Candidat à la présidence de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), l’expert international et directeur exécutif de EISA Denis Kadima a, dans une interview accordée lundi à la presse (notamment Top Congo, 7SUR7.CD et ACTUALITÉ.CD,) indiqué avoir participé à près de 80 processus électoraux à travers le continent et estime qu'il est temps pour lui de revenir dans son pays (la RDC ndlr) pour apporter sa pierre à l'édifice. Il aussi déjà levé des fonds jusqu’à 500 millions de dollars $ pour financer des élections ou des réformes. L’expert électoral international pense que la capacité de lever des fonds et de bien les gérer est un atout dans la course à la présidence de la CENI, d’autant plus que la RDC est frappée par une crise sanitaire qui a érodé ses ressources pour financer seul ses coûteuses élections.
Interrogé au sujet de sa proximité tribale avec le président de la République qui constitue un handicap selon une certaine opinions, Denis Kadima rétorque c'est un handicap pour les gens qui prennent le raccourci tribal.
"Je n'ai pas choisi mon ethnie, ma tribu. Le président de la République est de ma tribu, qu'est-ce que je peux faire par rapport à ça. Les gens ne doivent pas me juger sur base des choses que je contrôle pas", a-t-il déclaré.
Dans l’interview ci-dessus, il revient sur tous les enjeux des futures élections de 2023, notamment sur la matrice des réformes à faire.
(Ci-dessous, l'intégralité de l'interview de Denis Kadima)
1) Qu'est-ce que Denis Kadima de CEO de l'Institut électoral pour une démocratie stable en Afrique (EISA) vient faire à la CENI ?
DK: Je suis à l’EISA depuis un peu plus de 20 ans. À part l'EISA, j'ai travaillé avec les Nations-unies dans de grandes élections ou référendum comme au Soudan et en Tunisie. J'ai participé à près de 80 processus électoraux. J'ai beaucoup fait ailleurs et je pense que le moment est venu de revenir dans mon pays et d'apporter ma pierre étant donné les ratés que nous avons eus lors de derniers scrutins. En 2006, nous avons eu presqu’une guerre civile. En 2011, il y avait des élections chaotiques et les dernières en 2018, c'étaient pareilles. Alors, je me suis dit pourquoi rester dehors. Il faut que j'entre aussi dans la danse pour que j'apporte ma contribution qui est assez énorme parce que l'EISA est une institution qui couvre tout le continent. Nous avons des programmes avec l'Union Africaine, la SADC, la CEAC. J'ai ouvert des bureaux à travers le continent. On a grande expérience à apporter au pays.
2) Vous quittez cette organisation huilée et structurée pour venir la CENI ?
DK: Absolument! Au Congo depuis 2004, avant c'était des programmes, je venais et je partais et dépuis 2004, je vois ce qui se passe.
3) Qu'est-ce que vous pouvez changer ?
DK: Je peux changer beaucoup de choses parce que j'ai l'experience. D'abord, il faut comprendre que quand nous parlons d'élections libres, inclusives, participatives apaisées, transparentes, ce n'est pas un slogan. Il y a des choses qu'il faut faire pour en arriver là. Ces choses n'ont pas été suffisamment faites et dans certains cas, elles n'ont pas été faites.
4) Aujourd'hui, on peut dire que tous les résultats enregistrés au Congo dans les 3 processus électoraux reflètent l'expression du suffrage ?
DK: Chaque fois que nous avons eu des élections, il y a eu protestations des résultats. Ça signifie déjà qu'il y a des gens qui ne sont pas contents de ces résultats.
5) Vous viendrez organiser des élections où tout le monde sera content ?
DK: C'est ce que je compte faire. Si je l'ai fait ailleurs, je peux le faire aussi ici. Le référendum que je fais organiser au Soudan a été plébiscité par les Nations- unies comme leur meilleur processus. Donc, je ne dis pas que c'est moi-même, je vais travailler avec une équipe celle de la CENI. Je pense que le leadership est important. Il faut imprimer un certain rythme, certaines valeurs et ça va se faire. Ça ne sera pas facile, je ne suis pas naïf mais ce sont des choses qui peuvent se faire.
6) Vous suivez le processus de désignation depuis le début ?
DK: Oui. Moi, personnellement, j'ai déposé ma candidature au mois de juin en 2019. J'ai déposé ma candidature à la CIME. J'ai voulu aussi de déposer auprès des catholiques mais il n'y avait pas un mécanisme de réception de candidature. À part les catholiques et les protestants, il y avait un mécanisme ouvert auprès de 6 autres confessions religieuses. J'ai été porté par les 6 confessions religieuses et la plupart de fois quand elles faisaient leur évaluation technique, ma candidature était la première. Ce sont Les échos je recevais d'elles.
7) Vous vous féliciter des avancées de l'organisation des élections sur le continent du fait de l'EISA, vous présentez votre candidature et vous participez au dernier choix du président par les confessions religieuses. Cependant, il avait été dit qu'il faut un débat ou une réforme avant la désignation. Pourquoi vous lancez-vous quand même dans l'affaire ?
DK: Les réformes sont importantes. J'ai un programme conçu par moi-même pour lequel j'ai obtenu le financement qui porte sur les réformes. Ça avait commencé avec la SYMOCEL, c'est un groupe que je supporte et y apporte un appui technique. Après l'observation électorale, nous sommes passés aux réformes électorales. En ce moment, il y a un programme qui tourne autour des questions des réformes. Je suis pro- réformes et j'ai un programme qui travaille dans ce sens. Oui, l'idéal est que les réformes arrivent avant la désignation. C'est pour ça que j'ai developpé ce programme des réformes électorales.
8) Participer à cette élection avant les réformes, c'est aller à l'encontre de ce que vous prônez.
DK: Je suis réaliste. Je veux bien qu'il ait des réformes parce que je sais qu'il y a beaucoup des domaines à améliorer. Cependant, le mandat des membres actuels de la CENI est déjà arrivé à terme et les gens ont commencé à déposer leurs candidatures parce qu'il n'y a pas un autre mécanisme que celui-là. Je dépose aussi ma candidature parce que je n'ai aucun contrôle sur l'initiation de ces réformes. Une particularité que d'autres n'ont pas. Il existe beaucoup des privilèges en matière de réglementation des élections. Je vous donne un exemple: la loi dit que le vote électronique est autorisé en RDC et s'arrête là. Il faut des mesures d'application et c'est la CENI qui initié cela et vous voyez si vous avez une CENI ouverte qui pouvait appeler les parties prenantes (les partis politiques) et discuter de ces types de questions. Si la CENI veut obtenir un consensus, elle peut appeler les acteurs. Donc au niveau de la CENI que ça soit la machine à voter, que ça soit le seuil de représentativité, c'est des choses qui peuvent être discutées avec les parties prenantes pour atteindre un consensus et avoir les élections moins conflictuelles.
9) les réformes sont-elles utiles mais pas nécessaires ?
DK: Les réformes sont utiles et nécessaires. Mais je ne contrôle pas les tenants et aboutissants du processus de réforme. Les réformes peuvent être faites au niveau légal et là il faut passer par le parlement mais on peut aussi faire les réformes au niveau réglementaire ou opérationnel et là la CENI a le champ libre.
10) Avec la SYMOCEL en RDC, vous avez déjà établi un programme des réformes. Elles sont constitutionnelles ou réglementaires ?
DK: C'est l'ensemble. On a commencé ça aussitôt après les élections de 2018. Ça va du système électoral, des élections des sénateurs qui ont causé des problèmes, nous recommandions même à l'époque qu'il ait d'abord un recensement de la population. Une fois qu'on a la liste de la population, on peut en extraire la liste électorale. Tout est là dedans. Mais, plus les jours passent, je me dis est-ce que c'est réaliste ? Est-ce qu'on ne peut pas avoir un plan minimaliste.
11) Un plan minimaliste de faire des réformes qui feront en sorte que les élections seront contestées par les uns et les autres ? Qu'est-ce qui est réalisable ?
DK: Est-ce que nous pouvons en ce moment faire des réformes sur tous les aspects qui necessitent les réformes. Il faut avoir tout un cycle pour faire des réformes. Le nouveau cycle commence à la fin de l'ancien. On a déjà entamé 2 ans c'est pourquoi je me dis est-ce qu'on aura des réformes parce que jusque-là les gens parlent en dehors des institutions. C'est des individus ou la société civile qui parlent mais on a rien entendu des autorités. Ce sont des autorités qui doivent porter ces réformes. Je connais ce mécanisme parce que je le fais dans d'autres pays, je sais que quand vous arrivez à presque 3 ans des élections, il y a risque d'un glissement. Si ça dépendait de moi, j'allais combiner les choses. J'allais d'abord avoir un temps limité pour les réformes tout au plus 6 semaines. C'est possible. Les réformes c'est identifier les domaines, faire des recommandations et puis des juristes et ceux qui ont fait la legistique vont écrire ce qu'il faut faire et il faut que le texte soit acceptable. Ça peut prendre du temps. Au delà de ça, il y a des dispositions qui vont nécessiter la réforme constitutionnelle. Est-ce qu'on peut aller jusque-là ? Est-ce que ça se fera ? Est-ce qu'il y aura pas des dérapages politiques ? Il faut être conscient du fait que vous pouvez initier mais vous n'avez pas le contrôle de ce qui vient après. Si je vais être réaliste, je peux en tant que président de la CENI, si je le devenais, je veux permettre à certaines discussions d'avoir lieu, à certaines améliorations comme j'ai dit sur le plan technique, opérationnel, réglementaire d'être apportées au processus. C'est des choses possibles qui sont dans l'aire que je contrôlerais si j'étais président de la CENI mais alors tout ce qui se fait en dehors, j'appuie parce que ce sont de bonnes idées. Je me dis si on ne peut pas faire ça durant ce cycle, on peut le faire au cycle prochain. Mais faisons ce que nous, nous pouvons contrôler quand aux affaires.
12) Aujourd'hui, le blocage de la désignation de Ronsard Malonda fait votre affaire parce que vous étiez candidat comme lui, est-ce que le temps gaspiller à dialoguer ne fait l'affaire de ceux qui pensent que les élections ne doivent pas avoir lieu en 2023.
DK: Je ne sais pas s'il y a des gens qui disent que les élections n'aient pas lieu en 2023.
13) Apparemment, la société civile l'a dit ?
DK: Dans tous les cas, le temps est en train d'être perdu et ça j'admets que nous avons une commission électorale sortante et il y'a encore rien par rapport à la nouvelle commission. C'est toute une procédure. Il faut que les partis politiques s'organisent avec leurs 10 membres, il faut que la société civile aussi le fasse et le parlement et la présidence de la République. Après, il faut qu'ils prêtent serment. Il faut tout un tas de choses à faire. Donc, je comprends qu'effectivement que le temps passe et justement tout ce qu'il y a comme débat de nos jours sur la désignation des membres de la CENI. Je pense qu'on commence à pousser ce débat un peu trop loin et nous oublions l'essentiel parce que l'essentiel au fond c'est que le peuple congolais veut un processus électoral qui soit meilleur par rapport à ce que nous avons eu dans le passé et il veut que ceux qui veulent participer au vote soient instruits comme électeurs. Il faut que les congolais de l'étranger qui n'ont pas pu voté en 2018, en conformité avec la loi, leur permettre de s'inscrire comme électeurs et de voter. Il y a des enjeux et des questions dont nous devons débattre aussi en dehors de la CENI que de l'intérieur. Le pays fait face à une grave maladie qui paralyse beaucoup des secteurs. Notre balance de paiement est en difficulté. Dans ces conditions là, il faut réfléchir. L'État est en train de puiser dans ses réserves pour protéger la population congolaise, il faut faire face à d'autres problèmes sociaux et puis nous irons aux élections avec quels moyens ? Voilà les sujets que nous devons débattre. Il faut protéger les électeurs durant l'enrôlement, la campagne électorale et le vote. Comme l'État, il faut demander la solidarité internationale et on peut l'obtenir que si l'on est crédibles.
14) Le pays a organisé les élections de 2018 tout seul, est-ce qu'il doit retourner à cette solidarité internationale ?
DK: C'est une très bonne chose que le pays soit à même de financer seul ses élections mais nous sommes dans un contexte difficile. Nous n'avons pas assez de production pour avoir des recettes. Il est très possible que nous recourions à la solidarité internationale et pour faire cela, il faut comprendre comment elle fonctionne. Il faut avoir une certaine crédibilité dans la gestion. J'ai une très grande expérience dans la levée des fonds et dans la gestion de ces fonds selon les normes de la bonne gouvernance. Les bailleurs de fonds me connaissent personnellement et me respectent. J'aimerais que nous débattions de ces choses parce que si nous le faisons pas ça sera dommage pour les congolais et 2023 risque d'être peut être plus problématique que 2018.
15) Aujourd'hui, vous êtes toujours candidat ?
Oui, je le suis.
16) Que pensez-vous de la performance des chefs religieux dans la sélection du candidat devant les représenter à la CENI ? Vous continuez à leur faire confiance ?
DK: Les chefs religieux sont des êtres humains et en tant que tels, on est faillibles. Je pense qu'ils ont commis des erreurs. Je ne suis pas d'accord avec la règle du parrainage par l'une des confessions religieuses. Je pense que ce n'est pas un bon critère et il faudra qu'ils réfléchissent un peu en profondeur. Certains pensent que c'est une bonne chose mais je pense que c'est discriminatoire. Ils ne sont pas que faillibles mais ils sont aussi perfectibles. Ils ont vu le tollé général qui a suivi certaines décisions qu'ils ont prises et ils peuvent se raviser et faire mieux les choses. Comme j'ai encore ma candidature là-bas, je dois leur faire confiance parce que leur mécanisme, c'est la voie obligée et j'ose espérer qu'ils vont tirer des leçons de ce qui s'est passé.
17) Si aujourd'hui, il y a réformes peut être que ces églises qui ont été très perfectibles parce que dirigées par des humains qui ont participé au désordre actuel pourraient ne plus être, selon vous, à la désignation du président de la CENI ?
DK: Si vous parlez des réformes, nous sommes encore dans le monde de conjoncture parce que nous ne savons pas s'il y aura réformes et sur quoi elles vont porter. J'aimerais bien qu'il ait réformes mais comme pour le moment et selon le cadre juridique des élections, ce sont les confessions religieuses, les organisations des femmes, des ONGs d'éducation civique et électorale qui jouent le jeu, c'est la voie que je suis en train de suivre. Si ça change, je vais m'adapter.
18) Un groupe d'ONGs a saisi la justice pour votre compte. Vous soutenez leur action ?
DK: Je suis au courant de ça. D'emblée, je dis que je ne les connais pas. La question qu'il faut poser ce que pourquoi ces ONGs l'ont fait ? Ils l'ont fait parce qu'il y a eu une certaine omission pour ne pas dire injustice.
19) L'exclusion des ressortissants de la même province que le président de la République par les confessions religieuses dans le choix ?
DK: Effectivement, c'est notamment cela et aussi le parrainage qui ne peut pas être expliqué. Nous avons déposer nos candidatures c'est comme une demande d'emploi, on regarde votre profil, on vous pose des questions, on voit votre vision et expérience puis on vous retient parmi les autres et pendant la séance, on ajoute d'autres critères subjectifs, c'est un problème.
20) Vous espérez une intervention personnelle du président de la République ? On dit que vous êtes son candidat ?
DK: J'ai appris dans les médias que j'étais le candidat du président de la République mais j'aurai voulu que la présidence m'appelle pour me dire que voilà vous êtes notre candidat, je n'ai pas eu cet appel. Il y a des gens qui me contactent et se vantent et disent qu'ils peuvent faire ceci ou cela mais le président de la République ne m'a pas contacté. J'apprends dans les médias que j'étais son candidat mais je me dis si tel était le cas, vous pensez qu'aucune de ces 8 confessions religieuses ne m'auraeint soutenu ? Parce que les chefs d'États ont quand même beaucoup de pouvoir et des moyens. Ils peuvent influencer des choses. Si j'étais appuyé par des forces politiques de cet ampleur, je pense que la situation serait différente mais dans la logique de ceux qui disent que je suis appuyé par le chef de l'État, leur logique est telle que dans le passé les nominations à ces types des postes dépendaient de la personne qui dirige l'exécutif national.
21) Vous pensez que Ronsard Malonda doit sa désignation d'une certaine proximité avec le FCC ?
DK: Je n'en sais rien. Je ne suis pas dans le secret des Dieux. Une chose est vraie, si le président de la République m'appuie et si tel est le cas, je serai content. Je serai content que les autres partis politiques et regroupements politiques comme le FCC, le CACH, LAMUKA puissent m'appuyer. Je vais qu'ils voient en moi quelqu'un qui va répondre aux problèmes du pays par rapport aux questions des élections parce qu'en ce moment, nous voulons un renouveau. On ne fait pas le renouveau avec la même chose, on le fait avec des gens qui ont appris et ont quelque chose à apporter. À la CENI, il ne faut pas des gens qui viennent apprendre. Il faut des gens qui ont des expériences comparées. Il y a ce qu'on appelle dans notre jargon "de bonnes pratiques" et les standards électoraux. En ce qui me concerne, j'apporte une contribution et j'aimerais que tous les leaders politiques, religieux et sociaux prennent conscience de ça. Je suis en train de laisser un travail que je faisais à travers le continent pour venir aider et je pense qu'ils devront être plutôt fiers de ce courage et surtout de ce sacrifice. Je sais que ce n'est pas facile. Déjà, vous me dites des choses qu'on dit de moi que je n'ai pas faites. On est en train de me demander de répondre sur des actions que les tierces personnes ont prises. Vous comprenez que ce n'est pas une tâche facile. Certains disent que c'est de bonne guerre. Moi, je ne fais pas la guerre, je fais plutôt une compétition. Je me présente pour offrir mes services.
22) Quand vous dites que vous amenez de bonnes pratiques, vous sous-entendez comme d'autres que l'équipe sortante dont fait partie Ronsard Malonda ne doit plus être partie prenante dans l'organisation des élections ? Leur expérience ne compte pas ?
DK: On juge un arbre par ses fruits. Est-ce que l'équipe sortante a une bonne opinion dans la rue ? Je doute parce qu'il y a eu des rapports pas seulement de la CENCO, de la SYMOCEL, des partis politiques, des organisations internationales disant que ce processus était entaché de beaucoup de défaillances. C'est connu. Vous pouvez vous imaginez que jusqu'aujourd'hui, nous ne connaissons pas les résultats par bureau de vote. Ça signifie qu'on doit faire les choses autrement.
23) Votre proximité tribale avec le président de la République n'est-elle pas un handicap pour vous ?
DK: C'est un handicap pour les gens qui prennent le raccourci tribal. Je n'ai pas choisi mon ethnie, ma tribu. Le président de la République est de ma tribu, qu'est-ce que je peux faire par rapport à ça. Les gens ne doivent pas me juger sur base des choses que je contrôle pas. Si on vous dit par exemple que dans ma gestion, je fais le favoritisme et il faudra qu'on le prouve. Dans le passé, nous avons eu un président de la CENI qui était de la même ethnie que le chef de l'État de l'époque (pasteur Ngoy Mulunda, ndlr), ça n'a jamais un problème et pourquoi ça devient un problème maintenant ? Je pense que c'est de l'arbitraire.
24) Vous avez longtemps vécu à l'étranger. Quelle est votre connaissance de la RDC en particulier à l'intérieur du pays où en matière d'élections, tout semble se passait dans le secret le plus absolu.
DK: Je suis Congolais de nationalité. J'ai commencé mon école à l’Athénée de Kalina et puis, avec mon père qui était juge, nous sommes allés à Bukavu. J'ai étudié au collège AlfaJiri, une école très bien reputée, on peut retrouver les traces. Puis, je suis allé à Kisangani avec mes parents, j'ai étudié à l'institut Muangaza... J'ai eu mon diplôme d'État au collège Elikya à Kinshasa juste derrière la CENI. Dans mon travail, j'étais à la Banque Commerciale Zaïroise de l'époque. J'ai travaillé à Kalemi, Kolwezi, Likasi. J'ai été dans plusieurs coins du pays. Même pendant mes vacances, j'ai été au Bandundu, à Masimanimba. Au delà de ça, tous les temps que j'etais à l'éxterieur, j'ai travaillé avec les congolais depuis Malu Malu. J'ai travaillé avec toutes ces personnes de la CENI. J'ai participé dans le sens où quand la CENI a été mise en place, le Congo sort d'une guerre ravageuse, il nous faut passer par des élections, nos leaders ne vont pas s'imposer sur nous parce qu'ils ont pris les armes, ça devra être à travers le vote et toute personne qui sera là je vais l'appuyer. Je les ai fait venir en Afrique du Sud pour qu'ils apprennent un peu de l'expérience de ce pays. Je le fait venir aussi au Botswana. Je les ai beaucoup encadrés. J'ai encadré beaucoup d'ONGs congolaises. Tous les grands partis politiques, leurs secrétaires généraux venaient en Afrique du Sud pour participer à des activités conçues et financées à travers mon organisation et moi-même. Donc, je connais le pays et j'y suis impliqué depuis longtemps. Beaucoup de gens qui sont candidats aujourd'hui pour présider la CENI sont passés par moi en terme d'encadrement et de formation. Ils ne sont passés par moi directement, j'ai formé leurs formateurs. Je n'ai pas travaillé directement avec Malonda mais j'ai encadré Malu Malu. Je ne l'ai dit pas avec mépris. J'ai encadré mon compatriote qui dirigeait une élection à l'époque de 1+4, c'était compliqué. Il fallait apporter de l'aide. Donc, j'ai encadré Malu Malu et si lui de son côté a encadré d'autres et donc, c'est un peu mes petits-enfants.
25) Tel qu'on est parti, est-ce qu'on doit s'attendre à ce qu'il y ait élections en 2023?
DK: On doit tout faire pour avoir les élections en 2023 parce qu'il faut créer une culture démocratique où les élections ont lieu à temps et de bonne qualité. C'est très important et ça donne confiance au processus. Ça montre aussi qu'il y a des avancées démocratiques. C'est pour ça que j'insiste que nous devons recadrer les choses, éviter les polémiques inutiles, des dénigrements mais nous devons par contre réfléchir sur nos enjeux. Il nous faut nécessairement avoir les élections dignes de ce nom où le choix des électeurs compte en 2023. Il faut aussi que nous puissions rassembler tout le monde. Il faut que nous arrivions à faire de nos élections une occasion de célébrer la démocratie. Il ne faut pas qu'au moment des élections, les gens fuient le pays.