Fort de son standing classique, Africana Palace sis avenue des huileries a été, lundi 2 novembre 2015, le haut lieu de la journée internationale contre l’impunité des crimes contre les journalistes, organisé par Journaliste en Danger et initiée par le Secrétaire Général des Nations Unies, Ban Ki-moon. Ce, en mémoire de deux journalistes français assassinés à Kidal, au Mali. Un événement universel, un lieu de réflexion et d’échanges sur la prise de conscience de chevaliers de la plume et de micro, sur la dénonciation responsable des bourreaux qui se cachent derrière chaque crime contre le journaliste et sur les enjeux de l’impunité. A la présentation de son rapport, le Secrétaire Général de Journaliste en Danger (JED) a souligné que derrière un crime contre le journaliste il y a un bourreau. Les panelistes ont recommandé aux journalistes de dénoncer le criminel. C’est le prix à payer pour mettre fin à l’impunité. Ils ont exigé que JED publie les noms des bourreaux dans le rapport annuel de 2016. C’est la plus noble contribution de la presse dans la lutte contre l’impunité en RDC.
Deux panelistes ont éclairé le chemin que doit suivre le journaliste pour protéger la noblesse de son travail et pour mettre fin aux crimes contre les journalistes. Lutter contre l’impunité nécessite un mariage entre le journaliste et la justice. Le procureur Mwehu Kahozi Ghislain a suffisamment rappelé aux journalistes les règles d’éthique et de déontologie. Il a estimé que les journalistes sont parfois incarcérés pour des faits qui touchent à l’honneur, crédibilité, vie privée des personnes. Pour lui, le journaliste peut avoir dénoncé un fait réel. Comme c’est une vérité, la personne dénoncée juge utile de le faire taire en allant en justice. S’agissant de l’impunité, il a soutenu que dans un Etat de droit, il doit y avoir des sanctions. «L’absence de l’Etat dans les faits avérés c’est ce que nous décrions aujourd’hui. Cette absence est faite par les hommes qui sont habilités à sanctionner parce que les faits sont portés à leur présence pour appliquer la loi dans la justice », a-t-il fait savoir. Que faire aujourd’hui où l’on se souvienne de deux journalistes français tués à Kidal au Mali ? Les journalistes doivent faire un lobbying pour la dépénalisation de délit de presse. « La dépénalisation est en rapport avec la mission du journaliste. Mais, l’impunité c’est l’absence voulue de ne pas sanctionner l’auteur de crime ». C’est ainsi qu’il a appelé le journaliste à plus de dextérité sur la liberté de la presse et la liberté d’expression. Selon lui, la presse doit dénoncer des faits infractionnels à mettre à charge des personnes bien précises.
Intervenant à ce stade, Me Kabongo-Nzevu a demandé aux journalistes de ne pas transformer cette journée en une journée de lamentation ou des jérémiades. Pour lui, les journalistes doivent prendre conscience de la réalité sur le crime de sang de Kidal. ‘’Les Nations civilisées ont constaté que trop c’est trop, il faut arrêter l’hémorragie. Il ne faut pas qu’il ait encore une goutte de sang du journaliste qui coule’’ interpelle-t-il les chevaliers de la plume et de micro. Il faut aller de l’avant, martèle G. Kabongo-Nzevu lorsqu’il fait observer qu’il y a un problème sur les enquêtes diligentées qui ne reflètent pas la promptitude moins l’effectivité. Il invite les journalistes à faire des enquêtes sur les crimes qui ne sont pas punis où de faire en sorte que les crimes des journalistes ne soient pas versés dans les listes noires. « Les crimes ne sont pas punis parce que ils ne sont pas poursuivis. Les journalistes doit citer le nom de la personne qui est mise en cause». Il a souhaité que la presse renforce la résolution de l’ONU. Qu’elle considère que le crime de sang contre un journaliste soit pris comme un crime contre l’humanité, un crime indescriptible. D’une part, il a dénoncé l’insouciance du journaliste et, de l’autre, l’invite à prendre ses responsabilités pour les générations futures. Selon lui, le journaliste doit s’impliquer en tendant son micro au Magistrat pour susciter l’existence d’un dossier et éviter qu’il soit jeté dans les oubliettes.
Peter Tshibangu