CNUCED : À Genève, Sakombi Molendo propose des mesures pour éviter le risque accru d’actifs échoués qui empêcherait tout essor de la RDC

Jeudi 17 octobre 2024 - 14:05
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Le ministre des Hydrocarbures, Aimé Sakombi Molendo, est intervenu le 16 octobre 2024, sur invitation de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), à la 15ème Session de la Réunion Pluriannuelle des Experts sur les Produits de base et le Développement à Genève en Suisse.

Dans son allocution, le ministre des Hydrocarbures a indiqué que la République démocratique du Congo est un pays doté d’immenses richesses en ressources naturelles, et se classe parmi les premiers au monde en ce qui concerne les minerais stratégiques, tels que le lithium, le cobalt, le coltan etc...

Dans la foulée, Sakombi Molendo a précisé qu’en matière d’énergie, la RDC dispose d’un potentiel exceptionnel en énergie renouvelable, notamment en hydroélectricité grâce au fleuve Congo, et recèle par ailleurs d’énormes gisements pétroliers et gaziers.

Cependant, il a relevé le fait que le déficit énergétique constitue le frein majeur au développement du pays, en limitant la transformation locale de ses ressources.

« Car, l’exploitation du potentiel hydroélectrique pour la construction du barrage d’Inga (45 gigawatts) est mise en veilleuse à cause de la contrainte financière qui se chiffre à plusieurs dizaines des milliards de USD. Et, faute de raffinerie et de production soutenue en barils jours, les besoins en produits pétroliers raffinés qui s’élèvent à 320.000 m3 par mois sont entièrement couverts par les importations. Tandis que la production pétrolière qui n’est que de 19.000 barils par jour est exportée à l'état brut. Pourtant, plusieurs blocs pétroliers revêtent des fortes potentialités, essentiellement dans le Graben Albertine (18 milliards de barils en réserve) », a-t-il déclaré.

À l’en croire, faute de disposer des données sismiques et d’un data-room organisé, l’État Congolais n’est pas parvenu à ce jour à exploiter ces ressources, et partant, à se doter d’une raffinerie moderne digne de ce nom.

« Concernant les émissions de carbone, il faut savoir que 86 % des émissions de la RDC sont liées à l'économie minière qui intervient à plus de 90 % des exportations et 30 % du PIB. Le pays souffre d’ailleurs de cette dépendance, qui entraîne une forte dégradation environnementale et le rend vulnérable aux fluctuations des marchés mondiaux. Or, aujourd’hui, la RDC est confrontée au fait du changement climatique et du narratif négatif quant à l’utilisation des combustibles fossiles », a-t-il renchéri.

Par conséquent, Sakombi Molendo a souligné que la RDC fera face à un risque accru d’actifs échoués, si une solution équilibrée n’est pas rapidement trouvée autour de cet axiome combinatoire :

- Exploitation pétrolière et gazière éco-responsable et adoption de technologies propres ;

- Réduction de la déforestation ;

- Promotion des sources d'énergie renouvelable.

Concernant le premier point, à savoir une exploitation pétrolière et gazière prenant en compte le changement climatique et les objectifs de CDN, le ministre des Hydrocarbures a signifié que le pays est à un tournant, puisqu’il lui faut désormais :

1. Premièrement, adopter des technologies de réduction des émissions de carbone, notamment :
• par capture, utilisation et stockage du carbone (CCUS),
• par optimisation de l'efficacité énergétique,
• par la récupération des gaz de torche,
• par le développement de catalyseurs avancés,
• par la construction de raffineries modulaires adaptées aux besoins locaux.

2. Deuxièmement, pour réduire la dépendance aux combustibles fossiles, promouvoir le développement d'énergies renouvelables et la production d’hydrogène.

Par ailleurs, Sakombi Molendo a mis un accent particulier sur le fait que la RDC s’est d’ores et déjà résolument engagée dans l’action climatique en ratifiant la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), le Protocole de Kyoto et l’Accord de Paris, et sa CDN vise une réduction des émissions de plus de 20 % d’ici 2030.

« Mais ce qui est en question, c’est une approche permettant d’allier croissance industrielle et durabilité. Sachant que la lutte contre le changement climatique est essentielle, mais doit demeurer alignée avec le double impératif des Objectifs de Développement Durable et de la Compétitivité, laquelle conditionne les recettes nécessaires au financement du développement et de la transition énergétique », a-t-il ajouté.

A cet égard, le ministre des Hydrocarbures a affirmé que la RDC entend se positionner en acteur clé dans la conceptualisation et la mise en œuvre de cette stratégie.

« Et c’est dans cette perspective, que la RDC appelle la CNUCED à la soutenir pour atteindre les objectifs de sa CDN, qui traduisent ses efforts de promotion de la production d’énergie dans le respect des engagements de réduction des émissions de carbone », a dit le patron des Hydrocarbures de la République démocratique du Congo.

En outre, le ministre Aimé Sakombi Molendo a précisé que cela passe par un appui au développement des partenariats et mécanismes requis pour catalyser le partage de savoir et de savoir-faire, en vue d’accélérer la remontée des chaînes de valeur et de gérer efficacement le risque d’actifs échoués.

Jephté Kitsita