Malgré les tirs groupés des sénateurs : Matata reste droit dans ses bottes

Mardi 7 juin 2016 - 09:58

Comme prévu, le Premier ministre a été de nouveau hier lundi 6 juin à la chambre haute du Parlement pour répondre aux préoccupations des sénateurs relatives à la question orale avec débat de leur collègue Florentin Mokonda Bonza lui posée le jeudi 2 juin 2016.

Malgré les tirs groupés dont il a été l’objet de la part des sénateurs, Matata Ponyo est resté droit dans ses bottes. Hier au Palais du Peuple, il a choisi la méthode cartésienne pour mieux se faire comprendre. Il a ainsi regroupé les questions et préoccupations formulées par les sénateurs en 5 secteurs différents afin d’y réserver
des réponses appropriées. Il s’agit du domaine politique et sécuritaire ; domaine économique ; domaine social ; des infrastructures ; ainsi que de la gestion des ressources humaines du secteur public.

Concernant les questions et préoccupations d’ordre politique et sécuritaire, Augustin Matata Ponyo les a classées à leur tour en 4 catégories ci-après : les avancées dans la réforme des forces armées et de la police ; la politique mise en œuvre pour mettre fin à l’insécurité notamment à l’Est du pays ; les moyen mis à la
disposition de la CENI dans le cadre de l’organisation des élections ; les rapports entre le pouvoir central et les provinces.

Concernant le premier point, il a dit qu’après la définition du cadre juridique en vue de la réorganisation fonctionnelle et opérationnelle des forces armées, suivie de la mise en place des unités de couverture, l’armée s’attèle actuellement à monter en puissance avec les unités de réaction rapide et des unités de défense principale.

En plus, il a renseigné que pour doter l’armée de moyens supplémentaires humains, logistiques et financiers nécessaires pour poursuivre et parachever la mise en œuvre du plan de réforme, une loi de programmation militaire a été élaborée et est actuellement dans le processus pour sa promulgation. Quant à la police, il a laissé
entendre que les actions de réforme se poursuivent. Celles-ci visent entre autres l’amélioration des
capacités opérationnelles. La Monusco a apporté son appui dans la réhabilitation des centres d’instruction de Kapalata, Kasapa, Kasangulu, Jules Moke, Mbulamatadi et Mbakana.

La stratégie reste de neutraliser les forces négatives à implication locale et celles à implication régionale.
Réagissant aux récents massacres répétés dans l’Est, Matata Ponyo a informé que le gouvernement a lancé conjointement avec la Monusco et l’opération ASALAMA. Depuis lors, soutient-il, les différents groupes
rebelles situés dans les zones opérationnelles particulièrement les ADF essuient d’importants revers.
« S’agissant de l’insécurité à Kinshasa, celle-ci est principalement troublée par la résurgence du phénomène KULUNA. En effet, l’on se rappellera que l’opération Likofi menée avait produit des résultats palpables. Actuellement, les patrouilles dans les quartiers chauds des principales villes du pays et à Kinshasa ont été intensifiées ».

Depuis 2014 : 206 millions USD décaissées en faveur de la CENI

Abordant la question liée à l’organisation des élections en Rdc, le
Premier ministre a tenu à rassurer les sénateurs sur la dynamique
démocratique enclenchée depuis les premières élections libres et
démocratiques de 2006 qui reste irréversible.
« …Depuis 2014, le gouvernement a décaissé en faveur de la Ceni 138,71
millions de dollars américains pour le processus électoral. A fin mai
2016, le gouvernement a décaissé au profit de la Ceni 50,675 millions
de dollars américains. Ces sommes n’incluent pas le fonctionnement
mensuel et la rémunération de cette institution, soient 56 millions
USD ainsi que le paiement des dettes de 2011, soient 11,58 millions
USD. Si on ajoute ceux-là, le total des décaissements en faveur se
chiffre à 206,3 millions de dollars américains. Ce montant peut être
ventilé comme suit : 67,2% en faveur des opérations, 27,1% pour
couvrir les frais de fonctionnement et les dépenses de rémunérations,
et enfin 5,7%pour apurer les dettes de la CENI ».
Pour ce qui est des rapports entre le pouvoir central et les
provinces, après avoir rappelé les dispositions de la constitution
régissant lesdits rapports, il a annoncé la tenue de la prochaine
conférence des gouverneurs qui se déroulera du 9 au 11 juin 2016 à
Lubumbashi. Il s’agira, selon l’orateur, de combiner les 4ème et 5ème
sessions, ce sera l’occasion de consolider la cohésion nationale et
l’harmonisation des politiques locales en vue du développement du
pays.
C’était également l’occasion pour le chef du gouvernement de mettre
l’accent sur les différentes réalisations de son équipe ainsi que les
programmes en cours de réalisation. Les raisons ayant conduit à la
révision à la baisse des prévisions budgétaires de l’exercice 2016 en
cours, tout comme l’évasion fiscale relevée par certains intervenants
lors du débat en plénière, ont été fournies par l’orateur aux
sénateurs.

Mokonda se dit dans le doute et déception

Invité à clôturer sa question orale avec débat portant sur la conduite
de la politique de la nation, Florentin Mokonda Bonza n’est pas allé
par quatre chemins pour faire le rejet en bloc des arguments présentés
par le Premier ministre en guise des réponses aux questions lui
posées.
Il a stigmatisé le paradoxe entre la croissance dont le gouvernement
se prévaut et le social des Congolais, qui reste marqué par un taux
élevé de malnutrition, morbidité et mortalité. La réduction de la
pauvreté est restée un slogan vide, a-t-il souligné en qualifiant le
cadre macroéconomique de précaire et fragile.
Parlant du programme gouvernemental de construction de 1.000 écoles
par an, l’auteur de la question orale a exprimé son désaccord avec le
chiffre avancé par Augustin Matata. De même, il a émis des critiques
virulentes en ce qui concerne l’achat des 500 bus de la société
TRANSCO et des avions de la nouvelle compagnie aérienne CONGO AIRWAYS.
« Bukanga Lonzo est-il un investissement de l’Etat congolais ou
sud-africain ? » s’est exclamé Florentin Mokonda en termes de
questionnement au chef de l’Exécutif national.
La croissance devrait se traduire par l’emploi des jeunes, la
création des PME, la fiabilisation des infrastructures…bref,
soutient-il, la croissance doit être vécue de manière concrète.
Se disant non satisfait, Florentin Mokonda Bonza se propose de
transformer sa question orale en interpellation
.
DOM