C’est dans les deux prochains jours que Thomas Perriello, nouvel envoyé spécial de Barack Obama dans les Grands Lacs débarque à nouveau à Kinshasa. Sur l’agenda du successeur du sénateur démocrate Russ Feingold, des questions d’ordre politique et électoral dont il va discuter avec les autorités congolaises. Mais surtout, l’épineuse problématique du désarmement forcé des combattants hutu rwandais des FDLR.
C’est ici où les Congolais attendent de le voir venir avec des propositions dans le sens d’obtenir un fléchissement du pouvoir rwandais pour un retour de ces combattants hutu dans leur pays. C’est le vœu qu’on entend sur toutes les lèvres en RDC, surtout dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu dont encore contrées sont certaines sous la coupe des FDLR.
L’heure est venue pour que la Communauté internationale cesse de jouer à la politique de l’autruche en voyant la solution à la question des FDLR du côté de la RDC. Alors qu’elle est bel et bien au Rwanda.
C’est là qu’on attend de voir à l’œuvre Thomas Perriello faisant des pressions sur Paul Kagame pour qu’il ouvre l’espace politique et engage un processus des négociations avec le leadership des FDLR pour leur retour sécurisé au pays. Il n’y a pas une autre solution.
Si l’envoyé spécial américain ne s’engage pas sur cette nouvelle piste, il sera sur les mêmes sentiers battus et n’apportera donc aucune innovation dans la doctrine américaine sur les FDLR. Ces derniers sont tenus de rentrer chez eux au Rwanda et non se cramponner en RDC. Mais c’est plus facile à dire qu’à réaliser.
FAIRE DES PRESSIONS SUR LE RWANDA
Un tel processus n’est possible qu’avec l’implication de la Communauté internationale faisant pression sur les autorités rwandaises. On ne cessera jamais de l’affirmer haut et fort, sur tous les toits.
Par ailleurs, la deuxième visite de Thomas Perriello en RDC coïncide avec le gel du programme de la Monusco pour le soutien matériel et logistique des combattants FDLR qui avaient désarmé volontairement et qui sont cantonnés sur trois sites notamment à Kisangani, en Province Orientale, à Kanyabayonga, au Nord-Kivu et à Bukavu dans le Sud-Kivu.
Pour des difficultés d’ordre budgétaire, la Monusco met un terme à cette prise en charge de ces combattants démobilisés qui sont éligibles au processus DDRRR et demande au gouvernement congolais d’assumer ses responsabilités. A la Société civile du Nord-Kivu, on proteste tout en comprenant les motivations de la Monusco.
En attendant que le gouvernement prenne en main cette charge, il serait utile que la Monusco continue la prise en charge actuelle. Une inquiétude légitime de la Société civile du Nord-Kivu qui est justifiée à juste titre.
UN MAUVAIS SIGNAL AUPRES D’AUTRES CANDIDATS A LA DEMOBILISATION
On se rappelle que plusieurs fois les ex-combattants nationaux démobilisés et cantonnés au camp-militaire commandos de Rumangabo, à l’Equateur, aux frais du gouvernement, ont maintes fois provoqué des mutineries de la faim. Car, ont-ils accusé, abandonné à leur propre sort. L’année dernière, il y avait même eu des morts parmi les enfants des démobilisés.
Cette année encore, les FDLR se sont révoltés à Kotakoli et ont pillé le magasin des armes, vandalisé la pauvre population, violé des femmes, à cause de la faim. D’où, des craintes de voir se reproduire le même phénomène dans des camps de cantonnement des FDLR après le gel de la prise en charge par la Monusco.
Ce qui donnerait un mauvais signal auprès d’autres FDLR, tentés par une démobilisation volontaire. Ce serait un mauvais exemple qui donnerait la désagréable impression que ceux qui avaient désarmé volontairement, avaient tort. Car ils sont en train de passer des moments difficiles aux sites de cantonnement.
Le souhait des Congolais est que la Monusco, qui dispose plutôt d’un budget conséquent puisse allouer des ressources à la prise en charge de ces trois sites de cantonnement de ces ex-combattants.
Ce serait aussi faire le jeu du Rwanda qui tient à ce que ces Hutu rwandais des FDLR désarment le moins possible. Et surtout qu’ils soient toujours des plus actifs sur les hauteurs des collines verdoyantes de l’eldorado du Nord-Kivu, afin de pérenniser le pillage des ressources de la RDC par l’armée rwandaise sous prétexte d’exercer le droit de poursuite. C’est cela que Thomas Perriello doit comprendre. KANDOLO M.