Munguriek Ufoy. 

Le CNPAV évoque, en outre, la transition énergétique en cours dans le monde entier qui pourrait impacter négativement ce processus.

« Avec ce processus, il y a aujourd'hui beaucoup d'États qui s'engagent pour abandonner les énergies fossiles progressivement. Nous, aujourd'hui, pendant que nous voulons lancer ce processus, pendant que les hydrocarbures risquent de ne plus être rentables pour le pays, c'est pour cela que nous avons estimé qu'il est très important que le gouvernement mène une étude réellement objective parce que nous sommes convaincus, qu'avec le contexte global, si le gouvernement met une étude objective, le gouvernement va opter pour une autre possibilité. Parce que d'ici à 10 ans, 15 ans, 20 ans, 50 ans, les hydrocarbures ne seront plus bénéfiques, tels que nous les voyons aujourd'hui », a affirmé ce membre du Congo n’est pas à vendre. 

Pour remettre le train sur les rails, le CNPAV appelle le gouvernement à stopper ce processus en vue de mener des études et analyses objectives, approfondies et holistiques. Cela pour arriver à prendre la décision d’exploiter ou non ces blocs pétroliers et gaziers, voire songer à d’autres possibilités. 

Prince MAYIRO

 

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