Apparemment non content de violer régulièrement l’espace territorial congolais au niveau du corridor Est de la Province Orientale, l’Ouganda semble avoir changé de stratégie de provocation contre la République Démocratique du Congo. Le pays de Yoweri Museveni semble avoir opté, cette fois, pour l’asphyxie de cette partie du territoire congolais en décrétant, sans avis ni motif, la fermeture de la frontière commune au niveau de la cité d’Aru, voisine à l’agglomération ougandaise de Vura.
Selon Radio Okapi, c’est depuis deux semaines que le poste frontalier de Vura est fermé par la partie ougandaise, paralysant du coup les activités commerciales, douanières, agricoles et autres dans la cité d’Aru et ses environs. Non seulement les opérateurs économiques congolais ne savent plus faire passer leurs marchandises importées mais surtout les populations congolaises ne peuvent plus s’approvisionner en produits de première nécessité de l’autre côté de la frontière.
Les douaniers congolais opérant au poste d’Aru sont réduits au chômage tandis que les activités économiques tournent au ralenti. La disette commence déjà à frapper aux portes de plusieurs services publics et de nombreux foyers. Inquiets, les autochtones congolais attendent une réaction de leur gouvernement. Mais ici, toute prise de position est subordonnée à la pleine connaissance du dossier, à travers un rapport circonstancié attendu des autorités locales.
Des campagnes militaires au blocus économique
L’Ouganda partage, avec le Rwanda, la triste réputation d’Etats guerriers décidés à ne pas laisser les filles et fils du Congo retrouver la voie de la paix, pourtant largement déblayée en décembre 2002, à travers la signature de l’Accord global et inclusif de Sun City, au terme du Dialogue Intercongolais. En effet, ces deux pays sont régulièrement cités, dans les rapports des Nations Unies comme ceux des Ong de défense des droits de l’homme, comme principaux parrains des forces négatives internes (CNDP de Bosco Ntaganda, M23 de Sultani Makenga, Mai-Mai) et externes (ADF, FDLR) épinglées comme ennemies de la paix et de la stabilité de la République Démocratique du Congo. Mais, en dépit des campagnes militaires diverses qu’ils mènent tantôt à visages découverts (soutien aux Kadogode Mzee Kabila contre Mobutu de 1996 à 1997, ensuite aux rébellions du RCD, du MLC, du RCD/N, du RCD/KI ML) de 1998 à 2003 puis de 2009 à nos jours tantôt sous couvert de mouvements rebelles congolais, tantôt sous celui des forces négatives étrangères, le grand Congo n’éclate toujours pas en Républiquettes.
L’incapacité des forces négatives à faire imploser la RDC comme Etat ayant montré ses limites, l’on pense que l’Ouganda aujourd’hui, et peut-être le Rwanda demain, vont chercher à bloquer économiquement les provinces congolaises frontalières avec les leurs. L’objectif visé est sans aucun doute de les pousser à la révolte, car l’exil leur est interdit à travers la multiplication par deux, au niveau de l’administration ougandaise, des tarifs de délivrance des visas d’entrée. Bref, les Congolais sont en train d’être sanctionnés économiquement pour la simple et bonne raison qu’ils tiennent à l’unité de leur pays et à l’intangibilité de ses frontières.
Projets intégrateurs régionaux : danger !
L’idée du financement, par les institutions financières internationales (Banque Mondiale, Fonds Monétaire International) ou africaines (Banque Africaine de Développement), des projets intégrateurs entre peuples de Grands Lacs, afin de mettre un terme à l’interminable cycle des conflits armés, aura du mal à tenir la route dans un environnement où les Congolais paraissent comme les mal-aimés de cette sous-région. Le gigantesque espace géographique leur légué par leurs ancêtres et les fabuleuses ressources naturelles dont le Créateur a doté leur patrie, leur valent des convoitises de toutes sortes de la part de leurs voisins.
Il serait risqué, pour l’Etat congolais et ses citoyens, de fonder tous leurs espoirs sur des routes, des chemins de fer, des lignes aériennes, des ports, des barrages hydroélectriques, des industries pétrolières, minières ou autres, des fermes agro-pastorales, des universités, des usines de production d’eau potable ou de gaz méthane... à exploiter en partage avec le Rwanda, l’Ouganda ou le Burundi, compte tenu des aléas d’une cohabitation en dents de scie.
Plutôt que de laisser l’avenir et le devenir de son peuple à la merci de la générosité internationale, l’Etat congolais aurait intérêt à promouvoir des projets de développement tournés vers le marché intérieur. La leçon de la guerre d’Angola, avec comme corollaire la rupture des axes ferroviaires Katanga-Lobito et Katanga-Bengwela pendant plus de deux décennies, devrait interpeller ceux des gouvernants congolais qui seraient tentés de foncer, tête baissée, vers ces fameux projets intégrateurs sous-régionaux dont la jouissance est tributaire des caprices des voisins que les Congolais connaissent fort bien.
Par Kimp