Alors que les salaires du personnel de la Présidence de la République et ceux des cabinets ministériels, les émoluments des députés et sénateurs passent par les banques, révèle notre enquête, ceux du cabinet du Premier Ministre Matata Ponyo seraient payés au comptant à la caisse de la Primature. Qu’est-ce qui peut bien justifier l’inexistence des traces bancaires pour les chantres de la bancarisation ? Est-ce pour dissimiler la pléthore ou échapper à tout contrôle et maitrise de la masse salariale ?
Selon le gouvernement la bancarisation vise la maitrise de la masse salariale des agents et cadres de l’Administration publique ainsi que du personnel administratif et politique des institutions de l’état et le contrôle des effectifs autres fois gangrénés par l’existence des agents fictifs. Elle est donc, un mode de paiement transparent qui alimente la restauration du réseau financier.
Quel Paradoxe !
C’est simplement inadmissible de constater que la Primature se soustraie de la bancarisation des salaires de son personnel dans un contexte où même les cabinets ministériels s’y conforment.
Faire intervenir la paie des salaires de l’ensemble du personnel par les services de la Primature, fait revenir le gouvernement à la case de départ laissant planer les doutes sur les effectifs réels et la hauteur des salaires réels du personnel de Matata Ponyo.
Ceci contredit la volonté maintes fois exprimée par le Premier Ministre de réussir le processus de bancarisation et de combattre avec la dernière énergie la pratique des listes fictives et la manipulation des billets de banque par les agents payeurs.
Si pour les autres, la bancarisation de la paie permet d’afficher dans le monitoring les effectifs exacts, pourquoi pas la Primature en tant que centre d’impulsion de cette opération ? La réponse à cette question soulève la problématique des effectifs réels du cabinet du Premier Ministre.
Quid des effectifs ?
Si pour le Directeur de cabinet, ses deux adjoints ainsi que les 14 conseillers principaux, il existe un décret officiel rendu public, pour les autres membres du cabinet, notre rédaction n’a pas pu mettre la main dessus. Même sur le site officiel de la primature où les décrets du Premier Ministre sont publiés, il n’existe aucune trace. Quoi de plus normal de ne pas connaître le nombre exact de ces effectifs.
L’article 3 du décret n° 12/022 du 17 juillet 2012 portant organisation et fonctionnement du Cabinet du Premier Ministre, ce dernier comprend : la Direction, les collèges de conseillers et les conseillers techniques spéciaux, les cellules, les secrétariat privé du PM et le service administratif.
S’il faut comptabiliser ces effectifs, certains analystes avertis se permettent d’avancer un chiffre pas « en deçà de 600 agents » payés chaque mois par le trésor public aux frais des contribuables congolais. De quoi se faire une idée sur la hauteur de la masse salariale, du reste « non bancarisée ».
Obligation de transparence
Le personnel de la Primature est-il soumis au même barème que ceux des autres institutions ? D’après nos investigations les Conseillers de la Primature toucheraient plus que ceux de la Présidence. Zoom Eco y reviendra avec plus amples détails.
Chantre de la bancarisation, artisan des performances macroéconomiques mondialement reconnues et récemment élevé au rang de Docteur Honoris Causa, Matata Ponyo se soustrait-il de l’obligation de transparence dans ce mode de paiement (bancarisation) qu’il impose pourtant aux autres ? Pour quel intérêt se prive-t-il de prêcher par l’exemple par la bancarisation de son propre cabinet ?
Comment laisser passer sous silence cette situation ? Aux fins d’y apporter de l’éclairage, d’aucuns pensent qu’un contrôle parlementaire approprié soit initié ou alors que la Cour des Comptes devrait diligenter une enquête crédible.
Les élus du peuple, le personnel de la Présidence de la République, les professeurs d’universités, médecins, militaires…sont-ils différents des hommes de Matata ? Qu’est-ce qui peut bien justifier cette situation ? Autant c’est paradoxal, autant c’est inadmissible quand bien même l’opération n’est pas juridiquement contraignante. A la Primature d’éclairer l’opinion publique.
Zoom Eco