Le directeur exécutif de l’ONG La Voix des sans-voix pour les droits de l’homme(VSV), Floribert Chebeya, a été retrouvé mort dans sa voiture le 1er juin 2010 près de Kinshasa. Son chauffeur, Fidèle Bazana Edadi, également membre de l’organisation, a disparu. Mais cinq ans après, plusieurs ONG de défense des droits de l’homme remettent la version officielle en cause et dénoncent un » assassinat ignoble « .
Comme chaque année, une manifestation est prévue le lundi 1er juin 2015 au cimetière de Mbenseke Nouvelle cité où repose pour l’éternité Floribert Chebeya.
L’occasion pour les diplomates occidentaux, les délégués de la société civile, les membres de la famille biologique de l’illustre disparu ainsi que la famille des défenseurs de droits de l’homme de se recueillir sur la tombe de ce brave défenseur.
Cinq ans après la mort de Floribert Chebeya, l’ONG dont il était directeur exécutif dénonce la lenteur de la justice militaire congolaise. L’Ongdh accuse la justice de tenter de faire oublier ce meurtre.
Cinq ans après » cet ignoble assassinat « , la VSV dit s’inquiéter que » la justice congolaise joue à l’usure du temps aux fins de plonger la population dans l’oubli « .
Cet anniversaire intervient dans un moment où la Haute Cour Militaire (HCM) qui statue sur ce dossier au second degré, se comporte en une cour de miracle épargnant le suspect n°1, l’ex général John Numbi Tambo Banza.
Floribert Chebeya, 47 ans, avait été retrouvé mort le 2 juin à l’arrière de sa voiture, les mains liées dans le dos, sur une route en périphérie de la capitale congolaise, au lendemain d’un rendez-vous à l’inspection générale de la police à Kinshasa, avec l’ex chef de la police, le général John Numbi.
L’autopsie, réalisée le 11 juin par des experts légistes néerlandais, avait conclu » fortement en faveur d’une cause primaire (du décès) impliquant le cœur « . Le corps de son chauffeur, Fidèle Bazana, disparu avec lui, n’a toujours pas été retrouvé.
Enquête indépendante
Suspendu dans le cadre de l’enquête, le général Numbi a été auditionné le 17 août par l’auditorat général militaire de Kinshasa.
» L’opinion s’interroge cependant sur l’impuissance de l’Etat à procéder à (son) arrestation immédiate « , a affirmé la VSV, demandant à nouveau la mise en place d’une » commission d’enquête internationale indépendante et crédible » pour faire la lumière sur la mort de son ancien directeur exécutif.
Rendez-vous mystérieux
La veille, Floribert Chebeya avait été convoqué » à un rendez-vous sollicité par l’inspecteur général de la police nationale congolaise de l’époque, le général John Numbi, lors d’un appel téléphonique, dans la matinée. Floribert Chebaya s’y était rendu avec son chauffeur.
De son vivant, le directeur exécutif de la VSV avait envoyé un courrier demandant à l’inspection son » intervention pour l’humanisation des conditions carcérales « . Le 28 mai, un certain » Michel « , se réclamant de » l’inspection générale de la police « , s’était rendu à la VSV pour remettre un accusé de réception du courrier, d’après l’organisation.
Par Godé Kalonji Mukendi