La cote de la RDC, vue sous les prismes de l’Evaluation des Politiques de la Performance des Pays (CPIA), est passée de 2,7 à 2,9 en 2013, soit une progression de 0,2. En 2014, elle a obtenu 3 sur 6. Seule nation, à avoir : réalisé un tel exploit deux années de suite, sa performance reste cependant en deçà de la moyenne des pays de l’Association Internationale de Développement (IDA) de l’Afrique subsaharienne établie à 3,2 sur 6. D’où, l’atelier organisé mi-décembre à Kinshasa par le Gouvernement, de concert avec la Banque Mondiale (BM). Objectif : renforcer les capacités des ministères sectoriels et des services techniques pour une meilleure compréhension des critères et de la méthodologie d’évaluation du CPIA.
Le Directeur des Opérations de la Banque Mondiale, Moustapha Ndiaye, explique que l’évaluation CPIA est un exercice réalisé par cette institution dans le domaine de la gestion économique et de la gouvernance. Il s’agit, dit-il, d’une évaluation qui vise à déterminer l’allocation de fonds du groupe de la BM accordée aux pays les plus pauvres.
Tout en reconnaissant l’exploit de la RDC de ces dernières années, Moustapha Ndiaye a indiqué que les progrès les plus notables sont au niveau de la dotation dans deux cas. Notamment la stabilité macro-économique et l’adhésion du pays au système OHADA et la réduction de micro taxes.
Un retard est cependant perceptible au niveau de l’Etat, de la transparence de la gouvernance politique en faveur de l’inclusion où beaucoup reste encore à faire. Ces retards, selon le Directeur des Opérations de la BM, sont des défis pour le développement.
La ministre du Portefeuille, Louise Munga, au nom du ministre des Finances, a soutenu que l’amélioration de la gouvernance, dans toutes ses dimensions figure au cœur de l’action du Gouvernement congolais, désireux de faire de la RD Congo, un Etat émergent à l’horizon 2030.
Sur cet aspect précis des choses, précise Louise Munga, plusieurs instruments sont mis en œuvre notamment, la matrice de mesure de gouvernance économique et les mesures pour l’amélioration du climat des affaires et du Doing Business.
Selon la ministre, chaque année, la BM évalue les performances des pays à faibles revenus en matière de gouvernance, particulièrement la qualité des politiques et des institutions. Cet exercice est sanctionné par la publication du rapport CPIA et lui permet de déterminer les allocations de prêts sans intérêts des pays bénéficiant de l’appui IDA, en fonction de notes obtenues par chacun.
Depuis la coopération multilatérale en 2002, la note CPIA de la RD Congo est demeurée stationnaire autour de 2,7 sur 6 points, soit 45%, niveau inférieur à la moyenne des pays IDA d’Afrique subsaharienne établi à 3,2 points.
Les évaluateurs expliquent que cette constance de la note est consécutive à la contre-performance dans le domaine de la gestion publique et des institutions, dont la pondération représente 68 % de la note totale.
Le Gouvernement, via le ministère des Finances, a recommandé une approche participative de l’évaluation CPIA. Ainsi, depuis 2012, sous la Coordination du Comité Technique de suivi des Réformes (CTR), cette évaluation est menée par les équipes de la BM, en collaboration avec les délégués nationaux des institutions, ministères et services concernés par les différents indicateurs.
Ce qui a permis de promouvoir un processus participatif avec la partie nationale, afin que la note absolue attribuée au pays soit suffisamment documentée et traduise fidèlement les efforts réalisés par l’Exécutif national.
PAYS AU-DESSUS DE LA MOYENNE
Selon des experts, la RDC est désormais au-dessus de la moyenne des pays les plus fragiles et reste en-dessous de la production des pays AID sur le plan international. "Cette fragilité n’est pas une fragilité en soi ", a expliqué Chabi Bou-Habib, Economiste principal de la BM. Les raisons de cette rigidité sont entre autres, les notations individuelles des pays qui sont déterminées par rapport aux autres corporations et les réformes qui prennent du temps.
Pour relever les défis, l’Economiste principal de la BM a fait quelques suggestions, notamment l’amélioration soutenue de CPIA qui requiert un leadership de très haut niveau et une coordination sans faille au sein du Gouvernement. Il faut également l’adoption d’un horizon plus large et un programme d’action à moyen et long terme. Pour ce faire, la RDC pourrait se fixer l’objectif de passer de 3,0 à 3,6 sur une décennie. A cela s’ajoute la prise en charge de l’évaluation CPIA par un comité technique restreint de suivi de réforme, une stratégie de communication claire.
Présentant le tableau de résultats produits dans le cadre de la gestion économique et politique structurelle, Tshimanga, Economiste-résident de la BM, a indiqué qu’au niveau de la politique monétaire, il y a absence de recours au financement monétaire inflationniste, une forte dollarisation de l’économie et une faible couverture en réserves de charge. Et, la politique budgétaire est sous contrôle, avec 1,1 % du PIB. Mais, la performance des recettes est en dessous du potentiel, car il y a une faible contribution minière et des défis pour la collecte de la TVA.
S’agissant de la gestion de la dette, deux aspects sont épinglés : la viabilité et la gestion de la dette. La dette viable, c’est grâce à l’Initiative PPTE et à l’amélioration des fondamentaux macroéconomiques.
En outre, il y a une vulnérabilité aux chocs sur les cas des matières premières ainsi que l’absence d’une stratégie d’endettement. Cela, étant entendu que les buts et objectifs d’emprunts ne sont pas connus. La difficulté, ici, explique-t-on, est le manque de cadre règlementaire et juridique qui n’est pas toujours assez clair.
CRITERES D’EVALUATION CPIA
L’évaluation CPIA se fait sur base de 16 critères. Elle prend en compte les rubriques telles que la gestion économique qui inclue la gestion macroéconomique, la politique budgétaire et la gestion de la dette publique.. On y retrouve aussi les politiques structurelles liées notamment au commercial, secteur financier, à l’environnement réglementaire des affaires.
Est également prise en compte la politique d’inclusion sociale et d’équité qui, elle, s’intéresse au genre, à l’équité dans l’utilisation des ressources publiques, au renforcement des capacités en ressources humaines, à la protection sociale et main d’œuvre, ainsi que les politiques et institutions pour un environnement durable.
Sont également concernées la gestion du secteur public et des institutions qui incluent les droits de propriété et la gouvernance, la qualité de la gestion budgétaire et financière, l’efficacité de la mobilisation des ressources, la qualité de l’administration publique et, enfin, la transparence, la responsabilité, sans oublier, l’aspect de corruption qui, très généralement, gangrène le secteur public.Didier KEBONGO