
Le porte-parole du gouvernement fustige le débat sur le fédéralisme qu'a ouvert Olivier Kamitatu, proche de l'opposant Moïse Katumbi, en cette période où la République démocratique du Congo est agressée par son voisin, le Rwanda.
Pour Patrick Muyaya, c'est malsain et indécent pour le camp Katumbi qui n'a jamais condamné l'agression rwandaise, d'ouvrir ce débat.
« C'est très malsain et indécent de vouloir ouvrir un débat comme celui-là dans un contexte où vous n'avez jamais eu le courage de condamner ceux qui ont touché à l'intégrité du territoire national. Vous voulez parler du fédéralisme d'un territoire où vous avez des agresseurs qui y sont, qui tuent tous les jours. Vous n'avez jamais eu le moindre bon sens, exprimé votre solidarité pour vos propres compatriotes qui sont des victimes quotidiennes. Vouloir amener un tel débat, ça signifie simplement qu'on veut déplacer le curseur parce que l'annonce qu'on a faite n'a pas donné des résultats. Et donc, c'est à la limite choquant d'ailleurs », a déclaré le ministre de la Communication et médias lors du briefing presse tenu lundi à Kinshasa.
Il a ajouté que cette proposition de l'ancien président de l'Assemblée nationale soutient l'idée de ceux qui pensent qu'il est temps de balkaniser la RD Congo.
« C'est tellement suspect que ça soutient l'idée de ceux qui pensent que c'est le moment de balkaniser la RDC. Et c'est ça l'intention cachée, c'est ça justement le côté malveillant de ce débat qui peut paraître au départ intéressant, mais en réalité qui ne l'est pas », a affirmé le ministre Muyaya.
Dans le contexte actuel, a-t-il renchéri, « ce qui importe pour tous les Congolais qui tiennent à la République démocratique du Congo, c'est d'abord le retour à l'intégrité territoriale ».
« Il n'y a rien qui ne vaille plus que ça. Après, on peut débattre, on peut être unitaire, fédéraliste, mais dans un contexte comme celui-ci, vouloir faire un débat, c'est de l'indécence tout simplement », a dit le porte-parole du gouvernement Suminwa.
Même son de cloche pour le vice-premier ministre de l'Économie, Daniel Mukoko Samba, qui pense qu'il faut au préalable retrouver l'intégrité territoriale avant d'ouvrir un tel débat.
« Aujourd’hui, retrouvons d’abord l’intégrité du territoire national. De la même manière que le gouvernement a fait fort, que le chef de l’État n’a pas flanché pour faire respecter la souveraineté monétaire, dans ce pays on a déjà connu des zones monétaires : la zone monétaire du Kasaï qui n’accepterait pas les nouveaux zaïres et continuait à utiliser les anciens zaïres, et l’autre zone. Et puis un jour, les deux ont été réunies et nous sommes restés un seul pays, un pays uni. Il en sera de même , nous allons retrouver ces parties du Nord-Kivu et du Sud-Kivu qui sont occupées pour que le Congo demeure un seul pays uni et le débat sur la forme de l’État reviendra peut-être. Mais pour l’instant, nous avons peut-être intérêts à d’abord faire fonctionner ce système d’État unitaire largement décentralisé », a-t-il soutenu.
Le directeur de cabinet et porte-parole de Moïse Katumbi propose un système fédéral articulé autour de cinq vastes régions. Ce système permettrait, à en croire Olivier Kamitatu, à ces régions d'avoir une plus grande autonomie dans la gestion de leurs ressources naturelles et l'élaboration de politiques adaptées à leurs spécificités économiques, sociales et culturelles.
Prince Mayiro