Le nouvel appel de l’ONU : Dialogue et droits de l’homme ; le couple inséparable

Vendredi 22 juillet 2016 - 12:18
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Si le système des Nations unies adhère au projet d’un dialogue politique pour des élections apaisées en RDC, il relève cependant un hic : ce forum ne peut se tenir dans un contexte de violation perpétuelle des droits de l’homme. L‘ONU estime que tout doit être mis en œuvre pour « un dialogue ouvert et honnête ». C’est le sens de la déclaration faite jeudi à Kinshasa par le Haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme en accouplant dialogue et respect des droits de l’homme.

 

Peut-on parler d’un dialogue lorsqu’en même temps il se prolifère dans le pays le harcèlement des représentants de la société civile et des journalistes, la répression des voix qui s’opposent au Gouvernement et des dispersions excessives et parfois mortelles de manifestations?

Pour le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, le pouvoir en place à Kinshasa doit envoyer des signaux qui rassurent. Il s’agit de garantir les droits de l’homme de manière à sécuriser les uns et les autres en vue d’un « dialogue ouvert et honnête ». C’est la position qu’il a défendue, hier jeudi, devant la presse ; une position qui cadre avec celle qu’a toujours prônée l’Organisation des Nations unies (ONU).

 

Dans tous les cas, les Nations unies se sont totalement inscrites dans la dynamique du dialogue. « Le Président a appelé à un dialogue national relatif aux élections à venir. Je soutiens cet appel», a indiqué Zeid Ra’ad AI Hussein. Cependant, vu de New-York, siège de l’ONU, «pour surmonter les nombreux défis auxquels est confronté le pays, il faut un dialogue ouvert et honnête ».

 

PAS DE DIALOGUE SANS DROITS DE L’HOMME

Au fond, l’ONU s’attend à la tenue du dialogue dans un environnement politique apaisé. Les Nations unies sont d’avis que «ce dialogue est tout simplement impossible dans une atmosphère qui étouffent la discussion et l’expression de griefs et d’opinions; et ou des médias indépendants et le respect des libertés fondamentales sont menacés ». A l’Onu, « le respect des droits de l’homme pour tous est essentiel à tout dialogue inclusif et crédible et c’est pourquoi il doit être au centre de celui prévu en RDC». A cet effet, « il faut, soutient-elle, des garanties juridiques qui permettent aux personnes d’exprimer leurs points de vue et de travailler ensemble, sans craintes de représailles des forces de sécurité ou des autorités judiciaires. La jeunesse congolaise est l’un des plus grands atouts de ce pays, si riche en ressources».

 

Or, pendant son séjour en RDC, le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme dit avoir recensé un nombre impressionnant de graves violations de droits de l’homme. Pire, les victimes, s’indigne-t-il, se recrutent généralement dans les rangs de ceux quai s’opposent ou critiquent la politique du gouvernement.

 

Troublé par les nombreux rapports dénonçant la pratique de deux poids deux mesures concernant les rassemblements publics, il a regretté le fait que les manifestations et réunions organisées par l’Opposition et parla Société civile soient souvent entravées et réprimées tandis que celles de la Majorité présidentielle se déroulent sans obstruction.

Saluant l’engagement pris par les autorités congolaises dans leurs différents échanges, il a indiqué qu’il entend maintenant les juger par les actes. «Tout d’abord, je note l’engagement dntensif1er notre coopération en matière de droits de l’homme. A cet égard, je soumettrai une liste de personne détenues qui, selon nous, devraient être immédiatement relâchées. J’ai été informé que désormais les détenus seront rapidement transférés des cachots de l’ANR vers les centres de détention régulière où les magistrats civils détermineront le statut de leur dossier. Je suivrai avec attention ces développements», a promis le haut-commissaire des Nations unies pour les droits de l’homme.

 

Faut-il s’attendre à un rebondissement dans les jours à venir ? En tout cas, en ce qui se rapporte aux droits de l’homme1 les Nations unies tiennent Kinshasa à l’œil. Pour l’ONU, Kinshasa doit rassurer s’il tient réellement à la tenue d’un dialogue, selon le vœu maintes fois exprimé par le chef de l’Etat, Joseph Kabila. De ce point de vue, le respect des droits de l’homme demeure le point sur lequel l’ONU entend juger de la bonne volonté de la Majorité au pouvoir de concourir à la tenue d’un « dialogue ouvert et sincère ».

Par LE POTENTIEL