PUISANT DANS SON EXPERIENCE DE CHEMINOT, STEVE MBIKAYI A EDEM KODJO : « DÉMARRER LE TRAIN AVEC CEUX QUI SONT PRÊTS »

Vendredi 1 juillet 2016 - 06:24

Le porte-étendard de la NCPS demande au facilitateur de ce Forum politique de démarrer les travaux avec ceux qui sont prêts.

Steve Mbikayi demande à Edem Kodjo, facilitateur du Dialogue politique en RD Congo, de démarrer les travaux avec ceux des acteurs qui sont déjà prêts. Le ténor de la Nouvelle classe politique et sociale (NCPS) l’a déclaré le mercredi 29 juin dernier, lors du Colloque de l’Opposition pro-dialogue, organisé le même jour à Kinshasa.

"Si Edem Kodjo connaissait bien les Congolais ou s’il était lui-même Congolais, le dialogue aurait déjà pris fin ", foi de Steve Mbikayi, qui s’insurge contre tous les atermoiements politiques actuels autour du Dialogue, au point de rendre hypothétique la tenue effective de ce Forum. " Nous portons à la connaissance d’Edem Kodjo que les Congolais ne prennent jamais tous un train à la même heure et à la même gare. Même quand il est l’heure du départ, il y a toujours ceux qui croient qu’il ne démarrera pas à l’heure ", a renchéri Steve Mbikayi. L’image semble être bien trouvée.
Sept mois après sa convocation au terme de l’Ordonnance présidentielle du 30 novembre 2015, le Dialogue politique inclusif peine à ouvrir ses portes. Bien au contraire. En interne, il s’observe des attitudes frisant un manque de volonté politique qui constituent un obstacle réel au démarrage effectif de cette table ronde. Jusqu’où irait donc cette impasse ? Doit-on continuellement attendre que tous les acteurs attendus à ce Forum puissent donner leur accord ? Si oui, combien de temps prendrait cela ?
Voilà, un questionnement dont les réponses se déclinent en termes d’inconnue. Et, face à toutes les incertitudes et tous les doutes actuels autour du Dialogue en RD Congo, Steve Mbikayi estime qu’il faille commencer les travaux avec ceux qui sont déjà prêts. Puisant ainsi dans son expérience de cheminot, le porte-étendard de la NCPS suggère au facilitateur du dialogue de "quitter la gare avec ceux qui sont déjà à bord du train. Mais sans prendre la grande vitesse pour permettre aux autres (retardataires) de sauter, pour ne pas rater le voyage ".

DIALOGUER SANS TROP ATTENDRE
Parlant des acteurs politiques (de l’Opposition ?) encore hésitants à ce jour, ceux-là même qui vont de préalables en préalables, Steve Mbikayi estime qu’ils n’ont pas totalement tort d’exprimer leurs craintes. "Nous pensons que le Comité préparatoire est le lieu le mieux indiqué pour parler de tous les préalables. Acteurs politiques d’un même pays, Majorité présidentielle au pouvoir et Opposition, tous devons cesser de se regarder en chiens de faïence", exhorte l’initiateur du Parti travailliste. Ce député national élu de la circonscription électorale de la Tshangu, va loin pour demander à la classe politique de se faire mutuellement confiance. " Faisons-nous confiance entre nous au lieu de faire confiance aux acteurs étrangers. Sans attendre, allons au Dialogue. Edem Kodjo, démarrer le dialogue ! Nous sommes prêts ", insiste Steve Mbikayi sous les applaudissements de ses pairs de l’Opposition pro-Dialogue.
De son expérience personnelle, le numéro 1 du Parti travailliste est convaincu qu’à force d’attendre le dernier passager à embarquer, le train du Dialogue politique inclusif en RD Congo ne quittera jamais la gare. " Ce n’est que quand le train aura effectivement démarré que les retardataires accourront pour le prendre. D’autres le suivront même en voiture à la gare suivante. Ne connaissant pas les Congolais, le machiniste Edem Kodjo attend que tous les passagers embarquent avant qu’il ne démarre. Conséquence, sept mois après, le train est bloqué ", constate avec indignation Steve Mbikayi.

NON A LA " BURUNDISATION " DE LA RD CONGO
Dans son discours du haut de la tribune du Colloque de l’Opposition pro-dialogue, Steve Mbikayi est revenu sur une rencontre des agences onusiennes et des Ong réunies dernièrement à Genève en Suisse. Le rapport issu de cette rencontre présentait la RD Congo comme le pays le plus exposé à des troubles et des tensions dans les mois à venir. Ces agences de la plus prestigieuse Organisation mondiale ainsi que les Ong ayant participé à la rencontre de Genève, auraient parlé des violences qui pourraient enflammer la RD Congo comme ce fut le cas en décembre 2015 au Burundi.
Quand bien même les réalités en RD Congo seraient différentes de celles du Burundi, Steve Mbikayi estime cependant, que le Rapport de la réunion des agences de l’Onu à Genève devrait interpeller les acteurs politiques congolais. Hélas. " La classe politique congolaise, consciente de ce danger qui se profile à l’horizon, ne s’émeut pas outre mesure. Bien pire. Certains d’entre nous souhaitent que cela arrive. D’autres travaillent à l’accomplissement de cette apocalypse. Ce, au nom du maintien ou de l’accession au pouvoir", constat amer de Steve Mbikayi qui par conséquent, invite aussi bien la Majorité présidentielle que l’Opposition politique dans toute sa diversité, à un sens élevé de patriotisme.
" Nous, dirigeants du pays réunis ici, croyons fermement qu’il est possible d’éviter la " burundisation" de la RD Congo. Ceci passe par une espèce de Forum du genre " Vérité et réconciliation ". Nous devons parler de la vérité pour pointer du doigt le responsable de l’impasse actuelle et lui demander d’avouer son tort pour être pardonné ",a encore déclaré Steve Mbikayi qui prend à partie le pouvoir en place pour n’avoir pas financé le processus électoral à temps.
Tout en chargeant le Pouvoir de Kinshasa, Steve Mbikayi reconnait aussi la part de responsabilité de certains opposants dans la crise politique actuelle en RD Congo. " S’il est vrai que le pouvoir est le premier responsable du blocage, il y a lieu de souligner que certains d’entre nous de l’Opposition ont refusé de participer à la recherche de solution pacifique par voie de Dialogue. Si certains ont longtemps trouvé le dialogue inopportun, d’autres l’ont accepté en le repoussant par plusieurs préalables ", a encore dit le leader du parti de l’’avenue de la Funa, commune de Kinshasa.

DEBLOQUER LE DIALOGUE POUR LIBERER LE PROCESSUS
Le dialogue politique et le processus électoral en RD Congo semblent être deux variables dépendantes dans le contexte actuel du pays. Et donc, de la tenue du Dialogue dépend la libération du processus électoral jusqu’ici dans l’impasse. Mais comment y parvenir ? Comment débloquer le Dialogue pour un processus électoral consensuel ? Cette question résume tout. Ou presque.
A sa manière, Steve Mbikayi, partisan du Dialogue, croit dur comme fer que la meilleure solution à la crise politique actuelle au pays consiste en la rencontre de tous les acteurs. Politiques et acteurs de la Société civile y compris. " Nous devons faire preuve d’humilité pour entendre l’autre, afin qu’ensemble, après que les fautifs auront reconnu leur tort et que la classe politique aura jeté l’éponge, que nous nous retournerons vers l’avenir. Ceci n’est possible qu’au travers d’un Dialogue ", a conclu Steve Mbikayi.
Quatre mois après le séjour du Secrétaire général de l’ONU effectué du jeudi 25 février au jeudi 3 mars 2016 en RD Congo, les lignes ne semblent pas bouger. Pourtant, Ban Ki-moon avait encouragé le Président Joseph Kabila à organiser le Dialogue politique avec tous les acteurs de la scène politique congolaise. Plusieurs mois après, l’opinion ne voit rien venir. En tout cas, jusqu’à ces jours, il n’y a rien de concret qui augure la tenue effective de ce Forum. Pourtant, la survie de la nation en dépend.
Au-delà des divergences actuelles, Ban Ki-moon avait presque " signé " l’imprimatur. Foi à son message hyper médiatisé au terme de son séjour à Kinshasa. Malheureusement ! On continue à se comporter comme si 2016 était une année ordinaire. Ce qui n’est pas le cas. Qui pis est, on continue aussi à se comporter comme s’il n’y avait aucun danger devant le pays. Pourtant, la menace est bien réelle. Si on ne trouve pas de modus vivendi, le pays pourrait plonger dans une crise politique aux conséquences incalculables. Aux yeux de plus d’un analyste, le moment est donc venu pour parer au plus pressé. Le tout donc, par un Dialogue politique franc dans un format inclusif.
Laurel KANKOLE