Révision constitutionnelle : Kengo très opposé

Mardi 16 septembre 2014 - 11:04

C’est un véritable pavé dans la mare que vient de jeter le Président du Sénat, dans sa triple casquette de Co-président des Concertations nationales, de juriste et d’acteur politique. Léon Kengo s’oppose à la révision des dispositions intangibles de la Constitution du 18 février 2006. Si l’on modifie ces dispositions, on détruit, par le fait même, tout l’édifice constitutionnel construit dans la peine. On n’est dès lors plus dans la même Constitution, mais dans une autre. Il ne faut pas tirer prétexte de la révision pour aboutir à un changement de Constitution. Cela n’est pas prévu par la Constitution en vigueur. Kengo invite, alors, les politiciens congolais à respecter leurs engagements, à cultiver la paix, la réconciliation, la tolérance et l’alternance. C‟est donc parti pour trois mois de débats au Parlement où a été ouverte hier, lundi 15, la session de septembre 2014. Deux discours fleuves ont été prononcés, à cette occasion, par les Présidents du Sénat et de l‟Assemblée nationale. Comme attendu, la question de la révision de la Constitution n‟est pas passée sous silence. C‟est, d‟ailleurs, ce point qui a retenu l‟attention des observateurs de la scène politique congolaise. Les Congolais, dans leur grande majorité, n‟ayant plus foi en des promesses, toujours repoussées, d‟une vie meilleure. Ainsi, l‟examen du budget de l‟Etat n‟intéresse plus, apparemment, le petit peuple. A l‟Assemblée nationale, le Président Aubin Minaku, dans son allocution, a joué à l‟équilibriste. Sur sa table, il n‟y a pas encore un projet portant révision des articles verrouillés de la Constitution. Si jamais cela arrivait, les députés prendraient leurs responsabilités. Le cas échéant, recourir au souverain primaire ne serait pas malvenu. En substance, c‟est l‟essentiel qu‟il soit humainement possible de retenir du discours de Minaku. Kengo prend ses distances A la chambre haute, le Président Léon Kengo semble avoir, définitivement, pris ses distances par rapport aux révisionnistes. Même si beaucoup ne le croient pas sur parole, jamais la position de l‟Autorité morale de l‟Opposition Républicaine n‟a été aussi tranchée. Il s‟oppose à la révision des dispositions intangibles de la Constitution du 18 février 2006. Dans ses trois différentes casquettes, Kengo avance trois raisons pour justifier sa décision. Comme Co-président des Concertations Nationales, il atteste que tous les délégués s‟étaient mis d‟accord et se sont même engagés à consolider la cohésion nationale et à sauvegarder le pacte républicain notamment, par le strict respect de la Constitution, particulièrement dans ses dispositions voulues intangibles par le souverain primaire : la forme républicaine de l‟Etat, le principe du suffrage universel, la forme représentative du Gouvernement, le nombre et la durée du mandat du Président de la République, l‟indépendance du Pouvoir judiciaire, le pluralisme politique et syndical, la non-réduction des droits et libertés de la personne, la non-réduction des prérogatives des Provinces et des Entités territoriales décentralisées. Un juriste parle Le Président du Sénat est un juriste de formation, un ancien Procureur général de la République. Il s‟interroge comment une Constitution qui prévoit des dispositions intangibles peut-elle autoriser les Institutions issues d‟elle de modifier lesdites dispositions sans tomber dans un cas flagrant de violation intentionnelle de la Constitution. Léon Kengo, dans ses oeuvres, ajoute que l‟article 220 et tous ceux auxquels il renvoie constituent le pivot, le socle, l‟armature de toute l‟architecture constitutionnelle. Si on modifie ces dispositions, on détruit, par le fait même, tout l‟édifice constitutionnel construit dans la peine. On n‟est dès lors plus dans la même Constitution, mais dans une autre. Il ne faut pas tirer prétexte de la révision pour aboutir à un changement de Constitution. Cela n‟est pas prévu par la Constitution. Sauver le compromis issu de Sun City Comme acteur politique, Kengo note que la Constitution du 18 février 2006 est issue du compromis historique de Sun City : l‟Accord global et inclusif. A ceux qui s‟en douteraient, il les envoie lire les éléments du compromis repris dans l‟exposé des motifs. En tout cas, le président du Sénat refuse de prendre le risque d‟altérer ce compromis politique sans menacer la cohésion nationale et la paix sociale. Pour convaincre, Kengo s‟appuie sur une citation du Président de la République qui déclarait, à l‟occasion de la clôture des Concertations nationales : « Comme les délégués à ces assises, je suis pour le respect de l‟esprit et de la lettre de la Constitution de la République dans son ensemble, telle qu‟adoptée par le référendum populaire en 2005 ». L’appel à la tolérance Plutôt que de perdre du temps dans des querelles byzantines, Kengo invite les politiciens congolais à respecter les engagements, à cultiver la paix, la réconciliation, la tolérance et l‟alternance. Les priorités, selon le chef de l‟Opposition Républicaine, sont la lutte titanesque contre la pauvreté, le chômage ; l‟amélioration sans cesse recherchée de l‟éducation, de la santé, des infrastructures de base ; la résolution des problèmes de l‟environnement ; bref, les questions du développement socioéconomique du pays.

 

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