Moïse Katumbi engage le Katanga dans la voie du découpage !

Mercredi 11 mars 2015 - 14:32

Lundi 2 mars, lorsque le président de la République, Joseph Kabila, a publié la loi qui entérine le découpage territorial des six des onze provinces actuelles, les voix s’élevaient simultanément pour dénoncer à priori entre autres inquiétudes, le respect du cycle électoral.
Avec le découpage, serait-on capable d’organiser des élections locales et municipales ? Et, après, organiser les provinciales dans les 26 provinces, les sénatoriales, les législatives et les présidentielles ? Cette question lancinante cachait pourtant d’autres préoccupations que nous considérons plutôt comme politiques. Le découpage, a-t-on entendu dire, pourrait pénaliser les parties pauvres, c’est-à-dire, moins nanties en matières premières. Qui plus est, le découpage favoriserait, disait-on, l’effritement des pouvoirs des gouverneurs des provinces géantes comme le Katanga.

Au Katanga, beaucoup d’autres discours contre le découpage circulaient de bouche à oreille, sinon à travers les grands canaux officiels de l’information. Parmi les pourfendeurs de cette mesure, figurait, en bonne position, le président de l’Assemblée provinciale du Katanga, Kyungu wa Kumwanza, qui, pour le besoin de la cause se proposait d’initier une pétition susceptible de lui apporter 5 millions des signatures. Un nombre suffisant pour éloigner de la province le sceptre du découpage territorial dans” sa province “. A-t-il reçu de l’appui? Bien évidemment ! Les notabilités du Katanga, sinon toutes du moins une grande majorité s’est alignée sur cette logique. Ainsi, la population était bien préparée non seulement à signer la fameuse pétition, mais aussi et surtout à appuyer le front du refus du découpage de la province, du Katanga. Il suffit de se rappeler le débat houleux qui a précédé la recevabilité et l’adoption de la loi au parlement.

Le suspense a pris le temps qu‘il a pris. Et, tout récemment ici, plus précisément le 8 mars dernier, à l’occasion des festivités de la Journée internationale de la Femme, le gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi, a surpris plus d’un. Il a, dans son allocution, déclaré qu’il prenait congé de la province du Katanga qu’il ne gouvernerait plus après les élections qui vont désigner les futurs animateurs des quatre nouvelles provinces issues de l’ancienne province du Katanga. Il a bien plus, ajouté à son assistance de bien accueillir les nouveaux venus. Les nouveaux dirigeants qui seront issus des prochaines élections, mais aussi les nouvelles provinces seront les bienvenues. C’était en fait la fin d’une période et le début d’une nouvelle. D’aucuns ont vu par là la fin de la gesticulation qui a caractérisé le Katanga depuis un certain moment vis-à-vis de la loi sur le découpage territorial en RDC. Et, sortant de la bouche d’un charismatique Moïse Katumbi dont la population attendait un mot, cette parole valait son pesant d’or. Le Katanga a finalement accepté le découpage qui devient, ipso facto, irréversible pour la province. Soulignons que le Katanga cédera sa place à quatre nouvelles provinces Lomami, Tanganyika, lé Haut-Katanga et le Lualaba. De toutes façons, selon les informations en notre possession, ce découpage ne se fera pas automatiquement, comme dans toutes les autres provinces qui vont subir le découpage. Le pouvoir central enverra des commissions mixtes pour étudier les conditions de ce découpage. Ces commissions mixtes seront appelées à établir les actifs et les passifs de ces provinces avant de procéder à l’acquisition du matériel, à la réhabilitation ou à la construction des infrastructures nécessaires. Les nouvelles provinces n’entreront en activité qu’après la présentation des rapports par ces commissions mixtes.

Bien plus, la loi organique fixant les limites des provinces et celles de la ville de Kinshasa devra être promulguée préalablement.
Tout compte fait, le découpage est une nouvelle expérience que les Congolais doivent intérioriser. L’expérience de la province du Bas-Congo, qui a souvent été citée parmi les provinces les mieux gérées était jusque-là la province la plus petite. D’ailleurs, elle n’est pas concernée par actuel découpage. De l’autre côté, les provinces démembrées de l’ancienne Kivu sont porteuses des leçons pour l’ensemble de la République. Malgré la guerre, la province du Nord-Kivu a connu un essor qui était impensable quand elle faisait partie du Grand Kivu. Tout laisse croire que le découpage pourrait, à coup sûr, entraîner les nouvelles provinces vers leur développement.

Par LP