Mende regrette l’instrumentalisation de l’affaire, par l’attaque de l’ambassade de la RDC à Paris

Vendredi 10 avril 2015 - 13:27

“Emotion, indignation, stupéfaction, spéculation, protestations, exigence de vérité.. tout se mélange et se bouscule dans les questionnements, les uns sincères, les autres politiquement motivés depuis l’annonce par les autorités provinciales de Kinshasa, de l’opération d’enterrement collectif de 421 corps d’indigents “, a commenté hier jeudi 9 avril 2015, le ministre de la Communication et Média et porte- parole du gouvernement, Lambert Mende Omalanga au cours de son point de presse.

Il a regretté l’instrumentalisation de cette affaire, notamment par l’attaque mercredi 8 avril dernier, de l’ambassade de la RDC à Paris, par certains congolais de la diaspora.

A propos, le ministre Mende a déploré le fait que certaines personnes, lorsqu’il n’y a rien qui puisse jeter l’anathème sur les dirigeants actuels de la RDC, cherchent à en inventer. Il précise qu’il y a eu en effet 421 corps inhumés par les services de la morgue centrale de Kinshasa, selon les rapports parvenus au gouvernement de la république. Il s’agit de 57 personnes non identifiés, 30 personnes indigentes identifiées, 300 mort-nés, 26 corps abandonnés à l’hôpital Saint Joseph et 12 personnes abandonnées à l’hôpital général de référence de Kinshasa, ex-Mama Yemo.

A en croire le ministre Lambert Mende, la règlementation des services en charge des funérailles et sépultures en RDC, entend par ”personnes indigentes », les dépouilles trouvées par les services sociaux et la police, mais dont ni l’identité, ni les liens de parenté ne sont établis. C’est le cas dit-il, de 57 corps de personnes non identifiées inhumées sur le site de Maluku. Pour apaiser les esprits, le ministre Mende affirme qu’une liste disponible à l’hôtel de ville, reprend le numéro de réception, le sexe, l’âge, la provenance et la date d’admission à la morgue centrale de Kinshasa.

Toujours à propos de la règlementation sus-évoquée, relève de la catégorie d’indigents, les corps des personnes connues par la population (identifiées), mais abandonnées après leur décès, dans les morgues de formations médicales. Une liste de 30 personnes classées dans cette catégorie est également disponible à l’hôtel de ville avec tous les détails. Même chose pour les mort-nés, où Lambert Mende précise qu’ils proviennent le plus souvent de l’hôpital général de référence de Kinshasa et de l’hôpital pédiatrique de KalembeLembe ainsi que dans les différents ruisseaux.

Pour les 26 corps de l’hôpital Saint Joseph, il y a en avait 27, dont 1 n’a pas été enterré pour raison d’enquête judiciaire, explique le ministre, ajoutant que le 27 corps avaient été transférés à la morgue centrale de Kinshasa, par l’hôpital Saint-Joseph, à travers la lettre n°600/HSJ/DA/MK/122014 du 9 février 2015. Quant aux 12 corps abandonnés à l’hôpital général de référence de Kinshasa, ils ont été transférés par ledit hôpital à la morgue centrale, le 3 mars 2015. Toutes les listes sont disponibles à l’hôtel de ville. “Il n’y a donc rien qui puisse autoriser un quelconque lien entre cette affaire et les événements des 19 au 21janvier 2015. Le bilan de ces événements est connu: 27 morts. Même les sources les plus mal intentionnées n’ont pas dénombré 421 morts en janvier dernier. Ceux qui s’adonnent à cet amalgame, tentent simplement d’alimenter inutilement l’affabulation “, a éclairci le porte-parole du gouvernement, sans peur d’être contredit.

Opération routinière

Comme pour écarter l suspicion dans la tête des ceux qui alimentent la polémique, Lambert Mende explique que ce type d’inhumation d’indigents s’est déjà effectué plusieurs fois, avant même les événements de janvier, notamment:

- le 2 avril 2014 où 83 personnes ont été enterrées par les soins des mêmes services municipaux, parmi lesquelles 8 adultes abandonnés, 12 indigents, 27 corps non identifiés et 36 morts nés abandonnés ;
- le 8 juin 2014, 343 personnes furent inhumées dans les mêmes conditions : 13 adultes abandonnés, 23 indigents, 40 corps non identifiés et 267 mort-nés ;
- le 21 décembre 2014, 98 corps ont été enterrés collectivement parmi lesquels : 17 corps abandonnés, 26 indigents et 55 non identifiés.

« Pourquoi alors vouloir isoler les corps inhumés le 9 mars 2015 et en faire une affaire une affaire particulière ? Simplement parce que cette inhumation est postérieure aux événements de janvier 2015 ? Soyons sérieux », a martelé le ministre, avant de rappeler que le principe selon lequel tout homme a droit à une sépulture digne est, et demeure un des droits fondamentaux des individus auxquels la RDC a souscrit.

Il a par ailleurs regretté l’instrumentalisation de l’affaire, notamment par l’attaque mercredi 8 avril dernier, de l’ambassade de la RDC à Paris, par certains congolais de la diaspora. A ce sujet, le ministre Mende croit que les coups de gueules et autres roulements de mécaniques devant les ambassades de la RDC à l’étranger, ne sont pas la solution, car c’est depuis plus de 30 ans que l’inhumation des indigents se fait à Kinshasa, suite au déficit de solidarité familiale. Pour lui, il est important de se rassembler autour d’initiatives susceptibles de créer des pratiques funéraires moins onéreuses et une meilleure intégration des jeunes filles-mères, avec leurs enfants dans la société.

Il a également informé l’opinion de l’enquête judiciaire qui a été diligentée par le parquet, sur ordre du ministre de la Justice, Garde des Sceaux et Droits Humains, sur ce dossier. Il s’agit dit-il, de confirmer ou infirmer les faits tels que relatés et en examiner la régularité au regard notamment des dispositions de l’ordonnance n°11- 104 du 15mars 1950, sur les services des inhumations et police des cimetières qui stipule que chaque congolais a droit à une tombe. “ En cas de nécessité, les enquêteurs apprécieront la coopération de quiconque estime pouvoir apporter sa contribution à la manifestation de la vérité “, a conclu le ministre Mende.

Opération « Sukola 12 » : un succès

Auparavant, Lambert Mende a présenté le bilan positif de” l’opération Sukola2 “sur le désarmement des éléments des FDLR, lancée depuis le mois de février dernier. A ce jour, les FARDC, après avoir encerclé et fixé les FDLR, ont récupéré 21 localités au Sud-Kivu et 14 au Nord-Kivu. En outre, 342 éléments des FDLR s’étaient volontairement rendus, dont 338 avant le début de l’opération du désarmement forcé et 4 pendant la phase préparatoire. Ils sont à l’heure actuelle, répartis entre les sites de Kisangani, kanyabayonga et Walungu.

L’opération de désarmement Sukola 2 en elle-même, fait état de 162 FDLR capturés, 13 tués au combat et 62 éléments rendus, sans opposer de résistance et mis à la disposition de la Monusco, en vue de leur rapatriement. Parmi eux, on compte 15 enfants soldats. Tout compte fait, dit le ministre, le chiffre global des éléments des FDLR neutralisés, est de 575, soit 482 de plus que les 93 éléments neutralisés signalés dans le premier bilan de fin février. Le nombre des dépendants est de 346, soit une augmentation de 286 par rapport aux 60 listés lors de la première évaluation.

Selon le ministre Mende, les FARDC n’ont pas eu à rencontrer une résistance farouche de la part de l’ennemi. “(…) Les FDLR se trouvant en débandade, décrochent après une brève résistance et cherchent plutôt à se réfugier vers les profondeurs des forêts “, a-t-il souligné.

Par José Wakadila