De Kabila à Sassou : les frasques de François Hollande

Vendredi 23 octobre 2015 - 12:57

C’est maintenant certain. Les leçons de la démocratie et des droits de l’homme varient selon les têtes des présidents africains. Si le chef de l’Etat français n’avait pas baissé d’un ton lors du 14ème sommet de la Francophonie quand il évoquait le même sujet à Kinshasa, en ce qui concerne la crise qui secoue Brazzaville, c’est un autre discours. Le président aux sondages de mi-mandat les plus bas de l’histoire de la 5ème République française s’est égaré de sa logique appliquée, fin 20l4, au Burkina Faso.

Dans son exil au Maroc, Blaise Compaoré pourrait certainement hocher la tête de gauche à droite, en signe de regret. Pour cause? François Hollande, auteur d’une lettre écrite, le 7 octobre 2014, dans laquelle il mettait en garde l’ancien président burkinabé en lui expliquant comment le Burkina Faso pourrait « être un exemple » s’il évitait « les risques d’un changement non consensuel de Constitution », s’est parfaitement contredit au sujet de la crise qui secoue la République du Congo en ce moment.

En parlant de la crise burkinabé, le 21 novembre 2014, Hollande disait exactement ceci : « la population du Burkina Faso a fait une belle démonstration qui doit, à mon sens,, faire réfléchir ceux qui voudrait se maintenir au-delà du temps nécessaire à la tête de leur pays en violant l’ordre constitutionnel ». Le mercredi 21 octobre 2015, un autre « 21 », le même président français, s’exprimant en conférence de presse à l’occasion d’une visite à Paris de son homologue malien, Ibrahim Boubacar Keita, .a indiqué que « Denis Sassou Nguesso peut consulter son peuple, ça fait partie de son droit et le peuple doit répondre. » Avant d’atténuer la position de la France était « en toutes circonstances de ne pas reconnaître les actes de force et appeler à des élections. » Celui qui se félicitait de l’insurrection populaire au Burkina Faso s’est brutalement rétracté quant il s’agit du même soulèvement populaire au Congo-Brazzaville. Et, c’est étonnamment avec le même mobile empêcher le président Denis Sassou Nguesso de rempiler un’ autre mandat non constitutionnel. L’on se souviendra qu’en ce qui concerne l’insurrection populaire au Burkina Faso, François Hollande disait que « ce qu’a fait le peuple du Burkina Faso, c’est tout simplement de faire respecter le droit et permettre que l’on empêche de réviser une Constitution, une loi fondamentale pour des convenances personnelles ». Pourtant, il est un secret pour personne qu’à Brazzaville,’ le président congolais, 72 ans, veut aussi changer de Constitution parce qu’il est frappé par la limite d’âge. En effet, la loi fondamentale en vigueur, au Congo-Brazzaville limite l’âge du président de la République à 70 ans. Et François Hollande le sait. Mais l’homme a préféré fermer les yeux au nom des intérêts de la France. La démocratie et les droits de l’homme que cet homme d’Etat français avait chanté devant Joseph Kabila lors du 14ème sommet de la Francophonie à Kinshasa n’aura visiblement été qu’un simple refrain qui trouve aujourd’hui son inspiration ailleurs. Loin du terrain de la démocratie, mis probablement celui d’une espace du chantage. Et Lambert Mende, porte- parole du gouvernement avait, in tempore non suspecto, souligné que le péché de Joseph Kabila c’est d’avoir jeté son dévolu sur la Chine comme principale partenaire de la RDC.

En République du Congo, personne n’ignore les intérêts de la France dans le domaine des hydrocarbures, notamment avec l’entreprise Total. La volte-face de François Hollande sur la question de la démocratie étonne tellement que d’aucuns pensent que ce mode de gouvernance qui a du mal à s’enraciner en Afrique vient d’être à nouveau sacrifiée sur l’autel des intérêts français. Une attitude de Hollande qui donne raison à la pensée qui dit que les Etats sont des monstres froids qui n’ont pas d’amis que des intérêts.

 

Par Dido Nsapu