Jean-Claude Katende : « Si la fuite de Jacques Kyabula est avérée, il faut organiser rapidement l’élection pour éviter le cas de Fifi Masuka »

Vendredi 18 juillet 2025 - 21:11
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La disparition du gouverneur du Haut-Katanga, Jacques Kyabula Katwe depuis une semaine des radars, continue d’alimenter la polémique. Alors que les spéculations vont bon train sur son absence prolongée, Maître Jean-Claude Katende, président de l’Association africaine de défense des droits de l’homme (ASADHO), évoque à la fois les incertitudes autour de l’état de santé de Kyabula, les soupçons de fuite, et les enjeux politiques qui entourent sa succession.

Dans un entretien ce vendredi 18 juillet 2025 à 7SUR7.CD, sur les rumeurs qui circulent, Jean-Claude Katende se veut prudent, mais soulève un besoin pressant de clarté.

« Si Kyabula est à l’hôpital, qu'on le dise ; s'il a fui, il a peut-être des choses à se reprocher », a-t-il déclaré tout en relevant que déclarant que le flou qui entoure l’absence du gouverneur crée de « l’inquiétude dans l’opinion publique ».

« Si monsieur Kyabula est dans un hôpital, les autorités peuvent lui rendre visite. Mais le fait que plusieurs versions circulent sur sa disparition montre qu’il y a un problème de transparence. », a-t-il ajouté.

Le président de l’ASADHO s’inquiète également de la rapidité avec laquelle le pouvoir central semble vouloir tourner la page de Jacques Kyabula alors qu'il était un allié de taille dans l'union sacrée de la nation. Il pointe notamment la nomination du vice-gouverneur, Martin Kazembe, membre de l’UDPS, comme intérimaire.

« Le vice-gouverneur est de l’UDPS, tout comme Kyabula faisait partie de la mosaïque UDPS. La précipitation dans les décisions du ministre de l’Intérieur nous inquiète », affirme Maître Jean-Claude Katende. Il y voit un possible calcul politique visant à placer un “fils-maison” à la tête de la province, sans passer par les urnes.

Face à cette situation, la seule issue acceptable, selon l'ASADHO, reste le recours à un processus démocratique clair et rapide.

« Il ne sera plus possible que Kyabula revienne et occupe encore son fauteuil. Tout ce que nous pouvons demander, c’est d’éviter la situation que nous avons connue avec Mme Fifi Masuka au Lualaba. Si la fuite de Jacques Kyabula est avérée, il faut organiser rapidement l’élection pour éviter le cas de Fifi Masuka», a averti cet activiste des droits humains et qui appelle à rompre avec les arrangements politiques improvisés au sommet de certaines provinces.

Revenant sur le discours tenu par Jacques Kyabula avant sa disparition, Jean-Claude Katende estime que ses propos ont été mal compris. Il affirme que le gouverneur n’a fait qu’évoquer une réalité souvent répétée par les autorités elles-mêmes.

« Il a dit des choses que tout le monde dit, mais en choisissant des mots qui ne convenaient pas. Le président de la République a toujours dit que le vrai problème, c’est le Rwanda, et que les autres groupes rebelles ne sont que des marionnettes », précise-t-il.

Ainsi, pour maître Jean-Claude Katende, les accusations selon lesquelles Kyabula aurait collaboré avec des forces hostiles sur base de ce seul discours sont exagérées.

« C’est un argument qui n’est pas très solide », a-t-il estimé.

Dans une province stratégique comme le Haut-Katanga, toute instabilité au sommet de l’État peut avoir des répercussions majeures. En appelant à la transparence, au respect des institutions et à l’organisation rapide d’un scrutin, l’ASADHO veut éviter que cette crise ne plonge davantage la province dans l’incertitude politique.

Patient Lukusa, à Lubumbashi

 

AfroPari Juillet 2025