
L'accord de paix signé entre la République Démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda, le vendredi 27 juin dernier, à Washington sous l'égide des États-Unis, a été salué comme un pas « important » vers la désescalade dans la région des Grands Lacs. De nombreux acteurs internationaux ont exprimé leur satisfaction, notamment le président américain Donald Trump, qui s'est félicité d'avoir obtenu cet accord, et le président français Emmanuel Macron, qui a adressé un message d'espoir aux Congolais et aux Rwandais, insistant sur la nécessité de voir cette paix tenir. L'Union Africaine a également salué cette avancée.
Cependant, malgré cet optimisme initial, le député national Joseph Nkoy a exprimé, ce mardi 1er juillet 2025, des réserves quant à la mise en œuvre de cet accord, estimant que « ce qui reste à faire est plus délicat que ce qui est déjà fait pour parvenir à l’objectif de paix définitive ».
« Tant il est vrai que l’accord de paix signé entre la RDC et le Rwanda offre de nouvelles perspectives d’une paix durable entre les deux États, tant il est évident d’admettre que ce qui reste à faire est plus délicat que ce qui est déjà fait pour parvenir à l’objectif de paix définitive voulue », a-t-il fait savoir dans une déclaration transmise à 7SUR7.CD.
Le député Nkoy a soulevé une série de questions qui, selon lui, mettent en lumière la complexité des défis à venir :
1. Où se trouvent actuellement les FDLR dont le gouvernement congolais a reçu la responsabilité de neutraliser avant la levée par le Rwanda de ses mesures défensives ?
2. Le gouvernement congolais n’est-il pas tombé dans le piège du Rwanda par rapport à son alibi de la présence des FDLR ?
3. N’est-il pas judicieux de comprendre que parler des mesures défensives signifie tout simplement que le Rwanda n’a jamais attaqué la RDC et que ses troupes sont installées sur son territoire (défensif) et non sur le territoire congolais (offensif) ?
4. N’est-il pas possible de comprendre que « se désengager » signifie quitter la ligne de front, qui peut être un front offensif ou défensif ? Or, pour le Rwanda, ses troupes sont sur le front défensif face à une menace existentielle (FDLR).
5. Si le Rwanda opère toujours derrière un mouvement au visage congolais ; et que ce dernier jusqu'ici se trouve encore en activité, comment faire pour identifier les dispositifs rwandais (équipements et autres) se trouvant sur le territoire congolais dont peuvent se servir d’autres groupes armés ou rebelles ?
6. Si tout le combat d’hier était de faire comprendre à la face du monde que l'AFC/M23 est une coquille vide, alors pourquoi obliger le gouvernement congolais à résoudre le problème avec ce mouvement ?
7. Qu’adviendrait-il si le processus de Doha n’aboutissait pas à un compromis de paix ?
8. Et si le processus de Doha « aboutissait » à un compromis de paix, quel serait le sort des effectifs du M23 ? Cantonnement pour constituer une bombe à retardement d'insécurité dans les zones d'affectation ?
9. Que deviendront les responsables politiques de l'AFC/M23 ?
10. Doit-on entreprendre un processus de paix avec le Rwanda sans rétablissement des relations diplomatiques entre les deux États ?
11. Que gagne en vrai le Rwanda dans la "garantie de sécurité de l'accord" par les USA pour espérer qu'il n'y aurait plus l'incursion de ses troupes sur notre sol ?
12. Quels sont les mécanismes et garanties de la mise en œuvre du CONOPS ?
13. Quelle est la lecture que fait le Rwanda sur cet accord ?
L'élu de Katako-Kombe (Sankuru) a souligné que cet accord, bien que salué sur l'échiquier international, devra prouver sa capacité à surmonter des défis profondément enracinés et à traduire les engagements sur papier en une paix durable et concrète pour la région.
Merveil Molo