CENI : les Catholiques de nouveau floués !

Vendredi 23 octobre 2015 - 10:09

Ainsi que tout le monde le sait, la CENI (Conférence Episcopale Nationale du Congo) a vivement protesté contre le choix de Corneille Nangaa comme candidat des confessions religieuses à la succession de l’Abbé Apollinaire Malumalu à la présidence de la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante). Ce n’est pas le profil de l’homme, un laïc protestant, actuellement Secrétaire Exécutif Adjoint au sein de l’administration de cette institution d’appui à la démocratie, qui pose problème, mais plutôt la manière qui a conduit à son prétendu plébiscite.

 

Selon l’Eglise catholique du Congo, des divergences profondes, non vidées, ont apparu entre les confessions religieuses lors de leurs échanges au Centre Interdiocésain, le lundi 19 et le mardi 20 octobre 2915. Elles portaient sur les « principes majeurs» à respecter avant de procéder à la désignation de leur représentant à la tête de la CENI. Compte tenu du manque de consensus autour des critères de choix du successeur de Malumalu, la CENCO souligne avoir refusé de prendre part au vote. Par conséquent, elle ne se sent pas liée à l’option levée par les autres églises.

Que faut-il penser de ce nouvel incident entre les Catholiques et les membres d’autres confessions religieuses au sujet de la direction de la CENI et partant de la gestion des processus électoraux en République Démocratique du Congo ? Il ne faut pas se voiler la face pour constater que les circonstances qui entourent chaque fois la désignation du président du bureau de la CENI donnent à penser à l’existence d’un agenda caché dans le chef de ceux qui font tout pour que les choses ne se passent pas dans la totale transparence.

 

En principe, les confessions religieuses devraient servir de modèle d’amour, de fraternité, de vérité, de transparence, d’excellence à notre société. Mais, lorsque l’on apprend que ces «antennes divines », qui devraient montrer la voie du paradis à tous, versent dans la tricherie, la fourberie, les coups bas, la course aux dividendes financiers que procurent les fonctions politiques, l’on ne peut que s’interroger sur le sens de leur engagement spirituel. D’aucuns se demandent si, avant les concertations du Centre Interdiocésain, les participants avaient réellement placé Dieu au centre de leurs travaux.

 

Le fâcheux précédent de l’abbé Malumalu

 

Les Catholiques n’ont peut-être pas tort de se sentir floués dans le processus ayant conduit à la rétention de la candidature de Corneille Nangaa pour la succession de l’abbé Malumalu. On se souvient qu’en 2013, après la démission du pasteur Daniel Ngoy Mulunda, très critiqué dans l’opinion tant nationale qu’internationale à cause de fraudes électorales massives enregistrés pour la présidentielle et les législatives nationales de 2011, le prélat précité avait été retenu comme le candidat de l’Eglise catholique, contre la volonté de cette dernière et à son insu.

En dépit des protestations officielles de la CENCO, l’Assemblée Nationale - institution habilitée à « investir » les membres du bureau de la CENI - était passée autre. Désavoué par son église, pour avoir refusé de renoncer à sa charge de président de cette institution d’appui à la démocratie, l’abbé Apollinaire Malumalu a évolué en électron libre jusqu’à sa démission, le 10 octobre 2015.

 

Jamais deux sans trois ?

La République Démocratique du Congo a déjà connu deux processus électoraux catastrophiques, avec à la manœuvre des serviteurs de Dieu. En 2006, la vérité des urnes avait été étouffée sous le mandat de l’abbé Apollinaire Malumalu. A l’époque, feu le Cardinal Frédéric Etsou d’heureuse mémoire avait piqué une sainte colère contre ce représentant de l’église catholique, jugé indigne de la responsabilité lui confiée par la Nation de permettre au souverain primaire congolais de se choisir des élus qui méritaient sa confiance. S’il lui avait été permis de sanctionner le fautif, on croit qu’il l’aurait purement et simplement excommunié.

 

En 2011, c’est un autre homme d’église, en l’occurrence le pasteur Daniel Ngoy Mulunda, qui allait offrir aux Congolais les élections les plus « sales » de leur histoire. Pris sans doute de remords après ce gâchis électoral, il a promis de dire la vérité à la communauté nationale à travers un livre qu’il se propose de publier après 2016. Plutôt que de chercher des boucs émissaires ou de faire l’avocat du diable, la « majorité silencieuse » serait soulagée de le voir se confesser publiquement et demander pardon à tous ceux qu’il avait offensés dans les urnes.

 

Au regard des mandats décevants de l’abbé Malumalu et du’ pasteur Ngoy Mulunda à la présidence de la Commission Electorale Nationale Indépendante, mais surtout des conditions très floues ayant entouré sa désignation, Corneille Nangaa ne peut que susciter méfiance et doute. Dans ce pays où les ministres de Dieu paraissent avoir vendu leur âme au diable, les gens sont en droit de tout craindre d’un troisième larron.

 

Par KIMP