Albert Kankienza Muana Mbo, Archevêque général et représentant légal de l'Église La Foi abondante, a inauguré ce mardi 22 juillet 2025, à Kinshasa, le premier symposium des « Compagnons de Daniel » (CODAN). Cette plateforme, qu'il a initiée, rassemble des intellectuels congolais « nés de nouveau ».
Placées sous le thème : « Les résolutions concrètes pour le développement de la République démocratique du Congo », ces assises, dont la clôture est prévue ce jeudi, visent à offrir un espace de discussion approfondie sur les défis politiques et sécuritaires actuels, ainsi que sur les problématiques de gouvernance
Dans son mot d’ouverture, le président des CODAN a dénoncé les initiatives de dialogue politique qui, selon lui, occultent la souffrance des victimes des conflits meurtriers en RDC et la douleur nationale.
Il a insisté sur le fait que « tout dialogue qui nie la mémoire des victimes, tout compromis au détriment des innocents, toute convivialité qui banalise la douleur nationale constitue un affront odieux à la justice ».
Sans nommer explicitement la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) et l'Église du Christ au Congo (ECC), il a critiqué l'attitude de certains dignitaires religieux et regroupements chrétiens. Il leur reproche de s'être attablés, d'avoir partagé des repas et même trinqué avec ceux que la population identifie comme les bourreaux de leur souffrance, alors même que les habitants de l'Est sont massacrés, violés, déplacés et humiliés.
L'Archevêque Kankienza a poursuivi en expliquant que ce type de compromis, souvent justifié sous couvert de diplomatie religieuse, trahit la mission prophétique de l'Église, qui est de « dire la vérité, prendre parti pour la justice, et se tenir aux côtés de ceux qui souffrent ».
Il a appelé à un réveil des consciences au sein du milieu chrétien et à une « repentance publique de ceux qui, au nom d'une paix illusoire, ont trahi la mémoire des martyrs et la souffrance des survivants ».
Il a par ailleurs salué avec une « profonde gratitude les avancées récentes dans les domaines de la paix et de la diplomatie grâce aux efforts constants et déterminés du président de la République, Félix Tshisekedi ». Il a notamment mis en exergue l'accord de paix conclu entre la RDC et le Rwanda sous l'égide des États-Unis, qualifiant cet acte diplomatique « d'expression concrète d'un leadership visionnaire, courageux, tourné vers la stabilité, la réconciliation nationale et la restauration de la dignité du peuple congolais ».
Au-delà des questions politiques, l'initiateur de la plateforme « Les Compagnons de Daniel » a exhorté les Congolais « à une mobilisation unitaire et à un pacte de responsabilité » pour la défense d'un modèle social et culturel solidaire. Il a insisté sur l'impératif d'inverser la tendance actuelle des antivaleurs qui gangrènent la société congolaise.
« Le tribalisme, la trahison facile, l'égoïsme, la gabegie financière, l'enrichissement illicite, le séparatisme, l'absence d'hygiène publique doivent impérativement être remplacés par l'amour de la patrie, la solidarité, l'amour du travail bien fait, l'unité de la défense de la patrie, la justice équitable, l'équité, le respect des droits de l'homme », a-t-il préconisé tout en soulignant que « la lutte contre les antivaleurs ne doit pas rester un slogan »
Il a rejeté l'idée selon laquelle les chrétiens nés de nouveau devraient rester en marge des grands débats nationaux.
Aussi présent à cet événement, Jacques Kangudia, coordonnateur de la Cellule d'Innovation et de Changement des Mentalités (CICM) rattachée à la présidence de la République, a salué une initiative qui « donnera une direction qui pourra être utile pour l'avenir de notre pays ».
Le pasteur Gode Mpoy a quant à lui mis l'accent sur l'importance de la réforme de l'éducation comme l'une des thématiques principales de ces assises, regrettant une propension à la diplomation au détriment de l'éducation de qualité.
Ce symposium de trois jours, qui rassemble des chrétiens, des églises de réveil, des mouvements évangéliques et des groupes charismatiques de prière, vise à créer un espace de dialogue ouvert et constructif pour échanger des connaissances et des expériences afin de favoriser l'émergence de pistes d'actions concrètes.
« Nous ne sommes pas ici pour débattre des dogmes ni pour créer un énième regroupement religieux. Nous sommes ici pour affirmer des vérités souvent passées sous silence : que parmi les chrétiens nés de nouveau, il y a des Daniel, des Joseph, des Esther, des Néhémie qui sont intelligents, compétents, stratèges, experts et capables d'apporter des réponses concrètes aux défis de la Nation », a souligné l'Archevêque Kankienza.
Les résolutions qui sortiront de ces assises seront remises au chef de l’État Félix Tshisekedi.
Merveil Molo