Faible représentativité des femmes dans les institutions congolaises

Lundi 9 mars 2015 - 11:34

Hier dimanche 8 mars, le monde a célébré la Journée internationale de la femme. Le thème retenu cette année était : » Autonomisation des femmes – Autonomisation de l’humanité : Imaginez ! « .

A Kinshasa, plusieurs manifestations ont été organisées dans la capitale, pour commémorer cette journée contrairement à l’année passée où le ministre du Genre, Enfant et Famille de l’époque avait interdite des manifestations publiques en marge de la journée mondiale de la femme.

La Journée internationale de la femme est un jour où les femmes sont reconnues pour leurs réalisations, sans égard aux divisions, qu’elles soient nationales, ethniques, linguistiques, culturelles, économiques ou politiques. C’est une occasion de faire le point sur les luttes et les réalisations passées, et surtout, de préparer l’avenir et les opportunités qui attendent les futures générations de femmes.

Mais en RDC, les femmes ont une faible représentativité dans les institutions comme l’indique le Programme des Nations Unies pour le Développement(PNUD). D’après cette agence onusienne, les femmes députées représentent environ 8% de l’effectif de la chambre basse et 5% du sénat.

En comparant les élections de 2006 et celles de 2011, Pnud note un accroissement de 1% seulement de présence des femmes observé au parlement congolais. Autre constat, dans le gouvernement dit de cohésion nationale, l’équipe Matata II connait que 7 femmes dont 4 vices ministres sur 47 membres. Dans Matata II, les femmes sont comptées au bout du doigt. Pas une femme parmi les trois vices premiers ministres.

Du 3 au 4 mars courant, le centre de Recherche et de Documentation sur les femmes, le Genre et la Construction de la Paix dans la région des Grands Lacs (CEERED GL) a organisé un forum sur le leadership politique de la femme en RDC.

Ce forum était organisé dans le but de comprendre les causes de la sous représentativité des femmes dans les instances politiques et favoriser leur participation dans les institutions de prise de décision, en prélude des prochaines élections en RDC.

Sur la liste de Vice-ministres, on note la présence de Mme Martine Bukasa Ntumba, vice ministre de l’Intérieur, Mme Maguy Rwakabuba Vice-ministre de l’Energie, Mme Lisette Bisangana Ngalamulume, Vice-ministre du Plan et Mme Ernestine Nyoka, Vice-ministre du Budget. Effectivement, les femmes sont moins représentées dans l’équipe Matata II alors que le chef de l’Etat promet plusieurs fois de tenir compte de représentativité de la femme dans les institutions du pays.

Il y a lieu de rappeler que le Sénat congolais avait adopté le mercredi 7 novembre 2012 la loi fixant à 30% le quota minimum de représentation des femmes dans les institutions en RDC.

Cette loi organique, qui fixe les modalités d’application d’un prescrit de la constitution, contient aussi des sanctions devant garantir son application, notamment une annulation des nominations en cas de non respect de ce quota.

Mêmes réalités dans le monde de médias et dans les entreprises publiques

La sous représentativité de la femme dans les instances de prise de décision est une réalité vivante en RDC presque dans tous les domaines. Dans la presse, la situation est toujours la même, pas des femmes chefs d’entreprises de presse. Idem dans les entreprises où les femmes chef d’entreprises sont comptées au bout du doigt. Carole Agito à la Sonas et Nicole Dibambu à la RTNC, Agnès Mwad à l’Inss….

Selon le PNUD, la sous représentativité de la femme dans les instances de prise de décision s’expliquerait tantôt par les coutumes qui placent les femmes dans une position d’infériorité et de soumission par rapport aux hommes.

Il y a aussi le problème de manque de confiance entre femmes en elles mêmes et envers les autres femmes, la pauvreté, le faible niveau de scolarisation.

Ce Forum organisé par le CEERED GL visait donc à mieux comprendre la sous-représentassions des femmes dans les instances politiques et de décision ; démontrer que la discrimination de la femme dans la participation aux instances de prise de décision est une violation des droits des femmes et de la Constitution congolaise, de même qu’elle est un facteur de blocage dans les efforts de développement du pays. En effet, la RDC ne peut se développer en excluant de la gestion, les femmes démographiquement majoritaires et qui ont un rôle crucial à jouer dans le développement du pays.

Kinshasa doit s’informer des expériences d’autres pays africains par rapport aux défis et aux stratégies utilisées, pour permettre un plus grand accès des femmes au pouvoir et aux autres instances de décision ; et proposer des actions pour que les femmes puissent bâtir un leadership fort, en synergie avec la population.

La violence à l’égard des femmes est un fléau qui touche tous les pays et tous les milieux sociaux, selon la Fédération Internationale des Ligues des droits de l’homme(FIDH). La FIDH illustre cet abominable constat par une carte interactive qui présente des témoignages inspirés de faits réels, de femmes du monde entier mortes à cause de la violence des hommes. La carte présente également des actions entreprises par la FIDH pour impulser des réformes et mettre un terme à ce désastre.

Eloges de Martin Kobler et Françoise Ngendahayo à la femme congolaise

« Sans la participation des femmes il n’y aura pas de paix ; sans les femmes il n’y aura pas de développement ! C’est pour cela que je salue et que je félicite toutes les Congolaises qui s’engagent au quotidien pour bâtir l’avenir de la RDC. Mesdames, vous ne faites pas que mettre au monde : vous bâtissez le monde, vous êtes le monde.

La MONUSCO, et les Nations Unies dans leur ensemble, soutiennent avec détermination les initiatives des femmes pour un développement équitable de la RDC », a soutenu Martin Kobler, chef de la Monusco dans un communiqué. En RDC, la présence de plusieurs dizaines de groupes armés menace chaque jour la paix, mais aussi la liberté et la sécurité des femmes, note l’Onu.

Pour les Nations Unies, le renforcement des capacités des femmes et des filles sont triplement nécessaire, pour le développement durable, pour la réconciliation et pour la paix. « Nous soutenons les efforts du gouvernement dans sa politique de renforcement des capacités des femmes pour accélérer le processus vers l’instauration de l’égalité des sexes, et atteindre un monde plus équitable et plus juste « , a affirmé Françoise Ngendahayo chef de l’Onu Femmes en RDC.

Par Godé Kalonji Muk