La liste des détourneurs s’allonge, le Conseiller Spécial du chef de l’Etat en charge de la Bonne Gouvernance et la lutte contre le blanchiment a été saisi par Léon Engulu III, Coordonnateur adjoint du Mécanisme National de Suivi de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, pour effectuer une médiation au sein du Comité Exécutif du Mécanisme National de Suivi (MNS), structure chargée de superviser les réformes et la démobilisation des ex-combattants des groupes armés démobilisés par la Brigade d’intervention de la Monusco.
Après 26 mois d’activités et de nombreuses correspondances adressées à François Muamba, Coordonnateur du Mécanisme National de Suivi issu des rangs de l’opposition, ce dernier persiste et signe : il n’a pas l’intention de partager les frais de fonctionnement avec les Coordonnateurs adjoints Léon Engulu III, ancien conseiller politique du ministre des Affaires étrangères Raymond Tshibanda et Me Odya Kalinda, ancienne vice-ministre de la Justice. L’ancien Secrétaire général du MLC, chassé de ce parti par les fidèles de Jean-Pierre Bemba dont il disputait le leadership en voulant présenter sa candidature à la présidence de la République n’entend aucun conseil. Saisi du dossier, le Président de la République avait organisé en 2014 une tentative de réconciliation par le canal de son ancien Directeur de Cabinet Gustave Beya Siku, qui avait en son temps prodigué des conseils de gestion à François Muamba. Malgré cela, l’ancien membre de l’UDPS, du MPR et du MLC, aujourd’hui président de l’ADR considère que sa nomination à la tête du Mécanisme National de Suivi est une récompense personnelle pour services rendus au Président de la République et écarte ses adjoints de la gestion collégiale qui doit prévaloir dans une coordination.
Que cache l’attitude de Muamba ?
On se souviendra qu’il y a quelque temps, le remuant député national Frank Diongo avait dénoncé le détournement de la dotation prévue pour le porte-parole de l’opposition au profit du MNS. L’ancien ministre délégué des Finances Patrice Kitebi avait déclaré à la tribune de l’Assemblée nationale que les fonds destinés au fonctionnement du porte-parolat de l’opposition avaient été logés à la BGFI BANK dans le compte du MNS, soit près de 400.000 dollars. L’Honorable Diongo avait bruyamment signalé à l’opinion que les Coordonnateurs adjoints n’étaient au courant de rien, brandissant sur les plateaux de télévision des correspondances dénonçant la gestion solitaire des finances du MNS par François Muamba. Que cache le refus de Muamba ? Il est certain que les fonds destinés au porte-parole de l’opposition ont été effectivement envoyé au MNS mais à quoi ont-ils servi ? Le MNS a hérité du mobilier de bureau issu du Commissariat général à la Francophonie et n’a pas eu besoin d’effectuer des dépenses d’installation dans ses locaux du 17 avenue de la Justice à la Gombe. Kitebi et Muamba ont-ils quelque chose à se reprocher autour de l’utilisation finale des fonds destinés à l’opposition ? Que sont-ils devenus ? Ces fonds ont-ils servi au financement de son parti ADR ? Pourquoi François Muamba refuse-t-il de communiquer les éléments financiers de la gestion du MNS à Léon Engulu III, Coordonnateur adjoint assurant l’intérim ?
Luzolo dans la danse
La multiplication des plaintes de personnalités publiques pour détournement, dont les correspondances adressées précédemment par Engulu III à la Haute Hiérarchie, a conduit Joseph Kabila à taper du poing sur la table et à envoyer l’ancien ministre de la Justice auprès du Procureur Général Flory Kabange avec une pile de dossier de détournement commis par des personnalités au-dessus de tout soupçon dont le comportement sape l’action du Président de la République. Luzolo Bambi devra déterminer les raisons pour lesquelles François Muamba préfère gérer les finances du MNS avec son homme à tout faire Gérard Tumba Kaniki, qui se présente faussement auprès des partenaires comme le Directeur de Cabinet du MNS, écartant les deux Coordonnateurs adjoints issus des rangs de la majorité présidentielle, qu’il considère comme des ennemis personnels. Luzolo devra demander des explications à François Muamba qui refuse de communiquer à ses adjoints la liste de paye, le nombre effectif des agents du MNS et les justificatifs d’utilisation des fonds envoyés par le Premier ministre Matata Ponyo, sachant que selon les informations fournies par Frank Diongo, près de 80.000 dollars mensuels sont envoyés à la BGFI pour une enveloppe salariale de 25.000 dollars environ. Quid des 50.000 dollars restant ? En multipliant cette somme par 26 mois d’activité depuis le 13 mai 2013, c’est pas moins de 1.300.000 dollars qui doivent être justifiés par François Muamba, alors que les Coordonnateurs adjoints du MNS n’ont ni frais de fonctionnement, ni véhicule de fonction.
Injures chez Boshab
Le conflit entre François Muamba et Léon Engulu III a pris des proportions institutionnelles lorsqu’en février dernier Muamba a injurié son adjoint dans l’antichambre du Vice-Premier ministre Evariste Boshab, à qui le Président de la République avait confié une nouvelle mission de conciliation. Muamba avait refusé de pénétrer dans le bureau de l’ancien président de l’Assemblée nationale en présence d’Engulu, tempêtant qu’il refusait d’être mis en présence « d’un tel personnage », au grand désarroi de Boshab et des membres de son cabinet, consternés par une telle attitude. En créant cet esclandre, Muamba cherchait à éviter de répondre aux arguments fondés de son adjoint, qui lui réclame légitimement des comptes sur sa gestion du MNS. Evariste Boshab, membre du Comité de Pilotage du MNS souhaitait demander à Muamba de se conformer aux pratiques républicaines dans la gestion des affaires de l’Etat.
Affaire à suivre…
Les sources proches du dossier ont révélé qu’un certain Noël Mbuya, collaborateur financier de François Muamba a déjà été entendu au parquet de Grande instance de la Gombe après son refus de communiquer les pièces comptable et financières aux Coordonnateurs adjoints Engulu et Kalinda. Mbuya aurait révélé aux enquêteurs qu’il agissait suivant les instructions de Muamba, avec l’ordre de ne communiquer aucune information sur les opérations effectuées par son chef à la BGFI. Le Coordonnateur adjoint Léon Engulu III semble pour sa part déterminé à obtenir des explications ce qu’il faut bien appeler détournement aussitôt que Muamba refuse de rendre compte. Le MNS étant d’une importance capitale pour la supervision des réformes, le Président de la République est appelé à prendre des mesures contre la mégestion de François Muamba. Voilà le type d’impunité que la population souhaite voir sanctionner…
Kaji